Mondafrique https://mondafrique.com/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Thu, 30 Oct 2025 12:07:40 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Mondafrique https://mondafrique.com/ 32 32 Le président Kaïs Saïed place la Tunisie sous protectorat algérien (1er volet) https://mondafrique.com/a-la-une/kais-saied-met-la-tunisie-sous-protectorat-algerien/ https://mondafrique.com/a-la-une/kais-saied-met-la-tunisie-sous-protectorat-algerien/#respond Thu, 30 Oct 2025 11:08:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141866 Le 7 octobre dernier, un accord de coopération militaire et sécuritaire était signé entre Saïd Chengriha et Khaled Sehili, les ministres de la Défense respectifs de l’Algérie et de la Tunisie, dont le contenu n’a été que partiellement rendu public mais qui entérine la mainmise de l’Algérie sur « la 59 eme wilaya » qu’est souvent la […]

Cet article Le président Kaïs Saïed place la Tunisie sous protectorat algérien (1er volet) est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le 7 octobre dernier, un accord de coopération militaire et sécuritaire était signé entre Saïd Chengriha et Khaled Sehili, les ministres de la Défense respectifs de l’Algérie et de la Tunisie, dont le contenu n’a été que partiellement rendu public mais qui entérine la mainmise de l’Algérie sur « la 59 eme wilaya » qu’est souvent la Tunisie aux yeux d’Alger. Cet accord intervient après l’attaque d’Israël contre la flottille pour Gaza au large de Tunis. Aussi discret que décisif, ce texte n’a donné lieu à aucun communiqué officiel à Tunis de la présidence, du ministère de la Défense ou des Affaires étrangères.

Plus qu’un article journalistique ou une libre tribune, il s’agit ici d’un document historique que Mondafrique publie ce 30 octobre. Son auteur, Mezri Haddad, une des figures emblématique du bourguibisme, y retrace sans concession la longue vassalisation de son pays par le voisin algérien.

Mezri Haddad

Ancien chargé de mission auprès de la présidence tunisienne (2002), ex-Ambassadeur auprès de l’UNESCO (2009), docteur en philosophie morale et politique de la Sorbonne.

La mise de la Régence de Tunis sous tutelle française

Près d’un siècle et demi s’est écoulé sur le traité du Bardo, appelé aussi traité Ksar Saïd (!), signé le 12 mai 1881 par Sadok Bey, le souverain tunisien, son premier-ministre Mustapha Ben Ismaïl, le consul français Théodore Roustan et le général Bréart. Ce traité, « un modèle de concision avec ses dix articles » (Mansour Moalla, L’Etat tunisien et l’indépendance, 1992, p. 75) complété par la convention de La Marsa du 8 juin 1883, établissait officiellement la mise de la Régence de Tunis sous tutelle française. Raison invoquée par la Métropole, la pacification et la sécurisation des frontières tuniso-algériennes à la suite des incursions des Kroumirs en territoires français, l’Algérie étant depuis 1830 une colonie française. Au lendemain de la signature de ce traité, Jules Ferry, président du Conseil des ministres, déclarait qu’il « faut que la Tunisie soit sous notre dépendance tant qu’elle ne méritera pas notre confiance et notre amitié ». Il ne parlait pas encore de protectorat mais de « traité de paix » ou « traité de garantie » pour préserver la colonie algérienne de ces « brigands et sauvages » Kroumirs tunisiens.

De la Régence française….

A cette nouvelle forme de colonisation déjà pratiquée par les Anglais (indirect rule), on avait trouvé une jolie et presque sympathique dénomination : le protectorat, qui sera également appliqué plus tard au Maroc (1912). Il ne consistait pas à « conquérir un pays, encore moins de l’assimiler ou l’annexer ; mais, en s’appuyant sur ses structures propres et les élites locales, et en exerçant en son nom les pouvoirs régaliens, il s’agit pour la puissance protectrice de contrôler son administration tout en renforçant l’assise du pouvoir central en place » (Claude Franc, revue Défense Nationale, vol. 823, Paris, 2019).

