La tournée africaine de Barack Obama s’est achevée mardi. En six ans, la politique du président américain sur le continent noir est loin d’avoir satisfait les espoirs suscités par son élection
C’est désormais une évidence : il n’y aura pas d’empreinte Obama sur la politique africaine des Etats-Unis. Ceux qui en rêvaient encore se sont fait une raison au terme de la 4 ème tournée du président américain qui s’’est achevée mardi soir par l’Ethiopie. Dans la capitale éthiopienne, Barack Obama a certes prononcé le premier discours solennel d’un président américain devant l’Union africaine. Mais il n’a rien dit qui fasse date. Il avait déjà décliné sa vision de la gouvernance en Afrique (des institutions fortes et non des hommes forts) lors de son discours d’Accra en 2009.
Eau tiède
En définitive, le premier Africain-Américain président des Etats aura posé moins d’actes de portée historique en matière de politique africaine que ses prédécesseurs Georges Bush et Bill Clinton. Le premier a marqué son passage en accordant des financements conséquents en matière de lutte contre le Sida, permettant à des centaines des milliers de malades africains d’accéder à la trithérapie. Clinton a, pour sa part, instauré l’African Growth and opportunity act (AGOA), une facilité qui accorde un accès privilégié des produits africains au marché américain.
En face de ces deux actes dont on mesure aujourd’hui encore les retombées, l’initiative Power Africa de Barack Obama, déjà annoncée lors de sa tournée de 2013, ne pèse pas lourd. Autant on salue l’ambition de Power Africa d’apporter l’électricité dans 60 millions de foyers africains, autant on ne peut que regretter son impact limité dans un continent de plus d’un milliard de personnes, avec un taux d’électrification de moins de 2% en milieu rural. L’absence de visibilité forte sur le financement de Power Africa conforte le scepticisme sur sa prétention de mesure historique de la politique américaine en Afrique.
Lutte contre le terrorisme
Bien qu’il soit d’ascendance africaine, Obama n’aura pas, de toute évidence, changé la perception de l’Afrique dans la diplomatie américaine. Son administration comme celle de ses prédécesseurs y voient, au mieux, une alternative à leur trop grande dépendance au Golfe persique dans l’approvisionnement en pétrole. D’où d’ailleurs les démarches engagées sous Georges Bush puis poursuivies sous Clinton pour porter à au moins 25% la part du Golfe de Guinée (Angola, Nigeria) dans la consommation américaine dé pétrole. Pour les Etats-Unis, l’autre enjeu géostratégique de l’Afrique, c’est sa place névralgique dans la lutte contre le terrorisme. Sur ce plan, les Américains ont même été des précurseurs en lançant dès le début des années 2000 le programme PAN Sahel Initiative qui associe présence militaire sur le continent et formation des unités anti-terroristes africaines sur place et aux Etats-Unis à travers des stages de courte durée.
Obama n’a rien fait d’autre que de réajuster cette stratégie en renforçant l’usage des drones de surveillance (bases américaines au Niger) et d’intensifier la liquidation des chefs djihadistes à travers des frappes ciblées, notamment en Somalie. Il s’agit d’abord et surtout d’assurer ainsi la sécurité des intérêts locaux américains et de prévenir que des terroristes formés en Afrique partent commettre des actions sur le sol américain. Obama aura finalement été plus soucieux de défendre les intérêts des Etats-Unis que de laisser une trace dans la politique africaine des Etats-Unis. C’est pourtant ce qu’espéraient tous ceux qui ont été pris « d’Obamania » partout en Afrique lors de son élection en 2008. Il aura à Nairobi et Addis-Abeba raté la dernière occasion de combler leurs attentes.