« Los Morros » – appellation très péjorative en espagnol désignant depuis plus d’un siècle les arabes – ne font plus peur aux Espagnols. Un sondage du très sérieux Think Thank madrilène le Royal Institut Elcano révèle que les Espagnols n’ont plus aussi peur du Maroc et des Marocains qu’avant.
Alors que pendant de longues années, le voisin du Sud était considéré par les Ibères comme une menace, la donne est en train de changer. Il faut tout de même rappeler que l’opinion publique espagnole a été pendant de longues années imprégnée d’un mélange de crainte et d’hostilité envers le royaume chérifien. Les raisons sont à trouver dans l’histoire commune des deux pays qui n’a jamais été un long fleuve tranquille.
Le terrorisme, ennemi numéro 1
Lors de la guerre civile, les villages catalans avaient été traumatisés par la brutalité des régulares rifains qui avaient accompagnés le général Franco dans sa reconquête du pouvoir. En 1975, alors que ce même général Franco était à l’agonie, la presse madrilène criait au loup quand Hassan II lançait sa marche verte pour récupérer le Sahara occidental. Plus récemment, les deux pays voisins ont failli en arriver aux rames pour dénouer un différend frontalier autour du rocher Perejil, situé dans les eaux territoriales marocaines et occupé par les troupes espagnoles.
Aujourd’hui cet état d’esprit à complètement changé. D’après le sondage du Royal Institut Elcano, c’est le terrorisme islamiste qui est perçu, à 58 %, comme la plus grande menace pour les Espagnols, suivi par la crise économique à 42 % et l’Etat islamique à 32 %. Le Maroc lui n’arrive qu’à la neuvième place, puisque seuls 7 % des personnes sondées le considèrent comme une réelle menace, derrière le réchauffement climatique et le trafic de drogue.
Une longue lune de miel se profile à l’horizon entre les deux pays, malgré l’avancée électoral de Podemos, un parti largement hostile à Rabat.