Mondafrique https://mondafrique.com/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Wed, 04 Jun 2025 16:25:00 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Mondafrique https://mondafrique.com/ 32 32 L’écrivain Yasmina Kadra plaide pour Sansal auprès de Tebboune https://mondafrique.com/international/lecrivain-yasmina-kadra-plaide-pour-sansal-aupres-de-tebboune/ https://mondafrique.com/international/lecrivain-yasmina-kadra-plaide-pour-sansal-aupres-de-tebboune/#respond Wed, 04 Jun 2025 16:24:59 +0000 https://mondafrique.com/?p=135138 L’écrivain algérien Yasmina Khadra affirme avoir demandé la libération de son confrère, Boualem Sansal, incarcéré depuis 200 jours et atteint d’un cancer. «J’ai fait mon devoir d’écrivain», a-t-il déclaré mercredi à l’AFP après sa rencontre, la semaine dernière, à Alger avec le président Tebboune. Sansal, condamné à 5 ans de prison, sera rejugé en appel le 24 juin. […]

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L’écrivain algérien Yasmina Khadra affirme avoir demandé la libération de son confrère, Boualem Sansal, incarcéré depuis 200 jours et atteint d’un cancer. «J’ai fait mon devoir d’écrivain», a-t-il déclaré mercredi à l’AFP après sa rencontre, la semaine dernière, à Alger avec le président Tebboune. Sansal, condamné à 5 ans de prison, sera rejugé en appel le 24 juin.

L’écrivain algérien Yasmina Khadra a plaidé auprès du président algérien Abdelmadjid Tebboune la cause d’un autre écrivain, le Franco-Algérien Boualem Sansal, emprisonné, a-t-il indiqué mercredi à l’AFP.

«J’ai rencontré le président Tebboune la semaine dernière. On a parlé d’un peu tout et j’en ai profité pour évoquer le sort de Boualem Sansal. J’ai insisté pour qu’il soit libéré», a déclaré M. Khadra, joint au téléphone alors qu’il était à Alger.

«Tout ce que je voulais, c’était essayer de le solliciter pour que Boualem (Sansal) puisse retrouver la liberté le plus rapidement possible. Il a écouté attentivement», a ajouté le romancier. «J’ai fait mon devoir d’écrivain. S’il y a une petite chance, il faut la tenter. Boualem Sansal est malade, il ne faut jamais l’oublier».

Boualem Sansal est incarcéré depuis 200 jours en Algérie.

Il a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison, notamment pour des déclarations en octobre au média français d’extrême droite Frontières, où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Son procès en appel est prévu le 24 juin.

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Charly d’Almeida expose à Paris du 5 au 28 juin  https://mondafrique.com/loisirs-culture/charly-dalmeida-expose-a-paris-du-5-au-28-juin/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/charly-dalmeida-expose-a-paris-du-5-au-28-juin/#respond Wed, 04 Jun 2025 16:19:36 +0000 https://mondafrique.com/?p=135133 Figure de l’art contemporain africain, Charly d’Almeida présente à Paris “Archives mouvementées”, une sélection de sculptures et peintures marquant plus de 30 ans de création. Né en 1968 à Cotonou (Bénin), où il vit et travaille, Charly d’Almeida est peintre et sculpteur autodidacte. Il s’est formé auprès de Joseph Kpobly, décorateur de cinéma, avant d’exposer pour la première fois en 1988. Son […]

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Figure de l’art contemporain africain, Charly d’Almeida présente à Paris “Archives mouvementées”, une sélection de sculptures et peintures marquant plus de 30 ans de création.

Né en 1968 à Cotonou (Bénin), où il vit et travaille, Charly d’Almeida est peintre et sculpteur autodidacte. Il s’est formé auprès de Joseph Kpobly, décorateur de cinéma, avant d’exposer pour la première fois en 1988. Son œuvre explore la peinture et la sculpture avec une rare cohérence.

Son univers s’ancre dans la culture béninoise, notamment le vodoun. Il emploie le métal – lié à la divinité Ogoun – comme matériau central de ses sculptures, en y intégrant des éléments de récupération. Il en résulte des formes épurées et dynamiques, vibrantes d’énergie.

Ses œuvres – Les EmpreintesLes RestesForceCélébrationDualité – interrogent les blessures humaines, les conflits et la résilience. Sa peinture, gestuelle et abstraite, évoque l’abstraction lyrique européenne, en particulier Georges Mathieu, dont il partage l’intensité expressive.

« Il s’attache à faire émerger ce qui reste quand tout a été dit, montré ou détruit. »

En 2015, il crée le Cénacle expérimental à Togbin (Abomey Calavi), à la fois atelier et résidence d’artistes. Il inaugure en 2018 la Gallery Charly, espace dédié à l’art contemporain. Artiste exposé à l’international (France, Italie, Maroc, Allemagne, Nigéria…), il est considéré comme l’un des précurseurs de l’art contemporain en Afrique de l’Ouest.

Exposition : “Archives mouvementées – Charly d’Almeida”
📅 du 5 au 28 juin 2025
📍 Galerie Robert Vallois – 35, rue de Seine – Paris 6e
🕕 Vernissage : jeudi 5 juin, de 18h à 21h

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De la culture du soupçon contre les musulmans à la logique de l’exclusion https://mondafrique.com/a-la-une/de-la-culture-du-soupcon-contre-les-musulmans-a-la-logique-de-lexclusion/ https://mondafrique.com/a-la-une/de-la-culture-du-soupcon-contre-les-musulmans-a-la-logique-de-lexclusion/#respond Wed, 04 Jun 2025 07:00:14 +0000 https://mondafrique.com/?p=135129 Le meurtre d’Aboubakar Cissé, assassiné dans la mosquée de la Grande-Combe (Gard) le 25 avril 2025, est le point d’acmé d’une culture du soupçon à l’égard de l’islam et des musulmans. Le récent rapport gouvernemental sur l’entrisme des Frères musulmans en France participe de cette logique de suspicion à tonalité conspirationniste qui s’est installée jusqu’au sommet […]

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Le meurtre d’Aboubakar Cissé, assassiné dans la mosquée de la Grande-Combe (Gard) le 25 avril 2025, est le point d’acmé d’une culture du soupçon à l’égard de l’islam et des musulmans. Le récent rapport gouvernemental sur l’entrisme des Frères musulmans en France participe de cette logique de suspicion à tonalité conspirationniste qui s’est installée jusqu’au sommet de l’État. Au-delà de l’hostilité à l’égard des musulmans, les crimes racistes de Puget-sur-Argens (Var), ce 31 mai, soulignent la prégnance de la xénophobie dans l’espace public.


Aboubakar Cissé a été assassiné le 25 avril dernier. La trajectoire du meurtrier reste à préciser pour mieux cerner l’étendue de ses motivations. Néanmoins, cet événement revêt d’ores et déjà une portée emblématique à maints égards : d’abord, par la violence extrême de l’acte ; ensuite, par le fait qu’il s’agisse d’un musulman ordinaire, sans antécédents ; par le lieu du forfait, la mosquée de La Grand-Combe dans le Gard ; enfin, par le mode opératoire de l’assaillant, qui a pris soin de filmer son geste en l’accompagnant de paroles ouvertement anti-islam et antimusulmanes, les deux dimensions s’entremêlant dans les propos rapportés par l’AFP : « Ton Allah de merde. » Ce fait inordinaire ayant affecté un musulman du quotidien peut être interprété comme le point d’acmé d’une culture du soupçon à l’égard de l’islam et des musulmans qui s’est déplacée des marges de la sphère publique à son centre.

Dans une enquête de science politique publiée en 2022, nous avons mis en évidence que, depuis les attentats de 2015, des représentants de l’État ont glissé de la critique légitime des auteurs des attentats terroristes vers une suspicion plus étendue à l’égard du monde musulman, dans une « confusion conceptuelle entre conservatisme, rigorisme, radicalisation, séparatisme, islamisme et djihadisme ». Le récent rapport gouvernemental sur les Frères musulmans en France, en évoquant « un projet secret » sans « aucun élément sérieux pour le démontrer », selon les mots du politiste Franck Frégosi, participe de cette logique de suspicion à tonalité conspirationniste qui s’est installée jusqu’au plus haut niveau de l’État. Les acteurs incriminés sont sommés de faire constamment la preuve de leur innocence malgré leur légalisme affiché et revendiqué.


À lire aussi : Débat : Le traitement de l’islam en France est-il symptomatique d’une crise républicaine ?


L’islamophobie et son déni

Compte tenu des nombreux indices empiriques, il semble par conséquent difficile d’en ignorer la portée éminemment islamophobe. Pourtant, malgré ce qui relève de l’évidence factuelle – fondée tant sur le lieu du crime que sur les déclarations de l’assassin, confirmée par les premières investigations de la justice –, certains responsables politiques, journalistes et éditorialistes ont spontanément hésité à en admettre le caractère fondamentalement raciste, avec un aspect anti-islam remarquable.

Si le premier ministre François Bayrou a immédiatement qualifié ce meurtre d’« ignominie islamophobe », d’autres membres du gouvernement, et plus largement de la classe politique, n’ont pas adopté la même clarté. Les raisons de ces hésitations sont diverses. Le ministre de l’intérieur et des cultes Bruno Retailleau, après un silence inhabituel et sans se rendre directement sur les lieux du drame, s’est contenté d’évoquer la possibilité d’« un acte antimusulman », dans une prudence en décalage avec ses déclarations alarmistes sur la menace de « l’islamisme ».

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Manuel Valls, ministre des outre-mer, a, pour sa part, parlé « d’un acte de haine à l’encontre des musulmans », tout en affirmant qu’il ne faut « jamais employer les termes de l’adversaire, ceux qui veulent la confrontation avec ce que nous sommes », car le terme islamophobie aurait été « inventé il y a plus de trente ans par les mollahs iraniens ».

Pourtant, les sociologues Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed ont montré dès 2013, dans leur livre Islamophobie, que le mot apparaît en français dès 1910 chez des administrateurs coloniaux-ethnologues. Toutefois, au-delà de la fake news, Manuel Valls met en accusation la façon la plus courante de qualifier les actes antimusulmans au niveau des institutions internationales, dans les ONG et dans la recherche en sciences sociales, comme l’a mis en évidence Houda Asal en 2014. Or, en n’en faisant qu’une arme aux mains de ceux qui voudraient déstabiliser le pacte républicain français, l’ancien premier ministre risque d’amoindrir la condamnation d’un meurtre horrible, en la mettant en balance avec un autre danger flou aux tonalités conspirationnistes affectant cette fois l’ensemble de la communauté nationale.

