Lundi 30 janvier, les chefs de l’Etat se retirent en huis clos après le déjeuner. Deux points sont à l’ordre du jour et non des moindres. L’élection du nouveau président de la Commission de l’Union Africaine qui doit succéder à la sud-africaine Dilamini Zuma. Une affaire expédiée au bout de 7 tours en faveur du candidat tchadien Moussa Faqi Mahamat.
L’autre point qui était à l’ordre du jour concernait la question du retour du Maroc au sein de l’Union Africaine. Lors du sommet de Kigali en juin dernier, la présidente de la commission a procédé à une consultation auprès des Etats membres de l’Union suite à la demande d’adhésion faite par Rabat. A Addis-Abeba, il est donc question d’examiner les réponses et d’acter le retour du royaume chérifien. C’est Dilamini Zuma qui prend la parole en premier. Elle fait Etat de 52 réponses. 39 pays africains ont accepté la réintégration du Maroc dans le giron de l’organisation africaine. 13 autres pays ont des questions concernant l’épineux sujet du respect des frontières héritées de la colonisation. « Le Maroc a deux positions par rapport à cette question », fulmine Brahim Ghali, président de la République Arabe Sahraouie Démocratique. « Une pour la consommation internationale en ratifiant l’Acte constitutif de l’UA et une autre pour l’opinion publique marocaine demandant le recouvrement de l’intégrité territoriale du royaume », ajoute Brahim Ghali. Le président du Mozambique abonde dans son sens soutenu par les présidents de la Namibie, les représentants de l’Angola et du Lesotho. Les pays d’Afrique Australe ont demandé un avis juridique sur cette question, ce qui pourrait retarder le retour du Maroc et signifier une défaite diplomatique pour Rabat.
Mais, c’était sans compter sur les amis de Mohammed VI en Afrique. C’est le président rwandais Paul Kagame qui riposte le premier. Il déclare que l’Acte constitutif est clair et que la procédure d’adhésion est évidente. « Il n’y a pas de conditions à apposer aux pays africains qui veulent rejoindre l’UA », insiste Paul Kagame. Puis, c’est le premier ministre éthiopien Haile Mariam Dessalegn, nouvel ami du royaume, qui s’attelle à défendre l’adhésion de Rabat. Il est imité par les présidents sénégalais, comorien, gabonais, égyptien et tchadien et le chef du gouvernement ivoirien. Voyant les choses tourner en faveur du Maroc, les sud-africains musclent leurs discours. Ils jouent la montre, voulant arriver à un blocage qui renverrait la candidature du Maroc à une autre fois.
Finalement, c’est le nouveau président l’UA, le guinéen Alpha Condé qui déjoue la manœuvre de Pretoria. En tant que président, il demande le respect total de la procédure d’adhésion quitte à ce que les pays membres passent au vote. La messe est dite, puisque le Maroc dispose de l’appui de 39 pays qui constituent une majorité en faveur de la requête de Rabat. Le bloc des soutiens de la RASD qui s’est réduit au fil du débat à 10 pays préfère faire contre mauvaise fortune bonne cœur. L’Adhésion du royaume chérifien est actée par consensus. Une décision qui fait dire à Mohamed Yeslem Beissat, ministre de la RASD en charge de la Wilaya de Laâyoune que le Maroc est un pays frère qui siègera désormais aux côtés de la république sahraouie. Un rétropédalage qui n’augure rien de bon pour la diplomatique sahraouie cornaquée par l’Algérie.