
Tandis que le Mali se relève lentement de la pénurie des produits pétroliers en provenance de la Côte d’Ivoire, le blocus se poursuit toujours sur les convois d’approvisionnement à partir du Sénégal. L’hypothèse d’une prise de Bamako imminente par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) n’est sans doute pas réaliste. Ce qui démontre la légèreté de l’emballement médiatique à propos d’un pays très largement ignoré par les grands medias europées tout comme le désastre humanitaire au Soudan ou la guerre au Congo..
Le temps long de la guerre civile s’impose. D’autant qu’aucun des deux acteurs majeurs de la belligérance, respectivement le pouvoir central et la rébellion islamiste, ne dispose de la faculté de renverser l’équilibre de la dissuasion. La somalisation du pays se précise, tout comme l’enlisement des supplétifs de l’Africa corps, soudain devenus moins visibles. Les dernières images témoignent de leur retour, le 15 novembre, à la mine d’or d’Inkhata, au milieu des unités des Forces armées maliennes (Fama). Le site avait été préalablement déguerpi de centaines d’orpailleurs artisanaux, à cause de soupçons de connivence avec les jihadistes et la rébellion du Front de libération de l’Azawad (Fla). D’ailleurs, en ces lieux, la présence russe est familière. Elle date de février 2024, selon un reportage de Radio France internationale (Rfi).
Plus loin, vers le sud, le Gsim revendiquait, le 15 novembre, plusieurs actions contre les Fama, au moyen d’engins explosifs improvisés (iee), en travers des routes qu’empruntent les patrouilles des Fama. Les axes Loulouni–Sikasso et Hérémanoko–Sikasso sont les plus touchés. L’une des attaques, copieusement filmée, a visé, à Loulouni, une position de la milice pro-gouvernementale des chasseurs Donzos. Les combattants jihadistes paradaient au centre de la bourgade, avant de s’en retirer, fidèles une tactique d’occupation brève d’une emprise, le temps de réaliser quelques vidéos de propagande. La veille, 14 novembre, les insurgés menaient un bombardement au lance-roquette, sur trois positions à Kidal, des Fama et de leurs alliés russes. Le même jour, les troupes loyalistes annonçaient avoir frappé trois pick-up « terroristes » au sud-est de la ville, sans publier d’illustration, à l’inverse du Gsim.
La diplomatie de crise
En marge de la recrudescence des affrontements, la diplomatie de crise reprend ses droits. Peu après la réouverture administrative complète de l’ambassade des États-Unis à Bamako, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, exprimait, le 14 novembre, sa « profonde préoccupation » face à la hausse des attaques jihadistes au sein de l’espace de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes). Elle accuse, des acteurs extérieurs, d’animer une « campagne d’information coordonnée depuis l’extérieur », aux fins de déstabiliser le Mali, le Burkina Faso et le Niger, parce que les trois ont « choisi une ligne indépendante en matière de politique étrangère ».
Le communiqué ne manque d’ironie involontaire quand il use d’un argument spécieux : « Les activités subversives de ce type, motivées exclusivement par des objectifs géopolitiques et économiques conjoncturels, touchent avant tout les populations civiles. Enfin, comble de contradiction avec les visées souverainistes de ses protégés, Moscou appelle, la communauté internationale, à soutenir les efforts des gouvernements sahéliens contre la menace du terrorisme et en faveur du développement…
Point de répit, nulle part
Sur le flanc Est de l’Aes, le Niger subit un sabotage du pipeline de pétrole, près du gisement d’Agadem, région désertique de Diffa. L’opération revient au Mouvement patriotique pour la liberté et la justice (Mplj), une sédition Touboue, qui proclame sa loyauté au Président détenu, Mohamed Bazoum. L’acte avait été précédé d’un ultimatum aux sociétés exploitantes, en date du 12 octobre 2025 (https://t.me/veillesah/349). Les auteurs continuent à réclamer la fin du régime militaire et la restauration de la démocratie.
Dans le septentrion du Burkina Faso, localité de Douma, province du Mouhoun, région de Bankui, le Gsim se félicite, le 16 novembre, du « contrôle total », d’un camp des Volontaires pour la défense de la patrie (Vdp), une entité connexe aux Forces armées burkinabè (Fab). En revanche, à Tiegou, province de Séno, région du Liptako, l’Etat islamique au Sahel (Eis) accroît sa pression au détriment du Gsim, tandis que les deux, séparément, ne cessent de harceler l’ennemi commun. Le 14 novembre, l’Eis publie le bilan de son incursion, soit la mort de 36 éléments d’Alqaïda, ici qualifiée de milice et la capture d’un important butin de vecteurs balistiques et de lots de munitions.
Références
Carte Aes : https://t.me/veillesah/601
Mali
1 reportage Rfi Inkhata, février 2024 : https://youtu.be/2oOw_3QBW-Y?si=jfZZsC3AjP0UO8Ff
6 tracts du Gsim : https://t.me/veillesah/603
2 photos lancer de roquettes Gsim, Kidal : https://t.me/veillesah/610
1 communiqué Fama : https://t.me/veillesah/611
1 compte X de l’Ambassade des Etats unis d’Amérique à Bamako : https://t.me/veillesah/612
1 commentaire de la porte-parole de la diplomatie russe, canal Telegram de l’Ambassade au Niger et Mali : https://t.me/veillesah/613
Niger
1 tract du Mplj : https://t.me/veillesah/614
Burkina Faso
1 tract du Gsim : https://t.me/veillesah/615
1 tract de l’Eis : https://t.me/veillesah/616



























