Entre les occidentaux et Poutine, le coeur des Centrafricains balance

La volonté du président centrafricain Touadera de dialoguer malgré tout avec l’Occident est perçue comme déloyale en Russie.

Mi-décembre 2022, le Président Touadéra qui participait au sommet États-Unis-Afrique à Washington s’était vu remettre par les services de la secrétaire d’État adjoinai aux affaires africaines un mémorandum lui demandant le départ de Wagner de RCA en échange d’une coopération accrue avec Washington. Plus récemment, le président centraricain Touadéra a pris part au « one forest summit » qui s’est déroulé début mars à Libreville au Gabon au cours duquel il s’est discrètement entretenu à sa demande avec le Président français, pour tenter de réchauffer les relations avec la France.

Les Américains, mauvais joueurs

Les autorités russes qui pensent avoir colonisé la Centrafrique ont peu goûté ces initiatives occidentales et le souci du président centrafricain pour détendre ses relations avec les Etats-Unis et la France. Dans une interview spéciale accordée à l’agence de presse TASS, le représentant spécial du Président la fédération de Russie en charge du Moyen-Orient et de l’Afrique Mikhaïl Bogdanov a dénoncé les tentatives de l’Occident de perturber le sommet Russie-Afrique prévu en juillet 2023. Washington aurait, selon Moscou, un comportement « antisportif » de Washington sur le continent africain.

En marge de la cinquième conférence des Nations Unies sur les pays les pays les moins avancés le 5 mars à Doha, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Verchinine a demandé au Président Touadéra de se positionner clairement contre les récentes initiatives de l’Occident vis-à-vis de la RCA.

L’Occident, l’ennemi désigné

C’est dans ce contexte que le président centrafricain Touadéra a violemment dénoncé dans son discours de Doha « l’instabilité politique entretenue par certains pays occidentaux ou leurs compagnies qui financent des groupes armés terroristes… » Au même moment, se tenait une manifestation organisée par des groupuscules pro-pouvoir en soutien à la Russie au cours de laquelle les manifestants dénonçaient le « plan machiavélique des Occidentaux » contre la Centrafrique ou le respect de la souveraineté de la République Centrafricaine…

Touadéra a par ailleurs appelé au cours de son discours à Doha à la levée de la suspension de l’aide des bailleurs de fonds (Union Européenne, FMI, Banque mondiale) au moment où les caisses du Trésor public centrafricain sont exsangues. Dans un contexte de crise sociale et économique marqué par des grèves, une hausse des prix et de la pauvreté, l’exécutif centrafricain, qui n’est pas accompagné sur le plan financier par ses partenaires russes, se retrouve aujourd’hui dans une impasse pour assurer le bon fonctionnement de l’administration