Dans le champ médiatique, l’éditorialiste Caroline Fourest, disqualificatrice de longue date du terme islamophobie, s’est précipitée pour relayer sur X, le 28 avril 2025, la version du présumé coupable qui, selon son avocat italien, nierait toute intention antimusulmane. Puis, le lendemain sur LCI, elle est allée jusqu’à soutenir, de manière non documentée, que c’est le mot islamophobie « qui a beaucoup tué dans ce pays ». D’autres, comme le journaliste Alexandre Devecchio ou le politiste Gilles Kepel dans le Figaro, ont préféré insister sur les potentielles instrumentalisations du terme islamophobie à gauche ou dans les milieux dits « islamistes », plutôt que d’interroger sérieusement la responsabilité politique et idéologique d’un climat globalement dépréciatif à l’égard des manifestations publiques et légales de l’islamité. Un climat qui a pu créer des conditions facilitant un passage à l’acte aux relents racistes et islamophobes manifestes.

En association avec l’air du temps anti-musulmans, c’est hostilité à l’égard des étrangers et des migrants qui a été légitimée dans les débats publics. Les crimes racistes commis le 31 mai à Puget-sur-Argens (Var) par un sympathisant des idées d’extrême droite ayant posté des vidéos xénophobes en constituent un indice effrayant. Hichem Miraoui, de nationalité tunisienne, a été assassiné et un jeune homme de nationalité turque a été blessé par balles.

Antisémitisme d’atmosphère et islamophobie d’atmosphère

Depuis le 7 octobre 2023 en France, un antisémitisme d’atmosphère, qui ne constitue pas la cause mécanique d’actes antisémites en recrudescence documentés par le rapport 2024 de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, mais qui se présente comme un bain idéologique propice, a rendu davantage légitime aux yeux d’une petite minorité de personnes le passage à des actes extrêmes. C’est le cas du viol et des violences antisémites à l’égard d’une fillette de 12 ans à Courbevoie, le 15 juin 2024, où la judéité de la victime a été associée par ses agresseurs à l’État d’Israël et à la Palestine. Dans ce bain idéologique, des porosités se sont développées entre la notion floue et à géométrie variable d’« antisionisme » et l’antisémitisme.

De manière analogue, il existe une islamophobie d’atmosphère, au sein de laquelle la violence islamophobe peut apparaître davantage acceptable aux yeux de quelques personnes. Cet air du temps idéologique a été alimenté par des personnalités politiques, journalistiques et intellectuelles, dans un soupçon vis-à-vis des pratiques musulmanes visibles (comme le voile) indûment associées à « l’islamisme », catégorie aux frontières d’ailleurs dilatées, amalgamant les islamoconservatismes légalistes, critiquables du point de vue d’une éthique de l’émancipation comme les catho-conservatismes ou les judéo-conservatismes mais pas juridiquement condamnables, et les djihadismes meurtriers faisant peser des dangers mortels sur la population.


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Dans le cas de l’islamophobie, à la différence de l’antisémitisme actuel refoulé aux marges du débat public à cause de la mémoire des horreurs de la Shoah, la suspicion s’est exprimée jusqu’au sommet de l’État, lui donnant une légitimité forte. Ainsi la loi du 24 août 2021 « confortant le respect des principes de la République » a d’abord été présentée comme une « loi contre les séparatismes », faisant suite au discours prononcé par le président de la République aux Mureaux (Yvelines), le 2 octobre 2020, contre « le séparatisme islamiste ». Dès après le drame de La Grand-Combe (Gard), Emmanuel Macron a réitéré une logique de soupçon vis-à-vis du voile musulman sur TF1, le 13 mai 2025 : « Je suis pour la charte olympique qui interdit le port de tout signe religieux dans les compétitions » ; interdiction qui n’est d’ailleurs pas présente dans la Charte du Comité international olympique comme l’ont montré par la suite des vérifications journalistiques.

Islamophobie, antisémitisme et confusionnisme

L’islamophobie d’atmosphère, l’antisémitisme d’atmosphère, mais aussi la xénophobie d’atmosphère se présentent comme des modalités de l’aimantation des débats publics par les extrêmes droites. Dans une enquête sur les transformations idéologiques des espaces publics en France à partir du milieu des années 2000, nous avons construit le concept de « confusionnisme » pour en rendre compte.

Le confusionnisme renvoie au développement d’interférences et d’hybridations entre des postures et des thèmes d’extrême droite, de droite, de gauche modérée et de gauche radicale favorisant l’extrême droitisation dans un contexte de recul du clivage gauche/droite. C’est, par exemple, la valorisation du national et la dévalorisation du mondial et de l’européen, ou la fixation positive (comme dans « l’identité nationale ») ou négative (comme avec « les musulmans ») sur des identités supposées homogènes et closes.

La concurrence entre les combats contre l’antisémitisme et contre l’islamophobie en a constitué un terrain de développement, à partir du début des années 2000, d’abord dans la galaxie antiraciste. Ainsi, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et SOS Racisme ont refusé de participer à une manifestation contre tous les racismes (parce qu’incluant la question de l’islamophobie), initiée par le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) et la Ligue des droits de l’homme (LDH), le 7 novembre 2004. Puis cette concurrence s’est étendue à la sphère politique. Ceux qui privilégient le combat contre l’antisémitisme vont dénigrer la notion d’islamophobie, comme Manuel Valls qui en fait, en 2013, « un cheval de Troie des salafistes ». Ceux qui privilégient l’islamophobie minorent l’antisémitisme, « résiduel » pour le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, en 2024.

En quoi cette compétition a-t-elle eu des effets confusionnistes ? Pour plusieurs raisons :

  1. cela a travaillé des intersections avec la tendance à l’enfermement des débats publics autour d’identités homogènes et closes, portée par la galaxie de l’ultradroite : identitarisme antisémite, chez Dieudonné et Alain Soral, et identitarisme islamophobe, chez Éric Zemmour ou dans « la théorie du grand remplacement » de Renaud Camus ;

  2. cela a participé à la cristallisation des identités collectives en compétition, en les avivant via des concurrences victimaires ; les porte-parole de chaque identité mise en avant réclamant la place de « plus grande victime » ;

  3. cela a contribué à la banalisation des schémas conspirationnistes, avec deux pôles opposés « le grand remplacement » et « le complot islamiste » ;

  4. et cela a enrayé les convergences antiracistes comme réponse à l’extrême droitisation, les antiracistes étant divisés.

Contextes collectifs et cas singuliers

Nous faisons l’hypothèse que le contexte idéologique islamophobe a joué un rôle dans le meurtre de La Grand-Combe, comme la xénophobie d’atmosphère constitue un facteur à l’œuvre dans les crimes racistes de Puget-sur-Argens. Mais il ne s’agit pas d’une cause directe en un sens déterministe, c’est-à-dire d’une cause unique produisant nécessairement de tels effets. C’est une invitation pour les sciences sociales, dans la douleur de drames, à penser autrement les relations entre des contraintes sociales structurelles, d’une part, et des itinéraires individuels et des dynamiques spécifiques de situation, d’autre part.

Le pari de connaissance propre aux sciences sociales sur ce plan consiste à se saisir du défi formulé par le philosophe Emmanuel Levinas dans son grand livre de la maturité de 1974, Autrement qu’être, ou au-delà de l’essence : « La comparaison de l’incomparable. » Il s’agit de mettre en tension ce qui se répète dans la vie sociale, à travers « la comparaison », et des singularités, en tant que relevant pour une part de « l’incomparable ». Et cela sans abdiquer le souci scientifique d’intelligibilités partielles, ni prétendre pour autant enfermer les pratiques humaines dans une totalité devenant complètement transparente aux savoirs scientifiques.

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Contre-enquête sur des chercheurs-pilleurs de Dakar à Djibouti https://mondafrique.com/loisirs-culture/135123/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/135123/#respond Tue, 03 Jun 2025 20:53:26 +0000 https://mondafrique.com/?p=135123 Au Musée du Quai Branly, une belle et riche exposition qui éclaire de façon novatrice la question de la restitution des objets volés aux Africains.En 1931, une dizaine de chercheurs en ethnologie, une discipline naissante, partent en Afrique pour enquêter et collecter. Sur place, ils se comportent comme des voleurs. Aujourd’hui, au musée du Quai […]

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Au Musée du Quai Branly, une belle et riche exposition qui éclaire de façon novatrice la question de la restitution des objets volés aux Africains.En 1931, une dizaine de chercheurs en ethnologie, une discipline naissante, partent en Afrique pour enquêter et collecter. Sur place, ils se comportent comme des voleurs. Aujourd’hui, au musée du Quai Branly, un dixième de la collection-butin est exposé. Chacune des 300 pièces  a été examinée par des spécialistes africains et français qui ont questionné leur provenance. Une belle et riche exposition qui éclaire de façon novatrice la question de la restitution des objets volés aux Africains.

Dorothée Rivaud-Danset

 

Une équipe de « voleurs », l’expression est de Michel Leiris, secrétaire de la mission qui, dans son journal publié au retour de la mission, sous le titre l’Afrique fantôme, écrit : « Griaule décrète alors, et fait dire au chef de village par Mamadou Vad que, puisqu’on se moque décidément de nous, il faut, en représailles, nous livrer le Kono, en échange de 10 francs sous peine que la police soi-disant cachée dans le camion prenne le chef et les notables du village pour les conduire à San où ils s’expliqueront devant l’administration. Affreux chantages ! (…) Griaule et moi demandons que les hommes aillent chercher le Kono. Tout le monde refusant, nous y allons nous-mêmes, emballons l’objet saint dans la bâche et en sortons comme des voleurs ». La scène s’est passé dans un village de l’actuel Mali, dans la région de Ségou. Nous suivrons les traces du Kono, nom qui désigne la société d’initiation et, ici, l’objet rituel enlevé qui était sans doute un fétiche.

