Aucune trace de l’Autrichienne enlevée à Agadez(Niger)

Agadez, 3 septembre 2024

Quatre jours après son enlèvement, il n’y a aucune trace de la ressortissante autrichienne Eva Gretzmacher, 73 ans, dont près de 30 passés à Agadez,  dans le nord du Niger. Emotions et inquiétudes sur place

La mobilisation des moyens exceptionnels n’a pas encore permis de retrouver la trace de la ressortissante autrichienne Eva Gretzmacher enlevée samedi soir vers 19 heures, à Agadez dans le nord du Niger où elle vivait depuis plus de trois décennies. Parfaitement intégrée à la population, Mme Gretzmacher ne faisait pas l’objet de menace particulière. En tout cas, pas plus que n’importe quel résident de la ville d’Agadez, distante de près de 900 km de Niamey, dans le nord du pays,  sur la frontière commune du Niger avec l’Algérie et la Libye.

Acte crapuleux ou terroriste

La région d’Agadez n’a plus été le théâtre d’enlèvement de ressortissants occidentaux depuis la prise d’otages en septembre 2010, à Arlit, de sept employés de la société française Areva (devenue Orano) lors d’une opération d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). En raison de sa proximité avec la Libye voisine, pays démantelé par l’intervention de l’OTAN en 2011, Agadez connaît un banditisme résiduel entraîné par la circulation d’armes de guerre. Les braquages et les vols à mains armées enregistrés dans la région ainsi que quelques opérations des coupeurs de route relèvent plus de la crapulerie que du terrorisme que l’on connait dans les régions de Diffa (sud-est), Tahoua (nord-ouest), Tillabéry (nord-ouest) et depuis peu Dosso (sud-ouest).

Expertise dans la libération d’otages

Quatre jours après le drame, et en l’absence de toute revendication, l’hypothèse qui était la plus fortement envisagée était mardi encore celle de l’action d’un groupe d’individus qui pourrait chercher à monnayer son acte auprès d’une organisation terroriste qui elle se chargera ensuite de revendiquer le kidnapping et de réclamer le paiement d’une rançon. Quasiment toutes les libérations d’otages de ces dernières années au Sahel, se sont conclues avec le paiement de fortes rançons, certaines pouvant aller jusqu’à 15 voire 18 millions d’euros. Après l’onde de choc provoquée par l’enlèvement, les habitants d’Agadez attendent des preuves de vie de l’otage autrichienne. Quelle que soit l’identité des ravisseurs, les Nigériens ont acquis ces dernières années un vrai savoir-faire dans les négociations avec les preneurs d’otages. Sous l’égide de la direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE), les militaires au pouvoir à Niamey depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 ont fait libérer, par la négociation, des éléments des forces de défense (FDS) aux mains des groupes terroristes. Avant son renversement, le président Bazoum avait, quant à lui, obtenu en mars 2023 la libération du journaliste français Olivier Dubois et l’humanitaire américain Jeffery Woodke.

Deux autres otages, Soumaïla Cissé et Sophie Petronin, avaient été libérés en octobre 2020, sous le président Mahamadou Issoufou, avec les efforts des services secrets nigériens et de la Haute autorité (nigérienne) à la consolidation de la paix. Ils sont nombreux à penser que l’expertise nigérienne profitera à Eva Gratezmacher, si ses ravisseurs se faisaient rapidement connaître et entamaient des négociations pour sa libération.

Seidik Abba