Seul ministre d’État en Centrafrique, alors qu’il n’est pas membre du gouvernement, Firmin Ngrebada est, avec le Premier ministre Simplice Sarandji, un vieux compagnon de route du président centrafricain, Faustin-Archange Touadera. Le seul sur lequel ce dernier peut probablement compter en toutes circonstances.
Sant’Egidio, un leurre
Ce messager extraordinaire auprès du président béninois. préfigure certes une visite officielle du président centrafricain. Elle pourrait aussi être une étape essentielle pour la réconciliation nationale en Centrafrique.
Ce n’est pas Charles Doubane, le ministre centrafricain des Affaires étrangères qui est chargé de préparer cette visite. Le ministre Doubane ne bénéficie pas d’une grande confiance du président Touadera. Il a été missionné pour « gérer » la tentative de médiation de Sant’Egidio et les relations avec les occidentaux.
Cette initiative de réconciliation nationale, venant de Rome et d’une structure proche du Vatican, est encouragée par l’ONU. mais n’a pas les faveurs des Centrafricains. Le président centrafricain et son ministre d’Etat semblent jouer le jeu de cette médiation non africaine, mais n’y croient guère. L’initiative de Sant’Egidio n’est probablement qu’un simple leurre.
L’Union Africaine, ultime espoir
La réconciliation nationale ne peut venir que d’Afrique avec des Africains et avec des méthodes africaines. La feuille de route de l’Union africaine est peut être la meilleure stratégie de sortie de la crise centrafricaine.
Firmin Ngrebada a surtout rencontré le ministre beninois des Affaires étrangères, Aurélien Agbenonci, qui a été le représentant du SGONU, coordonnateur des agences onusiennes et représentant du PNUD, notamment au Mali, au Rwanda et surtout en Centrafrique de 2014 à 2016. Ce fin diplomate, specialiste des conflits en Afrique connaît bien la situation centrafricaine et le personnel politique.
Cotonou, passage obligé
La visite du président Touadera pourrait être mise à profit pour enclencher une médiation beninoise, d’autant que l’ancien président Djotodia Am-Ndroko y réside et a fait récemment des offres de service. François Bozizé est aussi un habitué de Cotonou, où il a passé plusieurs années de sa vie d’exilé. Il s’y est notamment converti à l’église du « Christianisme céleste, nouvelle Jerusalem » dont il est devenu le responsable en Centrafrique.
Diacre d’une église du réveil, le président Touadera est entouré de pasteurs de ces églises évangélistes africaines qui fleurissent en Centrafrique et qui jouent un rôle probablement plus important que l’église catholique, notamment chez les anti balaka. Nul doute que c’est dans cette voie que la réconciliation nationale sera recherchée plutôt que dans celle du Vatican et de Sant’Egidio.
Enfin, il y a lieu de rappeler que l’ancien président du Bénin, Thomas Boni-Yayi, est disponible. Le 30 décembre 2012, en sa qualité de Président de l’Union africaine, n’avait-il pas tenté une ultime médiation auprès du président Bozizé et de son Premier ministre…Faustin-Archange Touadera.