Une vingtaine de pays et d’organisations ont tenu jeudi et à l’initiative de la France une visioconférence pour empêcher l’effondrement de l’armée libanaise, qui manque de tout: produits alimentaires, médicaments, pièces de rechange
La France continue de respecter, contre vents et marées, son engagement ferme à aider le Liban à sortir de la profonde crise socio-économique et politique dans laquelle il se débat depuis près de deux ans. Dans la journée de jeudi, 17 juin, et à l’initiative du président Emmanuel Macron, Paris a organisé une conférence internationale, par visioconférence, en vue d’accorder et de coordonner une aide d’urgence à l’armée libanaise (1).
La tenue de cette conférence avait été décidée lors de la visite que le commandant en chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, avait effectuée en mai dernier à Paris où il avait été notamment reçu à l’Elysée par le président Macron. C’était la première fois qu’un commandant de l’armée libanaise était reçu en grandes pompes à l’Elysée, signe de la détermination de la France à accorder une aide substantielle à l’armée, perçue comme l’institution garante de la stabilité du Liban, lorsque la crise se sera résorbée.
Lors des entretiens du général Joseph Aoun à Paris, les dirigeants français avaient souligné clairement que l’aide en question serait accordée directement à l’armée, sans passer par les voies officielles et diplomatiques traditionnelles. Cette démarche reflète sans détours la nouvelle approche française concernant la crise libanaise, Paris ayant perdu toute confiance dans les dirigeants libanais et ceux qui détiennent réellement les rênes du pouvoir, accusés de faire obstruction de manière totalement irresponsable à la formation d’un nouveau gouvernement, appelé à mettre en chantier des réformes structurelles afin de paver la voie à l’octroi d’une aide économique et financière au Liban
Un effondrement de 90% des salaires
La France a bien souligné sur ce plan, en marge de la visioconférence de jeudi, que le soutien aux forces régulières ne se substitue nullement aux réformes requises par la communauté internationale. L’aide décidée jeudi se limite, en tout état de cause, à un apport matériel portant uniquement sur l’octroi de denrées alimentaires, de produits pharmaceutiques et de pièces de rechanges pour les véhicules militaires. Ces aides seront fournies directement au commandement de l’armée sans passer par les voies officielles.
Un tel soutien est vital pour le maintien de la cohésion des forces légales du fait que les salaires des militaires ont diminué de près de 90 pour cent en un an sous le poids de la crise socio-économique et financière qui ébranle le Liban. Prenant la parole au cours de la visioconférence, le général Joseph Aoun a d’ailleurs mis en garde contre « un effondrement » de l’armée libanaise et contre les dangers qui pèsent sur sa cohésion si aucune aide d’urgence ne lui est accordée.
Soulignant que « l’armée garantit la sécurité et la stabilité du Liban et de la région», le général Aoun a affirmé que toute atteinte à la troupe « mènera à l’effondrement du Liban ». Les différents intervenants occidentaux qui ont pris la parole jeudi ont mis l’accent sur la gravité de la situation, soulignant la nécessité de soutenir les forces légales libanaises afin de garantir la stabilité du pays dans le futur.
L’ensemble de ce dossier sera au centre des entretiens que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, aura ce week-end à Beyrouth avec les dirigeants libanais à qui il transmettra « des messages-clés » concernant la nécessité de hâter la formation d’un nouveau gouvernement et de mettre en place les réformes structurelles, selon une source de l’UE.
(1) Plus d’une vingtaine de pays et d’organisations internationales et régionales ont participé à cette conférence, dont notamment les Nations-Unies et l’Union européenne, les membres permanents du Conseil de Sécurité ainsi que l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, les Pays Bas, la Turquie, les Emirats arabe unis, le Qatar, Bahreïn, la Jordanie, le Koweït et l’Egypte.