En droit international, le protectorat est « un régime juridique, généralement fixé par un traité international, selon lequel un État puissant, en échange de sa protection, exerce un contrôle sur un autre État en prenant en charge les relations extérieures, la sécurité et parfois une partie de l’administration de ce dernier, lequel conserve toutefois sa personnalité internationale ». Mais comme l’avait écrit Charles-André Julien dans son remarquable Et la Tunisie devint indépendante, « tout en répudiant le système colonial, cette situation ressemblait fort à une annexion qui ne disait pas son nom ».

Contrairement donc aux casuistiques juridico-idéologiques qu’on a vu refleurir en Tunisie ces dernières années, y compris dans la bouche de Kaïs Saïed qui en était devenu le président -lors de son interview affligeante du 23 juin 2020 sur France24-, de facto, il n’existe strictement aucune différence entre protectorat et colonie. 

« Le protectorat nous apparait ainsi comme une sorte de conquête morale précédant et justifiant par la suite la conquête matérielle, c’est-à-dire l’annexion pure et simple » (Frantz Despagnet, Essai sur les protectorats, 1896). 

On connaît la suite : 75 ans de présence coloniale française tantôt politiquement défiée par les indépendantistes destouriens, tantôt violemment combattue par la résistance armée, au bout desquels la Tunisie accédait à l’indépendance le 20 mars 1956, sous la présidence du « combattant suprême », Habib Bourguiba. Une indépendance dont on avait dit, y compris des Tunisiens parmi lesquels celui qui fait office de président aujourd’hui, reprenant la rhétorique youssefiste, qu’elle était peu glorieuse, « impure », voire « incomplète », ayant été obtenue par des voies juridico-contractuelles en deux étapes : l’autonomie interne signée le 3 juin 1955, puis l’indépendance « formelle » proclamée le 20 mars 1956.

L’ultime guerre de libération de Bizerte (1961/1963)

A l’inverse donc du roman national algérien suivant lequel l’indépendance algérienne, « pure », « révolutionnaire » et « intégrale », qui a été arrachée au prix d’un millions de martyrs. Sans doute, mais l’or, si pur soit-il, ne l’est jamais à 100% ! Le dernier soldat français à quitter le sol tunisien le 15 octobre 1963, le contre-amiral Vivier, le fait deux ans après la guerre de libération de Bizerte. Le dernier détachement militaire français à quitter le sol algérien, en l’occurrence la base aérienne de Bou Sfer, c’était en avril 1971, sous la présidence de Boumediene ! L’année 1971 est aussi la date de nationalisation des hydrocarbures !         

Scène mémorable et hautement significative, le 12 mai 1964 -comme un clin d’œil au 12 mai 1881- l’année même où la France inaugurait l’ouverture de sa base de Bou Sfer non loin d’Oran alors que l’Algérie est censée être indépendante depuis deux ans (1962), Bourguiba signait le texte promulguant la nationalisation des terres sur le même guéridon ayant servi à la signature du traité du Bardo.

…Au protectorat algérien

Celui qui incarna héroïquement la lutte pour l’indépendance, puis magistralement l’édification de l’Etat-Nation, disait en substance que « si un jour, par malheur, la Tunisie devait à nouveau subir les heures sombres du colonialisme, ce ne serait pas la faute des autres mais à causes de ses propres enfants ». Il enseignait aussi, « Souvenez-vous de ces paroles lorsque je ne serai plus parmi vous : ne retombez pas dans la discorde car la nation se dispersera alors, l’Etat perdra de son prestige, nous serons la proie d’autres pays et nous reviendrons à la situation d’avant le protectorat ». Depuis le 7 octobre dernier, ces paroles de Bourguiba résonnent comme une fatalité prophétique.  Le plus grand dramaturge de la Grèce antique, Eschyle, ne disait-il pas que « Les dieux aident ceux qui conspirent à leurs propres pertes » ?

