Le vieux slogan de Paris Match, « le poids des mots, le choc des photos », n’a jamais trouvé illustration plus magistrale et plus brutale. Donald Trump, assis derrière le bureau ovale, entouré de cinq chefs d’État africains debout, la casquette MAGA au premier plan…
La scène a fait irruption sur les réseaux sociaux, déclenchant en un éclair un tsunami de réactions. Colère, dépit, vertige, effondrement, stupeur : les réactions sont à la hauteur de la violence de l’image. Si Donald Trump en prend pour son grade, les présidents africains qui ont accepté de se livrer à cet exercice d’humiliation publique ne sont pas épargnés.
Un rapport de force d’un autre âge
Ces commentaires virulents sont légitimes car ce face-à-face inédit entre Donald Trump et cinq chefs d’État africains constitue non seulement une rupture diplomatique, mais expose aussi crûment une asymétrie de pouvoir d’un autre temps. Là où le protocole bilatéral suggère l’égalité, ce format collectif impose hiérarchie et soumission. Ce choix de mise en scène, loin d’être anodin, rappelle combien certains héritages de l’histoire continuent de peser sur la représentation des relations internationales et hantent encore les relations Nord-Sud.
C’est peu de dire que les présidents africains ne sont pas sortis grandis de cette séquence. Qu’est-ce qui a pris au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye de proposer à Trump la construction d’un club de golf à Dakar ? Quant au Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, pourquoi s’est-il lancé dans un plaidoyer pour vanter toutes les richesses que son pays aurait à offrir à la grande Amérique ? Face à un Trump désinvolte, les dirigeants africains ont semblé prisonniers d’un jeu de rôles, incapables de renverser la dynamique et d’imposer un minimum de dignité diplomatique.
L’arrogance de l’inculture
Donald Trump a bien tort de sembler ravi de cette séquence. Son inculture et son impréparation ont éclaté au grand jour. Incapable de se concentrer plus de trente secondes sur les échanges, il a expédié la discussion en demandant à chaque président africain de simplement dire qui il était et de quel pays il venait, signe flagrant de son manque de préparation et d’intérêt pour ses interlocuteurs.
Sa question au président du Libéria – « Où avez-vous appris l’anglais ? » – a sidéré l’assistance, révélant une ignorance profonde de l’histoire africaine : le Libéria, fondé par les Américains pour y reloger les esclaves affranchis, a bien évidemment l’anglais pour langue officielle. Ce type de bévue laisse des traces indélébiles.
Personne ne sort gagnant de cette rencontre. Une image, parfois, vaut mille regrets.
Le premier sommet « Afrique » de Donald Trump
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