20 000 kilomètres de mai 1931 à février 1933

Auparavant, quelques repères. La mission a traversé 15 pays, du Sénégal à l’actuel Djibouti et parcouru 20 000 kilomètres de mai 1931 à février 1933. A l’exception notable de l’Ethiopie, tous les pays traversés sont sous administration coloniale, française le plus souvent mais aussi belge (Congo), anglo-égyptienne (Soudan) et italienne (Erythrée). La mission est en place l’année de l’exposition coloniale internationale. Elle la prolonge. La concurrence entre les empires, est en toile de fond. Dès le XIXème siècle, les Allemands entendaient documenter une société dont il était admis que la culture s’effondrait. Il fallait, donc, constituer des collections qui participeraient de la propagande impérialiste. La mission, dirigée par Marcel Griaule, ethnologue, est soutenue par l’Institut d’ethnologie et le Musée d’Ethnographie du Trocadéro à Paris qui deviendra le musée de l’homme. Elle doit enrichir les collections du musée, ce qu’elle fera ! Elle a rapporté 3 600 objets, 6 600 spécimens naturalistes… et 15 000 fiches d’enquête. La campagne de collecte-pillage fut très médiatisée et, le 1er juin 1933, fut inaugurée l’exposition Dakar Djibouti au musée  du Trocadéro.

La mission, intitulée officiellement Mission ethnographique et linguistique, a de nombreux objectifs – collecter des objets, des musiques, la faune, la flore, enquêter, s’informer sur les savoirs locaux, les langues… – qui ne sont pas toujours très compatibles et qu’elle ne suivra pas toujours car elle dérive. Au départ, Griaule est supposé suivre les conseils de Marcel Mauss, « Une boîte de conserve, par exemple, caractérise mieux nos sociétés que le bijou le plus somptueux ou que le timbre le plus rare ». Un spécimen montre comment les Africains inventent de nouveau objets. Il s’agit d’une lampe à huile fabriquée à partir d’une boite de conserve. Lorsque la mission quitte le Sénégal, elle oublie les objets les plus courants, pour s’intéresser aux objets d’art, aux objets cultuels liés au culte animiste et aux sociétés secrètes – et fuit les objets modernes. En donnant la priorité aux objets sacrés ou secrets, le vol devient logiquement la méthode d’acquisition.

Les débats au sein de la mission

La mission est parcourue d’oppositions. Pour Griaule, l’Afrique sub-saharienne est une société figée que la colonisation et la mondialisation sont en train de détruire et qu’il faut saisir avant qu’elle ne disparaisse. La mission doit promouvoir l’ethnologie française à partir de méthodes novatrices d’enquête de terrain. Elle est pluridisciplinaire, avant la lettre, considérée comme fondatrice de l’ethnomusicologie. Elle a aussi contribué à la naissance de l’ethnozoologie en France. Parmi les « chercheurs-pilleurs », on compte un naturaliste, un musicologue, un photographe-cinéaste, des linguistes – dont la seule femme de l’équipe – et même un peintre…  C’est aussi une mission de gens pressés qui traversent l’Afrique d’ouest en est en deux ans et ne séjournent relativement longtemps qu’en Ethiopie. Le Bénin, par exemple, est traversé au pas de course, en 18 jours. Peut-on enquêter dans ces conditions ? On peut juste piller.

La mission se veut anti-raciste et humaniste, neutre par rapport à l’administration coloniale. Mais le  cas du Kono contredit ce contexte. La complicité s’établit entre la mission et l’administration coloniale. L’impunité et l’autorité que confère aux membres de la mission le contexte colonial autorisent les procédés de spoliation.

Constitution d’une collection ou somme de butin ? questionne l’historien camerounais Richard Tsogang Fossi. Les méthodes d’acquisition vont du don et de l’échange à la spoliation brutale en passant par toute une gamme de pressions : le dol – achat avec tromperie sur la valeur du bien-, la vente déguisée en rapt – lorsque le chef interdit que le bien soit aliéné, la mission dédommage le vendeur en faisant croire à une extorsion et en le rémunérant pour un soi-disant service -, la remise à la mission par l’administration coloniale de biens spoliés par cette dernière ou des saisies de guerre par les militaires, etc… Les vols prennent plusieurs formes : réquisitions sous la menace et le chantage, comme dans le cas du Kono, ou prélèvements furtifs et clandestins dans les cavernes ou les sanctuaires, en particulier en pays dogon. Les cartels sont explicites –  sont mentionnés au début de chaque cartel les modalités, la date et le lieu de ces acquisitions – . Souvent les chercheurs livrent leurs interrogations : comment le bien a-t-il pu être acquis de gré à gré alors que la mission n’est restée que quelques heures dans le village ? Pour la moitié des objets, les modalités d’acquisition restent inconnues.

La nature des biens pillés

Si l’on avait encore des doutes sur les méthodes de la mission, la nature des « objets » vient les balayer. La plupart n’avait pas leur place dans un musée, même s’ils semblent ordinaires. Leurs propriétaires ne pouvaient pas se dessaisir volontairement d’outils indispensables pour leurs travaux, d’objets personnels qui se transmettent de génération en génération dans la famille, comme ces statuettes de jumeau conservées dans une calebasse, des objets fabriqués à l’occasion d’un événement familial, comme ce tabouret qui apportera la réussite à la mariée dans son foyer s’il a été fabriqué traditionnellement. A fortiori, on ne se dessaisit ni d’objets rituels, sacrés, comme le Kono ou comme ces masques de danse dogons, ni d’armes de guerre, sans parler des poteaux soutenant le toit d’un palais et sans doute protecteurs. Cette longue liste entend éclairer la question de la restitution. Derrière ces « objets », ce sont des identités et non des pièces de collection.

Poteau okpwe du palais royal. Acquis selon des modalités inconnues le 18 décembre 1931 à Savé au bénin. Dimensions 118 x 17 x16 cm.

 

Pour Hugues Heuman Tchana, professeur et directeur du musée national du Cameroun, la question du mode d’appropriation ne doit pas jouer dans le rapatriement. La restitution n’est pas prioritairement le retour des objets, pour Richard  Tsogang Fossi, mais d’abord la restitution des savoirs. On ne peut pas demander à quelqu’un dont l’ancêtre a été dépouillé : Que pensez-vous de la restitution ? Reconstituer les savoirs, c’est précisément l’objet des contre-enquêtes.

Tandis que les Africains demandent la restitution de pièces conservées dans les musées français, sans grand succès jusqu’ici, le cadre législatif annoncé n’étant toujours pas voté[1], les ayants droit de Marcel Griaule, eux, ne manquent ni de droit, ni de culot. Ainsi, ils se sont opposés à la reproduction de certains documents du fonds Marcel-Griaule, en raison de la tonalité critique de l’exposition. Les commissaires ont laissé des cartels sans photo….Les ayants droit ignorent sans doute que, depuis la publication dès 1934 du journal de Michel Leiris, L’Afrique fantôme, chez Gallimard, les méthodes de spoliation sont connues, Leiris les ayant racontées avec détail et mauvaise conscience. Les ayants droit semblent aussi ignorer que la mission avait obtenu un financement de 700 000 francs (environ 510 000 euros actuels) voté par les deux chambres du Parlement, à la fin du mois de mars 1931.

L’exposition n’est pas conçue comme un procès mais comme un lieu de réflexion. Elle a été précédée d’un colloque de deux jours, organisé par le musée du Quai Branly et Sciences po, intitulé « La mission Dakar-Djibouti vue d’Afrique, Contextes historiques et contre-enquêtes ». Contextes et contre-enquêtes visent à explorer les angles morts de la mission.

Les contextes historiques montrent que les ethnologues ont adopté une approche traditionaliste, omis de s’intéresser à des pans entiers des sociétés africaines, refusant de les voir comme des sociétés en mutation. « L’Afrique sans les Africains », selon l’expression de l’historienne Emmanuelle Sibeud[2].

Les contre-enquêtes des années 2020 se sont déroulées dans une trentaine de communes au Sénégal, au Mali, au Bénin, au Cameroun, en Éthiopie et à Djibouti. Sur place, les interlocuteurs des commissaires de l’exposition ont fait appel à leur connaissance des objets et des personnes photographiées ou, encore, à leur mémoire de la présence coloniale. Ainsi, en mai 2023, la contre-enquête de Diabougou au Mali a conduit les commissaires associés maliens à se rendre sur les ruines du sanctuaire du Kono, en présence des descendants des chefs de culte qui s’étaient opposés à la réquisition des objets rituels. Des vidéos installées tout le long du parcours et disponibles sur le site Internet du musée rendent compte de ces contre-enquêtes.

La mission omet des acteurs cruciaux dans la vie des sociétés africaines qu’ils croisent. En premier lieu, bien sûr, les femmes. Les colonisateurs sont également absents dans les notes de terrain, les rapports puis les publications. Pourtant, les militaires, administrateurs, missionnaires ou commerçants jouent un rôle déterminant dans la réussite de l’expédition. Enfin, alors qu’elle passe ou stationne dans des cités musulmanes, parfois historiques, la mission s’attarde peu sur l’islam africain.

L’exposition donne leur place aux invisibles, en particulier ces Africains qui remplirent de multiples fonctions : traducteur, informateur, conteur, et qui, précisément, symbolisaient les mutations de la société africaine. Parmi eux, une figure, celle de Mamadou Vad, cité par Leiris. Cet ancien mécanicien sénégalais du chemin de fer Thiès-Niger, est un informateur précieux. Décrit dans le catalogue de l’exposition comme imaginatif et zélé, il invente une partie des informations, récits et objets qu’il produit. Mais les collaborateurs de la mission se refusent à voir leurs collaborateurs ouest-africains comme des créateurs ou des auteurs singuliers[3].

Une exposition qui inverse les points de vue. La mission est vue par les Africains aujourd’hui. Le passé et le présent se trouvent ainsi reliés. Avec les témoignages des (contre)-enquêtés, le passé cesse d’être lointain. Extrêmement documentée, l’exposition a été confiée à douze chercheurs dont la moitié sont originaires des pays traversés. Les 300 objets présentés ont tous été réexaminés par des spécialistes africains. Enfin, le goût de Griaule pour les objets d’art a un avantage esthétique: les objets exposés sont souvent très beaux.

« Mission Dakar-Djibouti (1931-1933), contre-enquêtes », jusqu’au 14 septembre, musée du Quai Branly-Jacques Chirac, Paris 7ème. Catalogue, 244 p. 34€.