Le 7 octobre 2025, à Alger, en effet, l’insignifiant ministre tunisien de la Défense, un certain Khaled Sehili, signait avec l’inamovible et puissant général algérien Saïd Changriha, chef d’état-major de l’ANP depuis 2019, un accord de coopération militaire et sécuritaire qui, selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien, constitue « une étape marquante dans l’histoire des relations entre les deux pays » et une « avancée majeure » dans le renforcement de leur coopération militaire. À l’exception du quarteron de généraux qui ont été dévoyé par Kaïs Saïed pour assurer la pérennité de son pouvoir illimité, illégal et illégitime, nul en Tunisie ne connaît l’exact contenu de cet énigmatique accord dont les Tunisiens n’ont appris l’existence que par le biais de la presse algérienne. Ni les organisations nationales mises au pas, ni la cheffe de son énième gouvernement, ni ses ministres interchangeables, ni même son parlement décoratif n’ont été consulté. 

Persuadé de son intelligence exceptionnelle, de son génie inégalable, voire de son infaillibilité pontificale, le satrape de Carthage ne rend compte à personne. De même que pour le torchon constitutionnel qu’il s’est confectionné à sa juste taille, il rédige et scribouille solitairement des accords, notamment celui qu’il a conclu avec Giorgia Meloni, qui a fait de la Tunisie un immense refuge de migrants Subsahariens affluant des frontières algériennes. Véritable passoire, celles-ci sont curieusement moins sécurisées que nos frontières avec la Libye, qui est pourtant dans la situation que chacun sait. Kaïs Saïed décide seul, quitte à brader la souveraineté du pays et à mettre en péril l’existence même de l’Etat-Nation tunisien.

« Celui qui ne connait pas l’histoire est condamné à la revivre » Karl Marx

Pour avoir été ambassadeur, je sais que les accords entre pays, c’est comme en exégèse coranique : il y a le Dâahir (apparent) et le Bâatin (occulte). En termes plus clairs, il y a dans un accord bilatéral stratégique ce qui est impropre à la consommation locale et ce qui lui est digeste, à l’instar d’ailleurs des accords d’Evian qui reconnaissaient le principe de l’indépendance algérienne en 1962, tout en permettant à la France d’effectuer tous ses essais nucléaires et de n’évacuer définitivement les territoires algériens qu’en 1971. Il en va de même de l’accord du 7 octobre 2025 qu’on peut déjà baptiser Ksar Saïd2, Saïd ne renvoyant pas au lieu de sa signature comme jadis (1881), mais au prénom de celui qui préside aux destinées de la Tunisie depuis 2019. Commentant ironiquement une pensée hégelienne, Marx écrit que « Tous les grands événements et personnages de l’histoire du monde se produisent pour ainsi dire deux fois… la première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide » !

Une menace existentielle pour la Tunisie

Si opaque soit-il, et en raison même de son opacité manifeste, cet accord ou plutôt traité dont une copie arabe en sept points aurait fuité, constitue une menace existentielle pour la Tunisie. Intitulé Protection de la confidentialité des informations, le septième point stipule précisément que « Les deux parties s’engagent à préserver strictement la confidentialité des informations échangées dans le cadre du présent accord… ». Voici pour l’opacité affichée et assumée.

Le troisième point, Surveillance des frontières et lutte contre la contrebande, précise quant à lui que « Les deux parties coopèrent pour surveiller et sécuriser les frontières communes… », ajoutant dans son point 5 que, « Dans le cadre du suivi opérationnel et de la traque des éléments terroristes dangereux, il est permis à la partie algérienne, après coordination préalable avec les autorités tunisiennes compétentes, de pénétrer sur le territoire tunisien dans une limite ne dépassant pas cinquante les 50 kilomètres… ». Ce traité inégal ne fait mention d’aucune réciprocité en faveur des forces sécuritaires tunisiennes!

« L’Algérie considère souvent comme un poste avancé de son propre territoire » (Jeune Afrique, 8 octobre 2025)

Quant au point 6, Exclusivité de la coopération sécuritaire et de défense, il prévient que « La deuxième partie ne pourra, après la signature du présent accord, conclure aucun accord ou partenariat avec une partie étrangère dans les domaines sécuritaires ou de défense liés aux dispositions du présent accord, sans coordination préalable et obtention d’un accord écrit préalable de la première partie ». Disposition qui me rappelle d’ailleurs une autre, figurant dans le traité du 6 janvier 1970 (j’y reviendrai plus loin) et relatif au règlement du litige frontalier entre Alger et Tunis, stipulant « …l’engagement de n’adhérer à aucun pacte ni à aucune coalition dirigée contre l’une des deux partis » !

