Les partisans du chef d’état turc, Recep Tayyip Erdogan, demandent l’arrestation d’officiers américains en fonctions en Turquie.
Les relations entre les États-Unis et la Turquie traversent une zone orageuse. L’Association pour la justice sociale [Toplumsal Adalet ve Yardımlaşma Derneği en turc, ou TAY-DER], qui réunit des avocats et des juristes proches de Recep Tayyip Erdoğan, le président turc, a déposé une plainte auprès du bureau du procureur général d’Adana pour demander l’arrestation de plusieurs officiers américains, dont certains sont encore affectés à la base aérienne d’Incirlik.
Le contentieux kurde
Ce n’est pas le seul contentieux désormais entre les Etats Unis et la Turquie. Le soutien américain aux milices kurdes syriennes dans le cadre des opérations menées contre l’État islamique [EI ou Daesh] au Levant était déjà un motif de fâcherie entre Ankara et Washington. Mais il n’est pas le seul.
Le rapprochement – spectaculaire – de la Turquie, membre de l’Otan, avec la Russie s’est traduit par une commande turque de quatre systèmes de défense aérienne russes S-400 « Triumph », ce qui a conduit le Congrès américain à voter une disposition interdisant au Pentagone de livrer les F-35A destinés à la force aérienne turque tant qu’Ankara n’aura pas fait machine arrière sur le contrat passé avec Moscou.
Un autre dossier brûlant est celui du pasteur Andrew Brunson. Installé en Turquie depuis plus de 20 ans, ce citoyen américain a été arrêté en octobre 2016 pour « terrorisme » et « espionnage ». La justice turque lui reproche d’avoir eu des liens non seulement avec le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’être à l’origine du coup d’État manqué du 15 juillet précédent, mais aussi avec le PKK, l’organisation sépartiste kurde.
Les autorités américaines ont alors tenté d’obtenir la libération d’Andrew Brunson. Sans succès jusqu’à présent, leurs homologues turques mettant dans la balance l’extradition de Fethullah Gülen, réfugié aux États-Unis. La seule concession accordée à Washington a été le placement en résidence surveillée du pasteur.
Aussi, face à cette situation, l’administration américaine a décidé des sanctions, comme elle l’avait annoncé, contre les ministres turcs de l’Intérieur et de la Justice, c’est à dire contre Süleyman Soylu et Abdülhamit Gül. En retour, Ankara a pris des mesures similaires à l’encontre des homologues américains des deux responsables turcs.
Depuis, diplomates américains et turcs ont multiplié les contacts pour tenter de trouver une issue à cette crise. À Ankara, la presse a évoqué l’existence d’un « accord préliminaire » censé apaiser les tensions qui, pour le moment, ont fait dégringoler la valeur de la livre turque par rapport au dollar. Ce que le département d’État a démenti.