La Coupe d’Afrique des Nations livre son verdict ce week-end. Samedi, la RD Congo a remporté la « petite finale », et décroché la troisième place. Dimanche, en fin de soirée, on saura qui, de la Côte d’Ivoire et du Ghana, sera le vainqueur de cette trentième édition, organisée en catastrophe (mais non sans catastrophe) par la Guinée équatoriale. Présentation d’un match qui devra rétablir le primat du sport dans une CAN rattrapée ces derniers jours par la politique.
Des scènes de chasse aux étrangers
L’occasion de reparler enfin de football après une séquence de 48 heures monopolisée par des événements extra-sportifs : en l’occurrence les violences survenues jeudi soir à Malabo, en marge de la demi-finale entre le Ghana et le pays organisateur. Jugeant injuste la nette défaite de ses joueurs, une partie du public du Nuevo Estadio s’en était pris violemment aux supporters des Black Stars du Ghana, leur lançant divers projectiles (assiettes, objets métalliques, bouteilles, etc.) sur les fans et joueurs adverses. Conséquences : un match interrompu plus de trente minutes, des supporters ghanéens évacués sous haute protection, une intervention policière musclée pour « apaiser » les tribunes, émaillée d’appels au calme du capitaine équato-guinéen au micro du stade, le tout sous la surveillance bourdonnante d’un hélicoptère de la gendarmerie, en « stationnaire » une quinzaine de mètres au-dessus de la pelouse et des tribunes. Le calme revenu dans le stade, les violences se déplacèrent en ville, dans une atmosphère de chasse aux étrangers. Bilan de la soirée et de la nuit : 36 supporters ghanéens blessés, dont plusieurs grièvement. « C’est une chance qu’il n’y ait pas eu de mort », réagira le président de la Fédération ghanéenne, Kwesi Nyantakyi, avant de demander des sanctions sévères contre la Guinée équatoriale.
La CAF épargne la Guinée équatoriale
Peine perdue. Dès le coup de sifflet final, la Confédération africaine de football activait le mécanisme de relativisation des faits. Ordre fut d’abord donné aux journalistes de limiter leurs questions d’après-match à l’aspect strictement sportif de la partie. Le lendemain, l’instance annonça bien des sanctions à l’encontre du pays organisateur, mais celles-ci étaient bien clémentes : une amende de 100.000 dollars US (une broutille pour la Fédération locale) et un match à huis clos pour le terrain de Malabo. Suite à des faits similaires, le stade Léopold Sedar Senghor de Dakar avait été suspendu pour une durée d’un an en 2013. Pire, l’annonce dans la foulée de décisions à l’encontre de la Tunisie (coupable d’avoir mis en cause l’honnêteté de l’arbitrage du quart de finale contre la Guinée équatoriale) et du Maroc (coupable d’avoir refusé d’accueillir la CAN 2015 aux dates prévues) arriva à point nommé pour noyer le poisson.
La langue de bois de Blatter
Afin que l’enfumage soit complet, les « décideurs » y allèrent de leur couplet moralisateur. On passera sous silence le discours teinté de paranoïa nord-coréenne du parti au pouvoir, accusant sans les nommer les « ennemis de la Guinée équatoriale ». Issa Hayatou, président de la CAF, balaya les critiques en accusant « la presse occidentale » de « vouloir pérenniser la colonisation. » Tellement commode… Son fidèle ami Sepp Blatter, le président de la FIFA, venu assister à la finale, servit lui sa plus belle langue de bois à un parterre de journalistes médusés : « Le football a vécu ici tout ce qui est beau dans le football, et tout ce qui peut ne pas toujours être beau, lâcha le patron du foot mondial avec un art consommé de la litote. Qu’est-ce que vous voulez, le football est composé des joueurs, d’un banc technique, il est aussi composé de la DIRECTION