Depuis la nuit des temps, la sempiternelle sécurisation des frontières a toujours servi de prétexte au puissant pour assujettir le faible. L’article 2 du traité de Ksar Saïd (K.S 1881) proclamait que « S.A. le Bey de Tunis consent à ce que l’autorité militaire française fasse occuper les points qu’elle jugera nécessaires pour le rétablissement de l’ordre et la sécurité de la frontière et du littoral ». A cette différence près que c’est le pistolet à la tempe que Sadok Bey a fini par ratifier le traité de Ksar Saïd, non sans avoir bien auparavant envoyé son frère Ali Bey, l’héritier du trône, à la tête de 3000 hommes dans la zone du Nord-ouest.

Sur les raisons de cette expédition, les historiens divergent : soit que les troupes tunisiennes sont censées montrer au gouvernement français que le Bey a la volonté de pacifier la frontière et de protéger ainsi les intérêts français, soit qu’il s’agit d’une manœuvre pour surveiller les agissements des troupes françaises et si besoin les affronter, nonobstant les disparités en nombre et en équipement. Quant à l’actuel usurpateur de Carthage, il n’a pas eu besoin de forcer sa nature pour dépêcher à Alger son ministre de la Défense, chargé de ratifier un traité conçu, voulu et dicté par le « grand frère » algérien.

En réalité, la Tunisie, mais aussi l’Algérie, n’avaient nullement besoin d’un nouveau traité. Les précédents accords et conventions bilatérales, notamment celle de 2001 sous la présidence de Bouteflika et Ben Ali, étaient largement suffisants. La dynamique créée par Kaïs Saïed en 2025 « conforte la position dominante de l’armée algérienne au Maghreb central, mais accentue la dépendance militaire tunisienne dans un contexte de fragilité institutionnelle et économique à Tunis (APANews, 10 octobre 2025). Effectivement, « ni l’Algérie ni la Tunisie ne font l’objet de menaces extérieures majeures nécessitant la conclusion d’un tel accord. Il s’agit plutôt, de renforcer la vassalisation de la Tunisie, et d’acter une supériorité face à ce pays voisin pris au piège de la politique interventionniste algérienne » (Hespress, 10 octobre 2025).

Cet interventionnisme algérien ne date pas d’aujourd’hui, mais remonte à plus d’un demi-siècle. Il n’affecte pas uniquement la Tunisie, mais d’autres pays à commencer par les voisins immédiats.

Dans le deuxième volet de cette étude très documentée, Mezri Haddad reviendra sur « les litiges frontaliers entre Alger et ses voisins marocain et tunisien » au lendemain des Indépendances.

MEZRI HADDAD: À MES COMPATRIOTES QUI NE DÉFENDENT PAS LEUR PAYS

À une certaine époque de ma vie, particulièrement en 2011-2013, j’avais plus d’amis Algériens que Tunisiens, ces derniers me reprochant d’avoir dénoncé leur « révolution du jasmin » et révélé la face cachée du « printemps » dit « arabe ». Beaucoup de ces amis Algériens nous ont quitté depuis, notamment l’inoubliable Sid-Ahmed Ghozali, Khaled Nezzar et récemment Ahmed Taleb Ibrahimi. Ceux que j’en compte encore et qui ne sont pas forcément des politiques seraient surpris à la lecture de cette tribune, peut-être même déçus. Qu’ils veuillent bien ne pas m’en tenir rigueur d’être ce qu’ils sont : un patriote redevable à son pays et viscéralement attaché à son indépendance.

« Tant pis si ce que je vais dire va blesser…Qu’importe : mieux vaut être haï de ceux qu’on aime que d’être contraint à les haïr soi-même », écrivait Régis Debray en 1978. Cette tribune ne vise d’ailleurs pas le vaillant peuple algérien, ni ses élites intellectuelles ou politiques, ni même le régime en tant que tel. Je ne peux pas leur reprocher de défendre les intérêts de leur pays, si contestables et condamnables soient les moyens d’y parvenir.