[1] « Ours d’or à Berlin, le film Dahomey de Mati Diop suit des œuvres d’art pillées puis restituées », https://histoirecoloniale.net/?s=Dahomey, Dorothée Rivaud-Danset, Histoirecoloniale.net, 15/09/2024. Le travail collectif mené en amont de l’exposition a conduit le Mali à revoir sa demande de restitution.

[2] Emmanuelle Sibeud « 1931-1933. La mission Dakar-Djibouti : l’Afrique sans les Africains », in Romain Bertrand (dir.), L’exploration du monde : une autre histoire des grandes découvertes, Paris, Seuil, 2019, p. 531 -535. Dans cet article, l’auteure réclame un décentrement du regard à l’heure des débats politiques sur les restitutions des biens culturels africains.

[3] Eric Jolly, « Mamadou Vad, le poète », in Mission Dakar-Djibouti, Contre-enquêtes, catalogue de l’exposition, Paris, coéd. MQB/El Viso, 2025, p. 53-55. Le qualificatif de poète fait référence au talent de conteur de Vad. Griaule fut le seul signataire d’une publication rassemblant des contes entièrement transcrits et traduits par Vad. Spolier était une habitude.

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Donald Trump cherche un accord sur le nucléaire iranien https://mondafrique.com/a-la-une/un-accord-nest-pas-exclu-sur-le-nucleaire-iranien/ https://mondafrique.com/a-la-une/un-accord-nest-pas-exclu-sur-le-nucleaire-iranien/#respond Tue, 03 Jun 2025 20:43:40 +0000 https://mondafrique.com/?p=135117 Des discussions directes sont en cours entre les représentants de l’administration Trump et ceux de l’Iran. Objectif : aboutir à un accord encadrant le programme nucléaire iranien et permettant à Washington de s’assurer que Téhéran ne pourra jamais se doter de l’arme atomique. En contrepartie, l’Iran obtiendrait la levée des sanctions économiques dont il fait l’objet. […]

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Des discussions directes sont en cours entre les représentants de l’administration Trump et ceux de l’Iran. Objectif : aboutir à un accord encadrant le programme nucléaire iranien et permettant à Washington de s’assurer que Téhéran ne pourra jamais se doter de l’arme atomique. En contrepartie, l’Iran obtiendrait la levée des sanctions économiques dont il fait l’objet. Mais après les nombreuses tractations passées et l’échec de l’accord de Vienne signé en 2015 et que Trump avait quitté lors de son premier mandat, la plus grande prudence est de mise.

Enseignant à Sciences Po Paris en Middle East Studies, Président-fondateur de l’Institut des Relations Internationales et de Géopolitique, doctorant en science politique – relations internationales au Centre Thucydide, Université Paris-Panthéon-Assas


« Je veux que l’Iran soit un pays merveilleux, grand et heureux, mais ils ne peuvent pas avoir d’arme nucléaire », déclarait en avril dernier Donald Trump, détonant avec son ton usuellement très véhément à l’encontre de la République islamique d’Iran, qu’il qualifiait, il y a quelques années encore, de « plus grand État sponsorisant le terrorisme ».

Si Trump se montre aujourd’hui plus avenant envers Téhéran, cela s’explique par un contexte international qui semblait difficile à imaginer il y a peu : Iraniens et Américains négocient de manière bilatérale et directe – et ce, à l’initiative du locataire de la Maison Blanche. Le déroulement de ces discussions – dont l’objectif annoncé est de parvenir à un accord encadrant le programme nucléaire iranien en contrepartie de la levée de sanctions économiques américaines – renforce chaque jour la possibilité d’une entente entre ces deux États systémiquement opposés depuis 1979.

La prudence est cependant de mise, tous les scénarios restant possibles – d’un accord approfondi à un échec des négociations et une confrontation ouverte au Moyen-Orient.

Des négociations opaques laissant entrevoir des avancées concrètes

Depuis le début de l’année 2025, des discussions directes et bilatérales entre les États-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire de ce dernier ont été annoncées en grande pompe, mais leur contenu est et reste complètement opaque.

Menées en avril à Mascate, capitale du sultanat d’Oman, sous l’égide du ministre omanais des affaires étrangères Badr bin Hamad al-Busaidi, ces négociations ont connu plusieurs séquences, à Rome puis de nouveau à Oman, un quatrième round prévu pour le 3 mai ayant finalement été reporté.

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Si aucun communiqué officiel ni image n’a filtré, des déclarations de part et d’autre laissent entrevoir une désescalade réelle et des avancées tangibles. Le vice-président américain J. D. Vance a, par exemple, déclaré le 7 mai que les négociations étaient « sur la bonne voie ».

La médiation discrète, mais efficace, d’Oman a ainsi permis de rétablir des canaux de communication (à l’image de l’accord de Vienne, ou JCPOA de 2015, dont les négociations secrètes entre Iraniens et Américains s’étaient également déroulées à Mascate).

Washington exige un arrêt net de l’enrichissement de l’uranium, estimant que le niveau actuel est trop élevé. Téhéran souligne, pour sa part, son droit à un nucléaire civil. Malgré des divergences de fond, les deux parties partagent désormais un langage commun : celui du compromis pragmatique. Le ministre iranien des affaires étrangères Abbas Araghchi qualifie de « constructifs » ces échanges bilatéraux, tandis que le Guide suprême Ali Khamenei, plus circonspect, estime que certaines exigences américaines restent « excessives et scandaleuses ».

Le caractère fastidieux des négociations ne saurait masquer le fait que le dialogue se poursuit, avec une fréquence inédite depuis 2018 et la sortie américaine du JCPOA, ce qui dévoile un infléchissement stratégique majeur de part et d’autre. Dans cette séquence encore incertaine, le choix d’Oman, acteur patient et neutre, symbolise une volonté commune d’éviter la rupture et d’explorer les marges d’un possible accord.

Un accord sur le nucléaire iranien, un scénario désormais crédible

Malgré des tensions persistantes et la difficulté de déceler précisément les points d’achoppement dans ces discussions, les négociations entre les États-Unis et l’Iran ont progressé vers ce qui pourrait être un accord-cadre bilatéral, en dehors du cadre du Conseil de sécurité des Nations unies ou du P5+1 (le groupe des cinq membres permaments du Conseil de sécurité + l’Allemagne). Donald Trump a même annoncé le 15 mai que l’Iran aurait « en quelque sorte » accepté les termes d’un futur accord.

Après des échanges d’ordre politique à Oman, Téhéran et Washington sont, selon Mascate, convenus de s’entendre sur des aspects techniques du programme nucléaire iranien. Sur une base régulière quasi hebdomadaire, les négociateurs américains et iraniens se retrouvent ainsi à Rome et à Mascate pour former des groupes de travail et établir un cadre général de discussions.

Le contenu précis d’un potentiel accord reste cependant difficile à déterminer, tant les parties elles-mêmes sont encore en phase de tractation, sans qu’aucune information officielle et substantielle ne filtre. Il est cependant possible d’avancer que s’il y avait un nouvel accord, ce dernier serait bien différent du JCPOA de 2015, tant la situation présente est distincte de celle d’il y a dix ans.


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Depuis la constatation de l’obsolescence de l’accord de Vienne causée par le retrait américain de 2018, l’Iran enrichit son uranium à environ 60 % selon l’AIEA (ce qui est techniquement proche de l’enrichissement à 90 % nécessaire pour fabriquer une arme nucléaire). Pourtant, Téhéran n’a jamais explicitement affirmé vouloir développer une arme atomique, arguant même d’une fatwa du Guide suprême Khamenei qualifiant une telle arme de « contre-islamique » par nature. Les États-Unis, pour leur part, semblent chercher à conclure rapidement un accord, Trump espérant obtenir « son deal » après avoir fait échouer celui négocié par l’administration Obama.

Les demandes américaines se cantonnent au seul domaine nucléaire (écartant d’office d’autres sujets, comme la politique régionale de Téhéran ou son programme balistique) sans vouloir s’encombrer d’un accord aussi technique que celui de 2015, long de plusieurs centaines de pages : Donald Trump déclarait ainsi à la mi-mai qu’il n’avait « pas besoin de 30 pages de détail. Cela tient en une phrase : ils ne peuvent pas avoir d’arme nucléaire. »

La persistance de défis majeurs avant un accord

Bien que des avancées notables dans ces négociations se fassent jour (le principe même que Téhéran et Washington renouent le dialogue est positif en soi), de réels défis restent à surmonter avant la conclusion d’un accord nucléaire durable. Aux divergences et voix dissonantes au sein même des deux États impliqués s’ajoutent des tensions régionales, Israël et les monarchies arabes du golfe Persique étant réfractaires, à des degrés divers, à un accord Téhéran-Washington.

Côté iranien, le Guide suprême Ali Khamenei estime que certaines exigences américaines sont « dépourvues de sens » et fait preuve d’un lourd scepticisme quant à l’issue des pourparlers. Le ministre iranien des affaires étrangères a ainsi récemment rappelé que l’enrichissement de l’uranium iranien était un droit « non négociable ».

Côté états-unien, bien que l’administration Trump puisse conclure un accord exécutif sans l’aval du Congrès, le pouvoir législatif est un paramètre incontournable dans ces négociations avec l’Iran. Alors que la perspective des élections de mi-mandat, traditionnellement défavorables au parti présidentiel, commence à peser sur les équilibres politiques, le Congrès a exprimé le 8 mai 2025, par une résolution non contraignante, une opposition significative menaçant la pérennité de tout accord. Bien que majoritaires à la Chambre des représentants et au Sénat, les élus républicains restent usuellement farouchement opposés à tout rapprochement ou accord avec l’Iran, qui pourrait être perçu comme une forme de faiblesse à leurs yeux. Par ailleurs, des groupes de pression pro-israéliens tels que l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) ou le CUFI (Christians United for Israel) pèsent de tout leur poids pour s’opposer à un tel rapprochement.


À lire aussi : Le sionisme chrétien, une influence majeure sur la nouvelle administration Trump


Côté Moyen-Orient enfin, Israël se cantonne à un réflexe pavlovien, affirmant depuis des décennies que l’Iran serait sur le point d’obtenir l’arme nucléaire, ce qui constituerait une menace existentielle à son encontre. Tel-Aviv s’est maintes fois dit prêt à lancer une action militaire unilatérale contre les installations nucléaires iraniennes, quitte à justement déclencher une escalade incontrôlable. Benyamin Nétanyahou, reçu à Washington par le président Trump début avril, n’a pas fait varier sa ligne sur ce sujet.

