Entre Rabat et Washington, le torchon brûle

Alliés traditionnels, le Maroc et les Etats-Unis sont aujourd'hui en froid. Deux dossiers épineux, le Sahara occidental et les droits de l’homme, sont au coeur des tensions.

Sale temps pour le relations Maroc-Etats Unis. Le dernier rapport du département d’Etat sur les Droits de l’homme au royaume chérifien a été qualifié mardi 16 mai de « scandaleux » par le ministère de l’Intérieur marocain. Un langage virulent peu habituel dans la bouche des Marocains quand il s’agit d’évoquer les rapports du département d’Etat. Pire, le communiqué du ministère de l’Intérieur évoque un « mensonge caractérisé ». Une escalade de tensions spectaculaire dans les relations maroco-américaines qui traversent, depuis quelques années déjà, une zone de turbulence.

Virage anti-américain

Il faut dire que Rabat n’a jamais été très à l’aise avec l’administration de Barak Obama. La distance qu’a adoptée le président américain avec les affaires du Maghreb et l’attitude franchement hostile au royaume chérifien affichée par le département d’Etat lors du deuxième mandat du président américain, n’ont rien arrangé. Si, sur le dossier de la lutte contre le terrorisme, Washington et Rabat sont en parfait accord, en revanche le Sahara occidental et les droits de l’homme constituent une pomme de discorde à l’origine de plusieurs brouilles.

Le 24 avril dernier, le roi Mohammed VI débarque à Riyad 24 heures avant l’arrivée de Barak Obama. Lors d’un sommet Maroc-Pays du Golfe improvisé à la dernière minute, le souverain chérifien très remonté tance vertement les Etats-Unis sous l’œil approbateur du roi Salmane Ibn Abdelaziz, lui-même en froid avec son historique allié américain.

Coup de bluff ? 

Dans la foulée, le monarque s’envole vers la Chine pour signer un partenariat stratégique. Pékin est la troisième capitale d’un pays détenant le droit de véto au Conseil de sécurité qu’il visite en deux mois après Paris et Moscou. Rabat a fait prendre un virage imprévisible et résolument anti-américain à sa diplomatie. S’agit-il d’un nouveau repositionnement géostratégique où juste d’un coup de bluff diplomatique ?

D’après des observateurs qui suivent les relations maroco-amércaine depuis des dizaines d’années, le royaume chérifien profite de cette ambiance de fin de règne qui plane sur la capitale américaine pour montrer les crocs. Les autorités du Palais savent que la période Obama est révolue et que de meilleurs lendemains se profilent à l’horizon, que se soit avec l’avenante Hilary Clinton, vieille et fidèle amie du Maroc ou avec le républicain Donald Trump. De précieux atouts qui permettent aujourd’hui à Rabat de bomber le torse sans encombres.