C’est à mes compatriotes que je reproche le fait de ne pas défendre l’honneur, la dignité et la souveraineté de leur pays, comme jadis et naguère leurs aïeux. Plus exactement ceux qui savent mais se taisent, par lâcheté, par nonchalance, par résignation, ou par trahison. Quant à ceux qui ignorent, désormais, ils savent.

 

 

Cet article Le président Kaïs Saïed place la Tunisie sous protectorat algérien (1er volet) est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/a-la-une/kais-saied-met-la-tunisie-sous-protectorat-algerien/feed/ 0
Les atrocités massives des Forces de soutien rapide au Soudan https://mondafrique.com/confidentiels/les-atrocites-massives-des-forces-de-soutien-rapide-au-soudan/ https://mondafrique.com/confidentiels/les-atrocites-massives-des-forces-de-soutien-rapide-au-soudan/#respond Thu, 30 Oct 2025 10:56:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=141856 Les Forces de soutien rapide des rebelles alliés aux Émirats Arabes Unis qui se sont emparées d’El Fasher, la capitale de la province du Darfour du Nord au Soudan, sont accusées d’abus contre les civils en fuite       (Nairobi, 29 octobre 2025) – De nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux ces derniers […]

Cet article Les atrocités massives des Forces de soutien rapide au Soudan est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Les Forces de soutien rapide des rebelles alliés aux Émirats Arabes Unis qui se sont emparées d’El Fasher, la capitale de la province du Darfour du Nord au Soudan, sont accusées d’abus contre les civils en fuite

 

 

 

(Nairobi, 29 octobre 2025) – De nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux ces derniers jours montrent les Forces de soutien rapide (FSR) en train d’exécuter sommairement des civils et de commettre d’autres violations graves des droits humains contre les habitants fuyant El Fasher, la capitale du Darfour du Nord, rapporte Human Rights Watch.

La population tente de fuir la ville depuis la prise de contrôle des FSR le 26 octobre 2025, qui marque la fin d’un siège de dix-huit mois et de violentes offensives ayant provoqué la famine dans les camps de déplacés à l’intérieur et autour d’El Fasher.
Ces attaques contre des civils en fuite font craindre le pire pour les dizaines de milliers de personnes encore bloquées sur place la semaine dernière.

« Les images terrifiantes venues d’El Fasher rappellent tristement le lourd passé des FSR en matière d’atrocités de masse », déclare Federico Borello, directeur exécutif par intérim de Human Rights Watch.
« Sans une action urgente de la communauté internationale, les civils risquent de subir de nouveaux crimes d’une cruauté extrême. Les alliés des FSR, notamment les Émirats arabes unis, doivent faire pression sur leurs dirigeants pour qu’ils contrôlent leurs troupes, tandis que les grandes puissances doivent prendre des mesures fortes contre la hiérarchie du mouvement. »

Human Rights Watch appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à intervenir d’urgence pour empêcher de nouvelles atrocités.
L’organisation demande également aux responsables des États-Unis, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et des Émirats arabes unis – le groupe diplomatique dit du « Quad », récemment réuni à Washington – de tenir les dirigeants des FSR pour responsables de leurs crimes, notamment par des gels d’avoirs et des interdictions de voyage immédiates.

Cet article Les atrocités massives des Forces de soutien rapide au Soudan est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/confidentiels/les-atrocites-massives-des-forces-de-soutien-rapide-au-soudan/feed/ 0
Combat de sumo en Corée entre Trump et Xi Jinping https://mondafrique.com/a-la-une/combat-de-sumo-en-coree-entre-trump-et-xi-jinping/ https://mondafrique.com/a-la-une/combat-de-sumo-en-coree-entre-trump-et-xi-jinping/#respond Thu, 30 Oct 2025 10:31:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141732 L'objectif de ce sport étant de pousser son opposant hors du ring ou de le faire tomber au sol.