Les monarchies arabes du golfe Persique suivent également ce dossier de près et ont adopté une position plus mesurée qu’il y a dix ans : elles cherchent à s’assurer du parrainage politique de Washington et de sa protection contre toute menace réelle ou potentielle, iranienne ou infra-étatique. Ces mêmes États arabes du golfe Persique renouvellent par ailleurs un dialogue fourni avec l’Iran.

Les Européens, définitivement hors jeu du dossier nucléaire iranien ?

Si l’Union européenne a longtemps incarné un médiateur diplomatique central dans les négociations nucléaires avec l’Iran, elle semble aujourd’hui complètement délaissée. Avec l’échec du JCPOA et son incapacité à maintenir des relations économiques (malgré INSTEX, mécanisme de troc avec l’Iran lancé par les Européens), l’UE a malheureusement perdu en crédibilité aux yeux de Téhéran, l’alignement de facto sur les sanctions extraterritoriales américaines dès mai 2018 achevant la confiance iranienne.

Les négociations de Vienne, pourtant lancées dès 2021 par l’administration Biden et auxquelles les diplomates européens continuent de participer, n’ont jamais abouti à un résultat concret et rien ne semble indiquer une évolution à cet endroit. Pis encore, l’auteur a relevé au cours d’entretiens avec des diplomates des pays européens signataires du JCPOA qu’ils n’étaient ni informés ni consultés par leurs homologues transatlantiques, qui les laissent complètement dans l’ignorance quant au lancement et au déroulé de leurs négociations bilatérales.

Cette marginalisation est aujourd’hui diplomatique et serait demain économique en cas d’accord : la perspective d’une levée des sanctions américaines primaires (c’est-à-dire visant uniquement les entités américaines) s’accompagnerait d’un maintien voire d’un durcissement des sanctions secondaires (s’appliquant de facto aux entités non américaines, donc européennes). Le marché iranien (90 millions de consommateurs férus de produits occidentaux) serait alors ouvert exclusivement aux États-Unis, laissant les Européens complètement hors jeu. Cela serait le produit non pas d’un désintérêt européen pour la question, mais le signe d’une perte de crédibilité stratégique et économique de Bruxelles. Sans bouclier bancaire crédible et levier politique autonome et sincère, les Européens (et la France au premier rang) sont durablement exclus du « Grand Jeu » iranien.

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Congo, nos révélations sur le document interne des rebelles du groupe M23 https://mondafrique.com/a-la-une/congo-nos-revelations-sur-le-document-interne-des-rebelles-du-groupe-m23/ https://mondafrique.com/a-la-une/congo-nos-revelations-sur-le-document-interne-des-rebelles-du-groupe-m23/#respond Tue, 03 Jun 2025 20:08:59 +0000 https://mondafrique.com/?p=135095 Larvée depuis au moins deux décennies, la crise à l’est de la République démocratique du Congo s’est imposée pour le pire au coaur de l’actualité de 2025. Notre site Mondafrique a mis la main sur le document interne de la rébellion congolaise, le groupe 23. Ce texte est plein d’enseignement sur la vision politique de […]

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Larvée depuis au moins deux décennies, la crise à l’est de la République démocratique du Congo s’est imposée pour le pire au coaur de l’actualité de 2025. Notre site Mondafrique a mis la main sur le document interne de la rébellion congolaise, le groupe 23. Ce texte est plein d’enseignement sur la vision politique de l’alliance politico-militaire appuyée par le Rwanda et qui menace le pouvoir de Kinshasa.

 

Il aura fallu qu’à la catastrophe humanitaire de 7 millions de réfugiés qui attendent depuis des années un meilleur sort, la chute des grandes villes de Goma, puis de Bukavu et la conquête de pan entiers du territoire par un groupe politico-militaire, l’Alliance Fleuve Congo – M23, soutenu par un Etat étranger et son armée, le Rwanda, pour que les Grands Lacs se réinvitent au banquet de la géopolitique mondiale. Et que les exégètes se replongent dans le théâtre en 1994 du dernier génocide du XXe siècle, au pays des milles collines, petite contrée devenu un voisin si envahissant pour le gigantesque Congo, Etat continent grand comme l’Europe occidentale.

Minerais, guerre ethnique et corruption

Riches en minerais et terres rares essentielles à la révolution technologique ( chaque ordinateur, téléphone portable, serveur a un peu de Congo en lui) que lorgnent tant les multinationales, la Chine, les Etats-Unis  que les Etats limitrophes, le sous-sol congolais est victime de son opulence. Un pillage presque institutionnalisé qui n’explique qu’en partie la pérennité du conflit armée.

Se greffe à cette donnée bassement économique, une discrimination violente et réelle de la part du pouvoir de Kinshasa des populations rwandophones congolaises, accusés d’être une cinquième colonne du régime de Kigali, ainsi qu’une ancienne et durable complaisance des gouvernements congolais successifs à l’égard des auteurs du génocide rwandais, qui se sont réfugiés derrière ses frontières.

Ajoutez à tous ces éléments une corruption quasi-proverbiale des élites congolaises, une faiblesse endémique des structures étatiques – armée comprise- et voilà un bref aperçu de ce que les diplomates cherchent à désamorcer pour éviter un embrasement régional. Une quadrature du cercle équatoriale à laquelle, comme au Proche-Orient, Etats-Unis et Qatar ont choisi pour des raisons stratégiques de s’atteler.

Le Qatar, un utile médiateur

 

A la surprise générale, les présidents congolais et rwandais, Etienne Tshisekedi et Paul Kagame se sont même rencontrés le 18 mars à Doha, pour l’ouverture de pourparlers autour d’un cessez-le-feu. Depuis, les négociations se poursuivent entre les facilitateurs qataris et les trois parties, la RD Congo, l’AFC-M23 et son parrain le Rwanda. Des discussions particulièrement secrètes et pour l’heure, sans guère de résultat visible. Peut-être en raison de quelques angles morts de la part des belligérants.

Mondafrique est en effet parvenu à mettre la main sur un document d’une vingtaine de pages Sous le très universitaire intitulé « LES CAUSES PROFONDES DU CONFLIT ENTRE L’ALLIANCE FLEUVE CONGO (AFC/M23) ET LE GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO », les nouveau maîtres de Goma et Bukavu ne se livrent pas seulement à un plaidoyer pro domo. Ils livrent un petit cours d’histoire récente du pays, tout en évitant soigneusement de mentionner certaines responsabilités.

Remontant à 2006 et les accords de Sun City (Afrique du Sud) qui mirent fin à la 2e guerre du Congo, aussi nommée la première guerre mondiale africaine, le groupe armée se fait féroce. « Depuis 2003, une série d’accords internationaux, soutenus par l’Union africaine (UA), les Nations-Unies (ONU), l’Union européenne (UE) les États unis (USA) et d’autres acteurs, a tenté de ramener la paix en RDC. Tous ont été systématiquement sabotés par le gouvernement congolais, qui a fait preuve d’un mépris cynique pour ses engagements, alimentant la méfiance et légitimant les revendications de tous les mouvements de résistance, dont le dernier en date est  l’AFC/M23.» Et de lister le gentleman agreement de 2006, les actes d’engagement de Goma (2008) ou l’accord de Nairobi (2013).

Et encore: « Cet échec a conduit à la résurgence du M23 déterminé à obtenir justice, rejoint par d’autres compatriotes congolais lassés par l’intransigeance et la gouvernance chaotique du régime de Kinshasa. Des politiques, des membres de la société civile, des militaires, des policiers et des Congolais de tout horizon et de toute tendance, ont formé une grande plateforme dénommée Alliance Fleuve Congo  (AFC), justifient les rebelles. Ces échecs répétés sont le fruit d’une absence criminelle de volonté politique de la part de Kinshasa, marquée par des trahisons, des assassinats ciblés, et un mépris total pour les garants régionaux et internationaux. »

La RDC, une gouvernance catastrophique

Naturellement le gouvernement central est accusé de tous les maux. « Népotisme», «tribalisme»,  «centralisme», «La gouvernance catastrophique de la RDC, sous la férule d’un régime corrompu et autoritaire, est au cœur du conflit. Les pratiques systémiques du gouvernement Tshisekedi – corruption, tribalisme, violations répétitives de la Constitution – ont plongé des millions de Congolais dans la misère et l’exclusion.» Pire selon les insurgés, le régime du président Tshisekedi serait illégitime en raison « de fraudes massives lors des élections de 2018 et 2023», et «  attise les tensions ethniques pour consolider son pouvoir, au mépris de la cohésion nationale », si bien que « les dysfonctionnements politiques de la RDC, marqués par l’illégitimité et l’autoritarisme, alimentent le conflit en marginalisant toute voix dissidente.»

Ce document présente le soulèvement armé comme une révolution patriotique. « Le conflit entre l’AFC/M23 et le gouvernement congolais n’est pas une simple rébellion, mais une crise existentielle de l’État-nation congolais, précipitée par un régime corrompu, autoritaire et incapable. Les échecs des accords passés, la complicité de la communauté internationale, la gouvernance désastreuse, l’insécurité ethnique, l’illégitimité politique, la crise des réfugiés et le pillage économique ont plongé la RDC au bord de l’abîme.»

Pour partisan qu’il soit, le plaidoyer  – comme tout bon argumentaire – repose sur des arguments tout à fait solides, mais parfois frappés de cécité.

L’État rwandais absent

Un premier élément tout à fait étonnant est l’absence totale de mention de l’Etat rwandais et de son rôle dans les divers conflits armés qui ont jalonné l’histoire de l’Est du Congo depuis 20 ans, tout comme dans le pillage des ressources congolaises. Un énorme et compréhensible  angle mort de la part des auteurs de la note, largement soutenus par Kigali.

Un deuxième détail peut prêter à sourire quand il s’agit d’évoquer l’élection à la présidence de Félix Tshisekedi en 2018. Comme l’a rappelé Mondafrique, l’architecte du chapardage électoral qui a permis l’accession à la magistrature suprême de Fathi, pourtant arrivé 2e du scrutin, n’est autre que Corneille Nangaa. L’actuel dirigeant de l’AFC-M23 était alors président de la commission électorale nationale indépendante qui a bidouillé les résultats….

