Les prix du pétrole ont chuté sur le marché mondial vendredi après que le Wall Street Journal ait fait état de tensions entre les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Un article de Caroline Bright
Selon le journal économique américain, les deux alliés du Golfe se seraient violemment disputés sur le plafonnement de la production globale de pétrole. Face au refus de l’Arabie saoudite d’autoriser les Emirats à extraire plus de pétrole, ces derniers auraient menacé de quitter l’OPEP.
Vendredi, le prix du pétrole brut Brent a chuté de plus de 84 dollars le baril à moins de 83 dollars le baril avant de rebondir à 85,75 $ le baril une fois que les Emirats ont démenti leur volonté de quitter l’OPEP.
Les Émirats opposés à l’OPEP
Les tensions au sein du cartel pétrolier sont nées en octobre 2022 quand l’OPEP+ – un groupe de 13 pays qui comprend l’OPEP et 10 autres pays, dont la Russie – a décidé de réduire la production de pétrole pour soutenir les prix du brut. En public, les Émirats arabes unis se sont montrés solidaires de la réduction de la production. Mais selon des confidences d’officiels américains, les Emirats étaient opposés à une décision qui bride leurs revenus.
Le conflit entre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis n’est pas aussi grave que le différend entre le Qatar et ses voisins. Les Saoudiens et les Emiratis continuent de participer à des exercices militaires conjoints, mais l’âge d’or de leur alignement est révolu, selon des analystes.
Outre ces tensions financières entre pays producteurs de pétrole, les Emirats et l’Arabie Saoudite semblent également diverger sur la guerre menée contre les rebelles Houthis au Yemen.
Le Yémen, la pierre d’achoppement
Le Yemen est aujourd’hui un pays fracturé en raison de la sécession des rebelles Houthis soutenus par l’Iran. Ces derniers contrôlent le nord et le gouvernement internationalement reconnu soutenu militairement par l’Arabie Saoudite contrôle une grande partie du sud. Les Émirats arabes unis contribuaient aux côtés des saoudiens à la lutte contre la sécession Houthie. Mais en 2019, les EAU ont retiré leurs forces terrestres du Yémen.
Aujourd’hui, les deux alliés d’hier semblent ne plus se concerter à propos du Yemen. L’Arabie saoudite mène des pourparlers directs avec les rebelles Houthis sur la fin de la guerre, sans la présence de représentants émiratis. Les Émirats arabes unis veulent maintenir une position stratégique sur la côte sud du Yemen et ont signé un accord de sécurité avec le gouvernement yéménite qui semble irriter leur voisin saoudien. Contre l’avis des Saoudiens, les EAU cherchent à construire une base militaire et une piste sur une île du détroit de Bab al-Mandeb à l’extrémité sud de la mer Rouge. Ryadh considère que ces projets ne l’aident en rien à sécuriser sa frontière avec le Yémen ni à lutter contre les drones meurtriers d’origine iranienne qui assaillent ses champs de pétrole.
Les Saoudiens ont déployé des forces de la coalition militaire arabe dans des zones proches des opérations émiraties, ce que les responsables émiratis ont considéré comme une tactique d’intimidation.
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