Cet article Combat de sumo en Corée entre Trump et Xi Jinping est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le sumo est la lutte traditionnelle japonaise dans laquelle deux adversaires de forte corpulence s’affrontent au corps à corps. L’objectif de ce sport étant de pousser son opposant hors du ring ou de le faire tomber au sol. C’est à un spectacle comparable que la planète toute entière est conviée lors de la rencontre des Présidents américain et chinois en Corée ce jeudi 30 octobre

Les enjeux économiques & commerciaux

  1. Décongélation partielle de la « guerre commerciale »

    • Les États-Unis ont menacé d’imposer des droits de douane supplémentaires à hauteur de 100 % sur les exportations chinoises à compter du 1er novembre si aucun accord n’était trouvé. Politico+2Reuters+2

    • De l’autre côté, la Chine a annoncé des contrôles d’exportation sur les terres rares et certains composants technologiques, ce qui représente un levier stratégique pour Pékin. Reuters+1

    • Résultat : un cadre d’accord (« framework ») a été formalisé peu avant la rencontre, prévoyant un report des mesures les plus drastiques et une reprise partielle des importations de soja américain par la Chine. The Guardian+1

  2. Accès aux technologies stratégiques & chaînes d’approvisionnement

    • Les terres rares, aimants, semi-conducteurs, etc., sont au cœur de la rivalité technologique entre les deux pays. Ces matériaux sont essentiels pour les véhicules électriques, les systèmes de défense, etc. Reuters+1

    • Pour les États-Unis, limiter la dépendance à la Chine est prioritaire. Pour la Chine, maintenir sa position dominante ou sa marge de manœuvre dans ces filières est un enjeu de souveraineté industrielle.

  3. Effet sur les agriculteurs et l’économie américaine

    • La reprise des achats de soja par la Chine est une concession attendue pour alléger la pression portée sur les exploitants agricoles américains. The Guardian

    • Pour les entreprises globales, tout désamorçage de la tension commerciale peut représenter un soulagement (risque de hausse des coûts, implants de production, etc.).


Les enjeux géopolitiques & stratégiques

  1. Position sur Taïwan et la région Asie-Pacifique

    • Le dossier de Taïwan constitue une arrière-scène importante. Bien que ce ne soit pas forcément au centre de l’agenda affiché, il pèse sur la confiance mutuelle et les attentes stratégiques. Reuters

    • Dans le contexte du sommet APEC en Corée du Sud, la posture américaine dans la région Asie-Pacifique (alliés, chaînes d’approvisionnement, sécurité maritime) est en jeu.

  2. Crise des stupéfiants et responsabilité chinoise

    • M. Trump a mis en avant la question de l’importation de précurseurs de fentanyl depuis la Chine comme une priorité des discussions. Reuters+1

    • Cela donne un levier de négociation que les États-Unis vont vouloir exploiter.

  3. Rééquilibrage de l’ordre mondial

    • La Chine insiste pour que l’agenda soit fondé sur un « système commercial libre et fondé sur des règles », en mettant en garde contre un retour au « droit de la jungle ». The Times of India

    • Pour les États-Unis, il s’agit d’afficher une posture ferme mais désireuse d’un retour à la coopération, afin de maintenir une influence globale.

Cet article Combat de sumo en Corée entre Trump et Xi Jinping est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/a-la-une/combat-de-sumo-en-coree-entre-trump-et-xi-jinping/feed/ 0
Madagascar, un nouveau gouvernement savamment dosé https://mondafrique.com/a-la-une/madagascar-un-nouveau-gouvernement-savamment-dose/ https://mondafrique.com/a-la-une/madagascar-un-nouveau-gouvernement-savamment-dose/#respond Thu, 30 Oct 2025 09:07:43 +0000 https://mondafrique.com/?p=141844 La fronde des organisations professionnelles qui menacent de faire grève sera la principale difficulté à laquelle feront face ces nouveaux responsables.

Cet article Madagascar, un nouveau gouvernement savamment dosé est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Après une dizaine de jours d’attente, le nouveau Gouvernement a finalement vu le jour. 29 ministres, dont 10 femmes, ont pris part ce 28 octobre 2025 au Premier Conseil de Gouvernement, durant lequel le Premier ministre, Herintsalama Rajaonarivelo, un homme d’affaires qui a le soutien d’intérèts financiers traditionnellement puissants, a donné les consignes pour mettre en œuvre « les orientations et la vision définies pour le redressement et le développement rapides du pays ». 