 

L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila (au premier plan à droite), rencontre des leaders religieux dans sa résidence de Kinyogote, située dans la partie de Goma contrôlée par le M23, dans l’est du Congo, le jeudi 29 mai 202
L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila (au premier plan à droite), rencontre des leaders religieux dans sa résidence de Kinyogote, située dans la partie de Goma contrôlée par le M23, dans l’est du Congo, le jeudi 29 mai 202

Surtout, un nom manque tout au long des 20 pages qui étrillent la gestion du Congo des 20 dernières années : Joseph Kabila. L’ancien chef de l’Etat a pourtant été au pouvoir de 2001 à 2019, et s’avère dès lors en grande partie l’incarnation de ce pouvoir vilipendé par l’AFC-M23 pour le peu de cas qu’il a fait des accords de paix, le délabrement des institutions, la paupérisation de la population, la discrimination des populations rwandophones ou encore le trucage des élections. Un oubli qui confine à l’amnésie volontaire.

L’ex « Raïs» de Kinshasa est accusé depuis des mois par le nouveau pouvoir d’être l’un des commanditaires de la rébellion. Depuis avril, sa formation, le Parti pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) a été suspendue. Ses domiciles ont été perquisitionnés, son immunité de sénateur à vie levée. En réponse, Kabila a lancé une véritable adresse à la nation sur les réseaux sociaux, avant de visiter en toute tranquillité la ville de Goma la dernière semaine de mai, accueillie à bras ouvert par les rebelles et leur chef supposé Corneille Nangaa.

Une forme de consécration. 

 

 

 

 

 

 

 

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Les dépenses militaires à travers le monde https://mondafrique.com/decryptage/les-depenses-militaires-a-travers-le-monde/ https://mondafrique.com/decryptage/les-depenses-militaires-a-travers-le-monde/#respond Tue, 03 Jun 2025 18:34:02 +0000 https://mondafrique.com/?p=135092 En dollars, le budget de la défense américain domine toujours le reste du monde, fait savoir l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) dans sa dernière étude, rapportant que l’année dernière, les dépenses militaires dans le monde ont augmenté de 10% et que l’Ukraine est le numéro un mondial pour la dépense militaire en fonction de son […]

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En dollars, le budget de la défense américain domine toujours le reste du monde, fait savoir l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) dans sa dernière étude, rapportant que l’année dernière, les dépenses militaires dans le monde ont augmenté de 10% et que l’Ukraine est le numéro un mondial pour la dépense militaire en fonction de son PIB.   Un article de Pierre Duval

Le classement annuel du SIPRI compare les dépenses militaires selon le montant brut en dollars et la part du PIB. Ainsi, cela montre ainsi que la position américaine n’est pas aussi importante que les chiffres bruts le suggèrent, la palme revenant à l’Ukraine. 

Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les dépenses militaires sont en hausse de 37% entre 2015 et 2024. «Les dépenses militaires moyennes en proportion des dépenses publiques ont atteint 7,1% en 2024 et les dépenses militaires mondiales par personne ont atteint leur plus haut niveau depuis 1990, 334 dollars», continue le SIPRI. 

Pour la deuxième année consécutive, les dépenses militaires ont augmenté dans les cinq régions du monde, reflétant l’intensification des tensions géopolitiques à travers le monde. Cette croissance des dépenses mondiales, observée depuis dix ans, peut être en partie attribuée à la hausse des dépenses en Europe, largement imputable au conflit russo-ukrainien en cours, et au Moyen-Orient, alimentée par la guerre de Gaza et d’autres conflits régionaux plus vastes. «De nombreux pays se sont également engagés à augmenter leurs dépenses militaires, ce qui entraînera de nouvelles augmentations mondiales dans les années à venir», stipule l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

Selon le SIPRI, «les deux plus gros dépensiers, les États-Unis et la Chine, ont représenté près de la moitié des dépenses militaires mondiales en 2024». La Russie arrive en troisième position. Elle est suivie de l’Allemagne, de l’Inde, du Royaume-Uni, de l’Arabie saoudite, de l’Ukraine et de la France.

Avec 997 milliards de dollars en 2024, les dépenses militaires américaines étaient supérieures de 5,7% à celles de 2023 et de 19% à celles de 2015.

La Chine, deuxième plus gros dépensier militaire au monde, a alloué environ 314 milliards de dollars à son armée en 2024, soit une hausse de 7% par rapport à 2023. Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle des dépenses militaires chinoises depuis 2015 et de la 30e année consécutive de croissance — la plus longue série ininterrompue enregistrée pour un pays dans la base de données des dépenses militaires du SIPRI.

En 2024, les dépenses militaires de la Russie ont atteint environ 149 milliards de dollars, soit 38% de plus qu’en 2023 et le double de 2015.

En 2024, les dépenses militaires de l‘Allemagne ont augmenté pour la troisième année consécutive, atteignant 88,5 milliards de dollars, soit 1,9% du PIB. Ce pays est ainsi devenu le quatrième plus grand dépensier au monde et le premier en Europe centrale et occidentale pour la première fois depuis la réunification. Les dépenses militaires de l’Allemagne ont augmenté de 28% par rapport à 2023 et de 89% par rapport à 2015, grâce à la mise en œuvre d’un fonds extrabudgétaire de 100 milliards d’euros (105 milliards de dollars en 2022) créé en 2022 pour renforcer le budget militaire.En 2024, l’Allemagne a fourni 7,7 milliards de dollars d’aide financière militaire à l’Ukraine, soit le deuxième don le plus important à l’Ukraine sur l’année, après les États-Unis.

En 2024, le Royaume-Uni a augmenté ses dépenses militaires de 2,8%, pour atteindre 81,8 milliards de dollars. Cela équivaut à 2,3% du PIB, contre 2,2% en 2023. Le Royaume-Uni s’est engagé à consacrer 2,5% de son PIB à l’armée d’ici 2027, soit un changement par rapport à l’objectif initial de 2030, et a pour objectif à long terme de porter ce chiffre à 3%. Le Royaume-Uni s’est également engagé à soutenir l’Ukraine à hauteur de 3,8 milliards de dollars par an d’aide militaire (y compris l’aide financière et l’équipement) jusqu’en 2030 au moins. En 2024, il a fourni 3,3 milliards de dollars d’aide financière militaire à l’Ukraine.

En 2024, les dépenses militaires de l’Ukraine ont augmenté de 2,9% pour atteindre 64,7 milliards de dollars, soit 43% des dépenses de la Russie sur l’année et 54% des dépenses totales du gouvernement ukrainien. L’Ukraine a de loin le fardeau militaire le plus lourd au monde: ses dépenses militaires en pourcentage du PIB s’élevaient à 34% en 2024, contre 37% en 2023. La totalité des recettes fiscales ukrainiennes a été entièrement absorbée par les dépenses militaires en 2024, tandis que toutes les dépenses socio-économiques non militaires ont été financées par l’aide étrangère. L’Ukraine a reçu au moins 60 milliards de dollars d’aide militaire financière en 2024, principalement des États-Unis, de l’Allemagne et d’autres pays européens. Le SIPRI inclut l’aide militaire dans l’estimation des dépenses du pays donateur et non du pays bénéficiaire, ce qui signifie que ces 60 milliards de dollars ne sont pas inclus dans le total pour l’Ukraine. Si l’on en tenait compte, les dépenses militaires de l’Ukraine auraient totalisé 125 milliards de dollars en 2024, ce qui en aurait fait le quatrième pays le plus dépensier au monde. 

En 2024, les dépenses militaires de la France ont augmenté de 6,1% pour atteindre 64,7 milliards de dollars, soit 2,1% du PIB. Cette augmentation s’inscrit dans le cadre de la loi de programmation militaire 2024-2030 qui vise à renforcer l’autonomie stratégique de la France et à adapter son industrie d’armement à une «économie de guerre» soutenue par l’innovation industrielle. En février 2024, la France et l’Ukraine ont signé un accord bilatéral prévoyant une aide militaire supplémentaire à l’Ukraine pouvant atteindre 3 milliards de dollars en 2024. 

A noter, qu’Israël arrive à la 12è place et que ses dépenses militaires ont augmenté de 65% en 2024 pour atteindre 46,5 milliards de dollars. 

«Les dépenses militaires totales en Europe ont augmenté de 17% pour atteindre 693 milliards de dollars en 2024. Tous les pays européens ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024, à l’exception de Malte. En 2024, les dépenses militaires totales des membres de l’OTAN se sont élevées à 1.506 milliards de dollars, soit 55% des dépenses mondiales. Les membres européens de l’OTAN ont dépensé 454 milliards de dollars au total. Sur les 32 membres de l’OTAN, 18 ont consacré au moins 2% de leur PIB à leurs forces armées en 2024, contre 11 en 2023», conclut l’IFRI qui signale que l’Ukraine est le seul pays à avoir les dépenses en pourcentage du PIB les plus élevées de tous les pays, «soit 34% de son PIB». En comparaison, les États-Unis ont dépensé 3,4% de leur PIB, la Chine 1,7%, la Russie 7,1%, l’Allemagne 1,9%, l’Inde 2,3%, le Royaume-Uni 2,3%, l’Arabie saoudite 7,3%, la France 2,1% et Israël 8,8% de son PIB en 2024. 

Si on considère les souhaits de Donald Trump de voir les pays de l’OTAN réaliser des dépenses militaires à 5% du PIB, c’est bien l’Ukraine qui gagne le défi titanesque. 

Pierre Duval

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Les Russes chassent des milliers de Maliens pour déstabiliser l’Europe  https://mondafrique.com/a-la-une/les-russes-chassent-des-milliers-de-maliens-pour-destabiliser-leurope/ https://mondafrique.com/a-la-une/les-russes-chassent-des-milliers-de-maliens-pour-destabiliser-leurope/#respond Tue, 03 Jun 2025 16:54:12 +0000 https://mondafrique.com/?p=135082 Depuis octobre 2023, face aux violences et exactions commis par les militaires maliens (FAMAS) et les mercenaires russes de Wagner, mais aussi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSMI) des dizaines de milliers de Maliens fuient leur pays pour se réfugier en Mauritanie. Ils seraient 350 000 actuellement, dont 120 000 […]

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Depuis octobre 2023, face aux violences et exactions commis par les militaires maliens (FAMAS) et les mercenaires russes de Wagner, mais aussi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSMI) des dizaines de milliers de Maliens fuient leur pays pour se réfugier en Mauritanie. Ils seraient 350 000 actuellement, dont 120 000 dans le camp de réfugiés de Mbera, situé au sud-est du pays, près de la frontière malienne.  

