Alger veut à tout prix séduire Washington. La priorité absolue des autorités algériennes est de gagner le soutien de l’administration du président américain, Donald Trump. Confrontée à une crise financière très importante et à des tensions géopolitiques régionales, l’Algérie veut établir un axe stratégique avec Washington.
L’objectif est de ne plus céder le moindre pouce de terrain aux lobbys marocains qui avaient naguère, alors que Hillary Clintonn dirigeait le département d’Etat, une influence décisive sur les centres de décision américains.
Lamamra en pole position
La nouvelle stratégique américaine de l’Algérie est très offensive. Et le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Ramtane Lamamra, en est le chef-d’orchestre. Dans le contexte algérien actuel, ce diplomate algérien brillant et apprécié qui fait figure de candidat possible à la succession, possède un double atout. Sa carrière doit beaucoup à l’ancien DRS (services algérien), même s’il cohabite aujourd’hui sans affrontement avec la présidence algérienne.
Depuis ce mercredi, le chef de la diplomatie algérienne se trouve à Washignton où il rencontre des acteurs clés du Congrês américain. « Une visite stratégique », selon son entourage. Ramtane Lamamra a eu d’abord des discussions au siège du Congrès avec le président de la commission des affaires étrangères de la chambre des représentants, Ed Royce.Il s’est ensuite entretenu avec le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, le républicain Bob Corker.
Le chef de la diplomatie algérienne a exprimé son entière satisfaction à la suite de ces deux rencontres importantes. » Nous avons passé en revue les relations bilatérales et focalisé également sur un certain nombre de questions internationales comme la lutte contre le terrorisme », a fait savoir dans ce sens Lamamra à l’issue de ces deux entretiens.
Le ministre a précisé avoir évoqué avec ses interlocuteurs américains « l’expérience conduite par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui consiste à utiliser à la fois la légitime défense à travers les moyens de défense et de sécurité et les solutions politiques et sociales à travers la réconciliation nationale et la concorde civile ».
Le Maroc, frère ennemi
Le ministre algérien n’a pas manqué également de confier avoir conduit des discussions qui ont également porté sur les réformes politiques menées par l’Algérie et les élections législatives du 4 mai dernier. C’est dire que l’Algérie tente absolument de rassurer ses interlocuteurs américains pour leur démontrer qu’elle est l’un des rares pays stables et fiables dans le monde arabe et en Afrique du Nord.
Ces efforts diplomatiques semblent couronner une stratégie bien huilée. L’Algérie veut narguer une Europe trop favorable au Maroc voisin et peu encline à miser sur le potentiel algérien. En ce moment, de gros projets américains sont en cours de réalisation en Algérie notamment dans le domaine de l’agriculture où un projet algéroaméricain d’élevage de vaches laitières et de production céréalière et fourragère sera lancé à ElBayadh, sud-ouest du pays. Il s’agit d’un partenariat, premier du genre, entre un consortium d’Américains spécialisés dans l’élevage la culture céréalière et le groupe privé algérien Lacheb. Sur une superficie de 25 000 hectares, dont 5 000 réservés à l’élevage de vaches laitières et d’autres bovins, cette exploitation agricole produira du blé dur, de l’orge, du fourrage, de la pomme de terre et activera aussi dans l’ensilage du maïs.
D’autres projets importants sont en cours de lancement. A l’image du constructeur américain Boeing qui envisage de fabriquer des pièces et équipements aéronautiques en Algérie.
Jusqu’où ira la lune de miel entre Alger et Washington? Et au profit de quel clan lors de la succession de l’actuel chef de l’Etat qui semble plus imminente que jamais?