Abdellah Öcalan, la figure centrale du PKK

En décembre 2024, des développements significatifs ont eu lieu concernant les relations entre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le gouvernement turc. Abdullah Öcalan, le leader emprisonné du PKK, a exprimé sa volonté de contribuer positivement à un nouveau processus de paix. Il a déclaré être prêt à prendre les mesures nécessaires et à lancer un appel en ce sens.

Cette évolution fait suite à une proposition de Devlet Bahçeli, leader du Parti d’action nationaliste (MHP) et allié du président Recep Tayyip Erdoğan, qui a suggéré qu’Öcalan devrait appeler à la fin de l’insurrection en échange d’une éventuelle libération. Erdoğan a qualifié cette proposition de « fenêtre d’opportunité historique ».

Une réunion des membres du PKK considéré comme une organistion terroriste par le régime turc

Rien ne destiner le jeune Abdellah à une activité politique et subversive. Natif de la région d’Amara, de père Kurde et de mère Turque, il était un homme pieux et proche des thèses de l’idéologue islamiste et conservateur Necip Fazil KISAKUREK. Son grand virage idéologique s’est affirmé après le massacre de MARAS survenu entre le 19 et 26 décembre 1978, opéré par le département des opérations spéciales (Özel Harp Dairisi), une structure des service secret Turcs engagée dans lutte anti marxiste, dépendant directement du gouvernement BÖLANT Ecevit, et intégrée au sein des forces du Stay-Behind dirigée par les états majors  de l’OTAN.

Ce drame qu’a subi le milieu rural de sa région bouleverse ses certitudes idéologiques naissantes opérant un virage radical de cap vers un socialisme engagé de type marxiste-léniniste. Il fonde à la même période du massacre du Maras, en 1978, le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Après huit années de clandestinité, il lance son organisation dans une lutte armée, en 1984. Une guérilla qui dure encore, avec ses actions subversives qui ont défié la chronique dans toute la région avec son lot de victimes civiles.`

Les services turcs soutenus par l’OTAN

Le 9 octobre 1998, Ocalan est lâché par la Syrie de Hafez Al Assad sous les pressions américaines. Dés lors, qu’il est pourchassé. Il entame un long périple d’arrestation et d’expulsion dans toutes les capitales européennes, Athènes, Rome, Moscou, Nicosie, et finit par être capturé à Nairobi au Kenya, par un stratagème monté conjointement par les services secrets américains et israéliens, et une fraction des services grecs. Cette opération concertée entre les services secrets des pays de l’OTAN a permis au MIT, service turc, de mettre hors d’état de nuire le fondateur du PKK sans pouvoir effacer l’existence de son organisation avec lequel il entame, en ce moment, des négociations.

Le dénouement de la question Kurde en Turquie ne peut s’effectuer sans l’aval de son fondateur. La conjoncture liée à la politique intérieure turque et le contexte régional brulant exigent une certaine raison d’Etat et un réalisme politique aigu. Après dix ans d’isolement total dans la prison d’Imrali, coupé de tout contact extérieur (avocats et familles), dont les organisations des droits de l’homme n’ont cessé de dénoncer, les autorités turques décident de lui ouvrir des canaux de communication avec les membres actifs de son organisation dans les montagnes de Kendil. Cet inattendu revirement mérite d’être suivi de prêt contenu des ramifications de la question kurde en Syrie, Iran, Irak où le grand échiquier géopolitique et stratégique est en train de se jouer.