Le haut cadre d’une ONG que nous avons rencontré discrètement à Nouakchott considère que pour la première fois en Afrique « une émanation d’Al-Qaïda s’apprête à s’emparer du pouvoir dans les frontières d’un État reconnu », comme l’a écrit le 22 mai dernier sur Mondafrique, Abdel Nasser Ould Ethmane Elyessa, consultant en enjeux civils du contre-terrorisme (1) Or ce connaisseur de l’Afrique avec lequel nous avons en un entretien  parcourt le Sahel depuis de très nombreuses années. Mais pour des raisons de sécurité, pour lui et sa famille, comme pour ses collaborateurs au Mali, au Burkina Faso, au Niger, il se voit contraint de conserver l’anonymat. 

Ian Hamel, envoyé spécial en Mauritanie

Mondafrique La situation ne cesse de se dégrader au Mali. L’armée, soutenue par des mercenaires russes, sans autre forme de procès, exécutent des civils dans les régions suspectées de complaisance avec les groupes armés. Quant au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), il augmenterait ses activités de façon exponentielle, et tenterait, selon certaines sources, de pénétrer en Mauritanie et au Sénégal.           

Comme certaines ONG de défense des Droits Humains  (Human Rights Watch, Amnesty International) ne peuvent plus travailler et enquêter au Mali, les récits d’exactions, de massacres, sortent plus difficilement qu’avant de Mauritanie. Très clairement, depuis l’arrivée des Russes, un palier a été franchi dans l’horreur : ils torturent, ils violent, ils tuent, ils mutilent, brûlent les corps, ils décapitent avec l’objectif de faire fuir les populations afin que celles-ci cherchent ensuite à gagner l’Europe. Serait-ce un calcul de Moscou dont l’objectif à terme serait de mettre la pression sur l’Occident, en ne laissant plus d’autres choix aux Maliens de chercher à migrer de manière irrégulière vers l’Europe ? 

La Mauritanie est en première ligne pour accueillir les migrants venus du Mali, du Burkina Faso, du Niger. Et avec les îles Canaries, l’Espagne est la première touchée en Europe par les “boat people“, maintenant que les routes par la Méditerranée sont bloquées. D’où une présence très importante de Madrid.


Camp de réfugiés maliens de Mbera en Mauritanie. (Photo d'illustration) ©CICR
Camp de réfugiés maliens de Mbera en Mauritanie. (Photo d’illustration) ©CICR

 L’Espagne coopère intensivement avec la Mauritanie pour renforcer les capacités des autorités locales dans la lutte contre le trafic des êtres humains, le trafic illicite de migrants. Le camp de Mbera accueille 120 000 personnes, la limite de sa capacité. Au total, près de 350 000 réfugiés sont installés près de la frontière malienne. Ce sont principalement des Maliens, mais aussi parfois des Mauritaniens, qui vivaient au Mali et qui sont contraints de retourner dans leur pays.  

Mondafrique. On peut supposer que le but n’est pas pour ces réfugiés qui fuient les violences côté malien de se rendre à Nouakchott ou à Nouadhibou pour tenter ensuite de prendre une barque pour rejoindre les Canaries. 

De nombreuses ONG ainsi que plusieurs agences des Nations Unies combinent des actions d’urgence avec des programmes de développement à long terme, axés notamment sur la sécurité alimentaire. Cela passe aussi par la construction de nouvelles infrastructures (puits, forages, réseaux d’eau), la purification des sources d’eau contaminées, la construction de sites d’abreuvement pour le bétail. La construction de centres de santé, d’écoles. Sans oublier la prise en charge de la malnutrition, la promotion de meilleures habitudes d’hygiène. Ces réfugiés n’envisagent pas actuellement de retourner chez eux pour les raisons invoquées. L’Espagne est aussi en tête pour mener des actions de développement en Mauritanie.    

Mondafrique. Comment se passe l’accueil des réfugiés par les populations locales ?      

Malgré les faibles ressources naturelles de la région du Hodh Chargui, les populations locales acceptent naturellement de recevoir les réfugiés maliens, qui arrivent souvent avec leurs animaux. Ce n’est pourtant pas évident, dans un village d’un demi-millier d’âmes, de voir débarquer plusieurs milliers de malheureux qui ont tout perdu. Il est très important de distinguer deux problématiques très différentes. Celle des réfugiés qui fuient les violences et exactions et viennent trouver refuge au sud-est de la Mauritanie, et qui n’ont qu’un objectif, rejoindre leurs villages, leurs terres au Mali pour les cultiver. Et celle des migrants qui fuient la crise économique qui sévit particulièrement à Bamako et cherchent à migrer vers l’Espagne en passant par les îles Canaries.    

Mondafrique Selon une étude du Timbuktu Institute, le GSIM tente de couper les routes d’approvisionnement vers Bamako.  

Les islamistes contrôlent de plus en plus de régions autour de la capitale malienne, notamment les axes qui mènent aux ports d’Abidjan en Côte d’Ivoire et Dakar au Sénégal. Ils agissent comme les talibans en Afghanistan qui ont réussi, petit à petit, à encercler Kaboul. Le chaos n’est plus très loin dans cette partie du Sahel (Mauritanie, Burkina Faso, Niger) peuplée de 70 millions d’habitants. On peut malheureusement s’attendre au pire.

(1) « Le scénario noir d’un califat djihadiste au Sahel est désormais possible »

Le scénario noir d’un État djihadiste au Sahel est désormais possible

 

 

 

 

 

 

 

  

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Le Cesária Évora Orchestra le 6 juin à Angoulème https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-cesaria-evora-orchestra-le-6-juin-a-angouleme/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-cesaria-evora-orchestra-le-6-juin-a-angouleme/#respond Tue, 03 Jun 2025 08:58:17 +0000 https://mondafrique.com/?p=135075 Le Festival Musiques Métisses revient du 5 au 7 juin à Angoulême pour une 49e édition éclectique et festive. Point d’orgue de cette année, le concert tant attendu le 6 juin au soir.  C’est l’un des plus anciens festivals français dédiés aux musiques du monde, et l’un des plus respectés pour son engagement en faveur […]

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Le Festival Musiques Métisses revient du 5 au 7 juin à Angoulême pour une 49e édition éclectique et festive. Point d’orgue de cette année, le concert tant attendu le 6 juin au soir. 

Le groupe, formé en hommage à « la diva aux pieds nus », est composé de la fine fleur de la musique capverdienne actuelle : Ceuzany, Elida Almeida et Lucibela au chant et Teofilo Chantre à la guitare.
Le groupe, formé en hommage à « la diva aux pieds nus », est composé de la fine fleur de la musique capverdienne actuelle : Ceuzany, Elida Almeida et Lucibela au chant et Teofilo Chantre à la guitare.

C’est l’un des plus anciens festivals français dédiés aux musiques du monde, et l’un des plus respectés pour son engagement en faveur de la diversité culturelle. Du 5 au 7 juin, Angoulême vibrera au rythme de Musiques Métisses, événement pionnier dans la défense des sonorités métissées, des voix engagées et des rythmes en mouvement. À une époque où l’uniformisation musicale menace l’inspiration, ce festival reste un lieu de rencontre, d’écoute et de réinvention.

Né en 1976, le Festival Musiques Métisses a vu passer les plus grandes figures des musiques africaines, créoles, caribéennes et sud-américaines : Manu Dibango, Rokia Traoré, Amadou & Mariam, Cesária Évora elle-même… C’est dire si la présence cette année du Cesária Évora Orchestra, hommage vibrant à la diva cap-verdienne disparue en 2011, prend une dimension particulière. Ce concert événement aura lieu le vendredi 6 juin à 21h, sur la grande scène.

« Musiques métissées », une philosophie

Mais Musiques Métisses, ce n’est pas seulement des têtes d’affiche : c’est une philosophie. Celle de célébrer le croisement des cultures, d’ouvrir les oreilles et les imaginaires, de mêler les traditions aux innovations. On y vient autant pour danser que pour réfléchir, pour découvrir que pour retrouver.

Le point culminant de cette édition 2025 sera donc sans aucun doute la venue du Cesária Évora Orchestra, un collectif international composé d’anciens musiciens de la diva cap-verdienne, mais aussi de jeunes artistes influencés par son héritage. Ensemble, ils redonnent vie aux mornas, coladeiras et autres rythmes chaloupés de l’archipel, dans des arrangements à la fois respectueux et modernes.

La chanteuse mozambicaine Elida Almeida, souvent comparée à Cesária pour la profondeur de sa voix et sa grâce scénique, prêtera sa voix à ce projet. C’est donc à la fois un hommage vivant, et une transmission, une manière de montrer que la saudade cap-verdienne continue de vibrer bien au-delà des frontières insulaires.

Mais le festival ne se limite pas à ce concert phare. La programmation 2025 se veut comme toujours ouverte et défricheuse, avec des artistes venus du Brésil, du Mali, d’Algérie, d’Haïti, ou encore de la diaspora urbaine européenne. Parmi les autres noms annoncés :

Bab L’Bluz (Maroc/France) et leur rock gnawa psychédélique.
Lass (Sénégal) pour un afro-pop électrisant.
Luciane Dom (Brésil), nouvelle voix de la samba-jazz.
Moonlight Benjamin (Haïti/France), puissante prêtresse du blues vaudou.

En parallèle, le festival propose lectures musicales, rencontres littéraires, projections documentaires, ainsi qu’un espace jeune public et un village associatif. Musiques Métisses, fidèle à son nom, défend depuis toujours une approche transversale des cultures, mêlant art, mémoire, engagement et plaisir collectif.

Situé dans le centre historique d’Angoulême, entre remparts, places arborées et vieux pavés, le site du festival est aussi ce qui fait sa singularité. L’ambiance y est familiale, festive, chaleureuse, loin des festivals gigantesques où l’on s’épuise à courir d’une scène à l’autre.

Tout est pensé pour l’accessibilité : pass à prix doux, concerts en plein air, restauration du monde, ateliers participatifs. Que vous soyez en solo, en famille, entre amis ou même de passage, le festival vous tend les bras.