Les membres du gouvernement seront jugés à l’œuvre, le président ayant d’emblée déclaré que l’absence de résultats aux termes de deux mois conduira au limogeage du ministre défaillant. La fronde des organisations professionnelles sera la principale difficulté à laquelle feront face ces nouveaux responsables. En effet, les syndicats des magistrats, des agents pénitentiaires , des enseignants et de certains ministères menacent de faire grève pour différentes raisons dans les prochains jours. Bien que le taux de syndicalisation soit faible dans le milieu travailleur malgache, ces organisations gardent une capacité de nuisance certaine.

Daniel Sainte-Roche

En quête de stabilité, le Premier ministre a voulu doser savamment la configuration de son gouvernement. Sept figures politiques bien connues de l’opposition siègent ainsi aux côtés de dix huit personnalités issues de la société civile et de trois hauts gradés des forces de sécurité.

Trois sécuritaires à des postes clés

Enfin les ministres issus des forces de sécurité ont été scrupuleusement choisis pour assurer la stabilité au niveau des hommes en treillis. La nomination du Général de Division RAZAFITOMBO  au ministère de la Défense est la grande fierté des anciens du Sacré- Cœur Tsianaloky à Tuléar, la capitale du Sud de Madagascar.

Le Général de Division BAMA MARINA, ministre délégué à la Gendarmerie, fut ancien Commandant de groupement de la Gendarmerie d’Antsirabe, et a su tisser des liens étroits avec plusieurs promotions de l’Académie militaire de la même ville.

L’Inspecteur général de police ERICK MICHEL IDRISS À, nommé ministre de la Sécurité publique, a déjà dirigé le ministère en 2018, et a apporté d’importants changements au niveau du ministère et de la police nationale.

Les nominations à caractère politique.

Lobo Hanitriniaina RAZAFIMANANTSOA , députée du premier arrondissement d’Antananarivo, a été nommée ministre d’Etat auprès de la présidence chargée de la refondation. Avocate de profession, elle est devenue incontournable dans le paysage politique en remportant les élections législatives en 2013 puis en 2019 dans une circonscription qui est parmi les plus populeuses à Madagascar.

Christine Harijaonina RAZANAMANASOA , ancienne Présidente de l’Assemblée nationale avant son expulsion du parti TGV en 2024, fut une compagnon de lutte de Andry Rajoelina qui l’a nommée plusieurs fois ministres de 2009 à 2013. Devenue opposante à Rajoelina sans rejoindre le camp de l’opposition officielle, elle doit son retour au gouvernement à sa grande influence dans la province de Fianarantsoa, un bastion de l’ancien régime.

Fanirisoa Ernaivo, l’icône de l’opposition malgache en exil 

Fanirisoa ERINAIVO  a été nommée Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Figure de la diaspora en France, sa nomination est largement bien vue par l’opinion publique malgache qui attend de cette ex-magistrate un assainissement à grande échelle. Le camp Andry Rajoelina l’accuse de réclamer le ministère de la Justice juste pour une quête de vengeance.

Alain  Désiré RASAMBANY  occupe le poste de ministre de la Jeunesse et des Sports. Il est le secrétaire général du parti HVM de l’ancien président Hery Rajaonarimampianina. Le HVM forme avec le TIM et les pro-Siteny le noyau de la mouvance d’opposition Firaisankina à l’Assemblée nationale.

Le Général de Division René de Rolland Urbain LYLISON a hérité du ministère de l’Aménagement du territoire et des Services fonciers. Exécutant des basses œuvres de Andry Rajoelina pendant la période de transition de 2009, il a été récompensé du poste de Gouverneur de la région de Sofia. Briguant le secrétariat d’Etat à la gendarmerie, il a été éconduit par l’ancien régime sous l’instigation du Général Baomba. Il a profité du mouvement Gen Z pour rejoindre le camp du Capsat.

