Le symbole est très fort. Le Premier vice-président de la République islamique d’Iran, Eshaq Jahangiri, visite Alger au moment où le régime algérien décide de boycotter officiellement la coalition arabe qui va combattre Daech, l’Etat Islamique, sous la férule de l’Arabie Saoudite. Une coalition dont les intentions sont officiellement désapprouvées par Alger qui refuse de se placer sous les ordres de Riyad. La rébellion d’Alger a fourni une magnifique opportunité à Téhéran qui cherche à se replacer en Afrique Du Nord pour rivaliser avec son traditionnel ennemi : l’Arabie Saoudite.
Les désaccords de ce pays avec la diplomatie algérienne sont si nombreux que la décision de renouer une alliance avec Téhéran s’est imposée d’elle-même dans les esprits des conseillers d’Abdelaziz Bouteflika.
Téhéran en force
Financement des fractions djihadistes syriennes, intervention armée au Yémen, gestion de l’OPEP indéfectible soutien au Makhzen Marocain dans le dossier du Sahara Occidental, discrimination à l’égard des pèlerins algériens, les différends ne manquent pas entre Alger et Riyad. Les tensions sont très vives ces derniers mois.
Pour contrebalancer l’influence du lobby saoudien dans la région, Alger s’est donc tournée vers Téhéran avec laquelle partage de nombreuses visions notamment autour du conflit syrien et la régulation des prix du pétrole. Pour Alger et Téhéran, la seule réponse contre l’hégémonie saoudienne est… économique. En marge de la visite très stratégique de Jahangiri, la Haute commission mixte algéro-irannienne a été réactivée.
Plusieurs projets ont été conclus entre les deux pays qui veulent s’entraider pour ne pas sombrer économiquement face aux pressions exercées par l’Arabie Saoudite et ses alliés. Et pour ce faire, plusieurs programmes exécutifs de coopération ont été officiellement signés au niveau des ministères des deux pays, concernent les domaines de la Jeunesse et des Sports pour l’exercice 2016-2017, la Formation et de l’Enseignement professionnels pour la période 2016-2017, la Culture pour la période 2016-2018, les Travaux publics, ainsi que celui de l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique pour la période 2016-2018.
« gagnant-gagnant »
En plus de ces accords « historiques » entre ces deux adversaires de l’Arabie Saoudite, l’Algérie s’apprête à « importer » l’expertise iranienne pour développer tout son potentiel industriel notamment dans le secteur de l’industrie du montage des véhicules où les opérateurs iraniens jouissent d’une véritable expérience. Des sources diplomatiques nous confirmés également que l’Algérie demandera à l’Iran une coopération militaire pour améliorer ses équipements et les performances de son industrie militaire. Les ambitions sont grandes et les horizons prometteurs.
L’intérêt stratégique de ce nouveau rapprochement entre l’Algérie et l’Iran engage la survie de ces deux pays confrontés à des alliances internationales qui les encerclent géo-politiquement. A Alger, on a bien compris que l’expérience iranienne est riche en enseignements. Et L’Iran a bien compris qu’Alger est une véritable échappatoire pour se libérer contre l’étau saoudien dans le monde arabe.