Depuis la fin juillet de l’année passé, les relations entre la France et l’Algérie sont rentrées dans une phase de turbulence. La nomination du gouvernement Bayrou le 23 décembre 2024 a aggravé la crise à travers le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau. La patron de la Place Beauvau transforme la confrontation avec l’Algérie en un combat personnel. Il promet une riposte graduée face à l’échec de régler l’épineux problème des OQTF, en s’attaquant aux privilèges de la nomenklatura pour leur entrée sur le territoire national sans visa, en attendant d’utiliser d’autres leviers.
Si le ministre de l’intérieur inscrit sa démarche dans un registre idéologique de droite dure afin de satisfaire son électorat en vue de positionner à l’élection du président au sein de son parti LR le 17 Mai prochain, un tremplin assuré à l’élection présidentielle de 2027, la crise avec l’Algérie lui a offert une inestimable opportunité. Trois mois durant, il a occupé l’espace médiatique s’empiétant sciemment sur les prorogatives du chef du Quai d’Orsay. Sa participation à la campagne médiatique pour la libération de l’écrivain Boualem Sansal s’est avérée contre productive.
Entre temps, la cellule de crise à l’Élysée opte pour une diplomatie de coulisses loin des caméras et des micros des journalistes. La visite furtive à Alger du patron de la DGSE Nicolas LERNER, le 13 Janvier de cette année, n’a pas apaisé les tensions d’une crise multidimensionnelle (politique, juridique, économique, sécuritaire, mémorielle). Alger maintient le cap dans sa résilience aux pressions en gelant le dossier de coopération sécuritaire au Sahel approuvée lors de la visite à Alger du président Macron en Août 2022. Un coup fatal pour la France qui déserté la bande Sahelo-sahélienne marquée par la présence militaire de l’Africa Corps Russe et des instructeurs Turcs.
Paris voit également la signature à Alger le 22 Janvier 2025, du memorandum sur un protocole d’accord de coopération militaire avec l’Africom dans le domaine de défense et sécurité, dont une partie touche l’échange du renseignement, comme une véritable menace, à moyen terme, pour ses intérêts au Maghreb.
Les échanges discrets entre les deux présidences n’ont jamais cessé, en dépit de la non présence d’un ambassadeur algérien à Paris. La condamnation de l’écrivain Boualem Sensal à 5 ans de prison et une légère amande ouvre la voie à une grâce justifiée après la clôture du dossier judiciaire. Reste à connaître ce que Alger aurait en retour, Certains dossier ont été évoqué, notamment de celui de Abdesllam Bouchouareb ancien ministre de l’industrie de 2014 à 2019 maintes fois condamné en Algérie pour corruption dont Alger a introduit six demandes d’extradition aux autorité françaises dont aucune n’a été acceptée. La dernière demande remonte au 19 mars dernier. Le Maire de Cannes, David Lisnard du même parti « les républicains » de Bruno Retailliau se prononce en faveur de l’extradition.
Les relations franco algériennes bousculent les frontières politiques françaises