Infos pratiques :

Dates : du jeudi 5 au samedi 7 juin 2025
Lieu : Angoulême, différents sites autour du centre-ville
Concert phare : Cesária Évora Orchestra – vendredi 6 juin à 21h
Tarifs : pass journée ou 3 jours à prix accessible (réductions pour jeunes et familles)
Billetterie en ligne : musiques-metisses.com
Accès facile depuis Paris (2h10 en train direct)

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Là où le sable se souvient https://mondafrique.com/loisirs-culture/la-ou-le-sable-se-souvient/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/la-ou-le-sable-se-souvient/#respond Tue, 03 Jun 2025 08:31:21 +0000 https://mondafrique.com/?p=135068 Dans la constellation déjà riche de la littérature française contemporaine s’interrogeant sur les tréfonds de l’histoire et de la mémoire juives, Didier Nebot inscrit avec Le Codex de Qumran une œuvre singulière, d’une ambition narrative et thématique qui force le respect. Une chronique de Jean Jacques Bedu Didier Nebot, Le Codex de Qumran, Éditions Erick Bonnier, […]

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Dans la constellation déjà riche de la littérature française contemporaine s’interrogeant sur les tréfonds de l’histoire et de la mémoire juives, Didier Nebot inscrit avec Le Codex de Qumran une œuvre singulière, d’une ambition narrative et thématique qui force le respect. Une chronique de Jean Jacques Bedu

Didier Nebot, Le Codex de Qumran, Éditions Erick Bonnier, 14/11/2024, 320 pages, 22 €.

Loin d’offrir une simple fresque, l’auteur, connu pour son engagement à exhumer les récits oubliés et les douleurs rentrées – pensons à ses explorations antérieures des sagas sépharades ou des drames de l’Algérie française –, nous convie ici à une traversée où le temps lui-même semble se plier, se fracturer. L’intrigue s’articule autour d’un médecin parisien contemporain dont la vie bascule, le propulsant dans une quête ésotérique où se mêlent prémonitions, coïncidences troublantes et l’ombre d’un mystérieux manuscrit, liant son destin à l’écho séculaire des souffrances et des espérances du peuple juif. Ce roman, à la structure audacieuse est une méditation sur l’entrelacs du spirituel et du tellurique, du mystique et du politique, du personnel et du collectif, dont les résonances se propagent jusqu’à l’onde de choc de nos jours les plus sombres.

 naissance et martyre de Be’eri

Le roman s’ouvre sur un saisissant diptyque temporel qui, d’emblée, arrache le lecteur à toute linéarité convenue. D’un côté, l’horreur brute, presque indicible, du massacre du kibboutz de Be’eri en octobre 2023, évoquée avec une sobriété qui en décuple la violence ressentie ; de l’autre, soixante-dix-sept ans plus tôt, en 1946, l’acte fondateur, l’espoir incarné dans la boue et le sable du Néguev, alors que ce même Be’eri sort de terre sous l’impulsion de pionniers aux mains calleuses et aux cœurs ardents. C’est dans cet entre-deux vertigineux que Didier Nebot déploie la genèse de son intrigue, nous présentant d’abord les figures matricielles de Mendel Chouraqui et Gabriel Rosenberg, deux jeunes Juifs algérois, emportés par le souffle d’une histoire qui les dépasse et qu’ils contribuent pourtant à façonner. Le premier, plus ancré, semble porter la mémoire de l’exil nord-africain ; le second, dont la famille ukrainienne a été décimée lors des pogroms de 1919, incarne la tragédie ashkénaze et une soif inextinguible de réparation, de reconstruction. Autour d’eux gravite la lumineuse Éva Moatti, infirmière et petite-cousine de Mendel, dont le destin, d’une manière emblématique de la fragilité de toute existence en ces terres promises et contestées, sera tragiquement fauché. C’est par ces premières strates narratives que s’insinuent les thèmes cardinaux : l’exil comme condition ontologique, la reconstruction, non seulement matérielle mais spirituelle, la foi comme levier face à l’adversité, et la mémoire, à la fois fardeau et boussole. Puis, surgissant d’une autre strate temporelle, le personnage de Salmon Chouraqui, médecin parisien d’origine algérienne, qui, des décennies plus tard, entre 1984 et 2000, se trouve confronté à des phénomènes étranges, des prémonitions, des visions, qui le lient de manière inexplicable aux manuscrits de Qumran et à une quête ésotérique. Il est celui par qui le mystère s’épaissit, par qui l’histoire se mue en une herméneutique des signes et des âmes.

Les pionniers, les prophètes et l’ombre des Esséniens

La narration de Didier Nebot progresse par strates et ricochets, tressant ensemble les fils de l’histoire collective et des destinées individuelles. L’épisode de la fondation de Be’eri en 1946, point d’ancrage du roman, illustre avec une force poignante l’incarnation du sionisme, non seulement comme projet politique (la déclaration Balfour de 1919 et la figure de Ben Gourion sont discrètement mais fermement présentes en filigrane), mais comme impératif spirituel. C’est une réponse à la Shoah, aux pogroms, un acte de foi en l’avenir arraché au désert. L’idéal du kibboutz, cette utopie collectiviste née de la nécessité et de la ferveur, prend corps sous nos yeux, porté par des hommes et des femmes dont la diversité des origines – Sépharades d’Algérie, Ashkénazes rescapés d’Europe – souligne l’universalité de l’aspiration au retour. Les descriptions de cette “conquête du Néguev” sont imprégnées d’une palpable tension, la joie de construire se mêlant à la conscience des périls. Éva Moatti, avec son dévouement d’infirmière et son amour naissant pour Gabriel, symbolise la place cruciale, souvent idéalisée mais ici rendue avec justesse, des femmes dans cette épopée.

La trame se complexifie avec l’introduction des récits familiaux éclatés, qui s’étendent des années 1980 au seuil du nouveau millénaire. C’est ici que Salmon Chouraqui, probable descendant de ces pionniers ou d’une branche exilée, entre en scène. Avec lui, c’est le traumatisme post-colonial des Juifs d’Algérie qui affleure – les non-dits de l’exil de 1962, la violence sourde de l’OAS, les épreuves comme celle du “Camp du Maréchal“, où des jeunes sont parqués pour “vérification des identités“. Didier Nebot manie avec une subtilité douloureuse cette mémoire des “Français d’Algérie“, cette identité fracturée, transmise ou tue de génération en génération. La succession de son père, en 1984, semble agir comme un catalyseur, déclenchant chez Salmon une série de perceptions extra-sensorielles, un éveil à une “connaissance exacerbée” qui le projette hors du rationalisme médical qui le définissait.

C’est par Salmon que le roman bascule dans une dimension ouvertement mystique, voire ésotérique. Des rêves prémonitoires, des coïncidences troublantes, une attraction irrépressible vers les manuscrits de la mer Morte et les mystères de Qumran structurent sa quête. Le romancier explore ici la tension entre science et mysticisme, foi et archéologie. Le “codex” éponyme devient l’objet d’une recherche fiévreuse, promesse d’une révélation, peut-être d’une clé pour comprendre les malheurs du monde ou le sens caché de l’histoire. La figure des Esséniens, cette communauté juive dissidente du Second Temple, hante les pages, avec leur vision d’un judaïsme pur, leur attente messianique, leur retrait du monde. La fascination de Salmon pour ces textes anciens, qu’il relie à une “destinée magique de l’arche sainte” entrevue dans un livre énigmatique, n’est pas qu’intellectuelle : elle est existentielle, le propulsant dans une relecture de sa propre vie à l’aune de concepts comme la réincarnation, la transmission des âmes, la prophétie. L’imaginaire biblique et apocalyptique imprègne ces passages, conférant au roman une profondeur spirituelle qui transcende la chronique historique. La question de la transmission intergénérationnelle se pose alors non plus seulement en termes de mémoire historique, mais de legs spirituel, voire karmique.

Un miroir romanesque tendu à nos blessures géopolitiques

Le roman ne se dérobe jamais aux échos du présent. Au contraire, elle y puise une partie de sa force, de son urgence. Le Codex de Qumran se lit comme un miroir tendu aux fractures de notre temps. La question palestinienne, si elle n’est pas le sujet central du livre, imprègne l’arrière-plan de cette histoire de pionniers et d’exilés. La fondation d’Israël est montrée dans sa complexité originelle, comme un acte de survie et d’espérance pour un peuple marqué par la Shoah et les pogroms, mais aussi comme le germe d’un conflit qui ensanglante encore la région. L’évocation de l’accord avorté entre Fayçal et Weizmann, l’ascension du Grand Mufti Husseini, ou plus tard les tensions post-1948, sont autant de jalons rappelant l’inextricable enchevêtrement des légitimités et des douleurs.

Au-delà du contexte israélo-palestinien, le roman touche aux conflits identitaires plus larges qui secouent notre époque. L’exil, la mémoire, la quête de racines sont des thèmes universels qui parlent à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, se sentent dépossédés de leur histoire ou de leur lieu. En cela, le message de paix que Didier Nebot semble vouloir distiller à travers les péripéties de ses personnages revêt une actualité poignante. Ce n’est pas une paix naïve, mais une paix qui se fonderait sur la reconnaissance mutuelle, le dialogue des cultures et des mémoires. Le personnage de Gabriel Rosenberg, juif ukrainien réfugié en Algérie puis pionnier en Israël, portant en lui le souvenir de massacres et la tragédie de la solution finale, incarne cette nécessité d’une anamnèse collective pour espérer un avenir partagé. Le rêve d’un Israël spirituel et éclairé, non belliqueux, tel qu’il transparaît dans l’idéal des premiers kibboutzim ou dans la quête mystique de Salmon, est peut-être l’utopie discrète que le romancier offre à ses lecteurs. Un Israël fidèle à ses racines éthiques et prophétiques, capable de transcender les impasses du présent.

La conclusion du roman, que nous ne dévoilerons pas, invite à une vigilance constante, à un travail de mémoire inlassable, et à une conscience aiguë de la manière dont les temps s’entrelacent, dont le passé informe le présent et dont nos choix actuels dessinent l’avenir. Le Codex de Qumran est une œuvre exigeante, parfois déroutante dans ses entrelacs temporels et thématiques, mais toujours portée par une écriture sensible et une profonde humanité. Elle nous rappelle, pour citer le roman lui-même lorsque Itzhak, le chef du groupe de pionniers s’adresse à eux : “Plus jamais de massacres, plus jamais de persécutions, plus jamais d’extermination. Voilà votre mission, vous les nouveaux bâtisseurs.” Un appel qui, aujourd’hui plus que jamais, résonne avec une douloureuse acuité.

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