Lucie VOLOLONIAINA , ancien membre du Conseil municipal d’Antananarivo, est affectée au ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Elle est l’initiatrice, avec deux autres conseillers municipaux, des manifestations du 25 septembre 2025.

Fenosoa GASCAR , député du 3e arrondissement d’Antananarivo, est devenu ministre de la Communication et de la Culture. La nomination de cet ancien journaliste constitue un retour d’ascenseur à l’endroit de ces députés qui ont organisé le retournement des députés indépendants et de la destitution de Andry Rajoelina.

Les 21 autres ministres plus « techniques »

Parmi les plus connus, citons en premier lieu le Dr Herinjatovo Aimé RAMIARISON, ministre de l’Economie et des Finances, dont la nomination a réjoui le milieu universitaire. Professeur d’université, il enseigne l’économie de croissance et l’économie internationale, ainsi que le module « imperfection du marché ». Le nouveau ministre s’est distingué dans le passé par la publication d’excellentes analyses. Mais on lui reproche de n’avoir  jamais occupé un poste à responsabilité administrative.

Hanitra Velonjara Tiaray RAKOTONANDRASANA  au ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation a été aussi perçue positivement. Le nouveau ministre est un administrateur civil chevronné, qui peut efficacement contenir les velléités de mainmise de la fonction publique par l’Association professionnelle des grands corps de l’Etat.

Quelques ministres semblent avoir été choisis pour leur maîtrise des administrations périphériques. Dr MANAGNA Monira, ministre de la Santé publique, n’a jamais travaillé à la Direction centrale du ministère, mais dans les départements régionaux (CHU Diego-Suarez). Il en est même du ministre de l’Enseignement Technique et de la Formation professionnelle TSILEFA Antonio dont les zones de prédilection ont été le Sud et le Sud-Est sans jamais passer par la Direction ministérielle centrale.

Deux autres ministres font l’objet de grands révélations sur les réseaux sociaux. Juste RAHARISONE, ministre du Transport et de la Météolorogue, est à la tête de Madagascar Coastal Container Line (MCCL) basée à Toamasina. Des navires de sa flotte sont connus pour avoir transporté du bois de rose en 2015 dans des trafics à la limite de la légalité. Andriniaina RASOARAHONA, ministre du Commerce et de l’Industrie est l’homme de confiance de Karima Barday du groupe Basan, un Français d’origine indienne qui a des liens avec Emmanuel Macron.

 

 

 

Cet article Madagascar, un nouveau gouvernement savamment dosé est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/a-la-une/madagascar-un-nouveau-gouvernement-savamment-dose/feed/ 0
« We design Beirut »: une formidable exposition sur le design libanais https://mondafrique.com/video/we-design-beirut-une-formidable-exposition-sur-le-design-libanais/ https://mondafrique.com/video/we-design-beirut-une-formidable-exposition-sur-le-design-libanais/#respond Thu, 30 Oct 2025 07:46:45 +0000 https://mondafrique.com/?p=141838 We Design Beirut est une expérience de design qui présentera des installations, des conférences et des ateliers dans les domaines du design et de l’architecture. x

Cet article « We design Beirut »: une formidable exposition sur le design libanais est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
We Design Beirut est une expérience de design qui présentera des installations, des conférences et des ateliers dans les domaines du design et de l’architecture.

x

Cet article « We design Beirut »: une formidable exposition sur le design libanais est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/video/we-design-beirut-une-formidable-exposition-sur-le-design-libanais/feed/ 0
 Un pur mirage russe vendu à un peuple malien anéanti https://mondafrique.com/a-la-une/un-pur-mirage-russe-vendu-au-peuple-malie/ https://mondafrique.com/a-la-une/un-pur-mirage-russe-vendu-au-peuple-malie/#respond Thu, 30 Oct 2025 04:40:11 +0000 https://mondafrique.com/?p=141828 Sous les promesses russes de souveraineté et d’abondance, le Mali s’enfonce dans la peur, la faim et le mensonge d’État.   Mohamed AG Ahmedou journaliste et acteur de la société civile malienne     En 2021, la junte malienne, portée par le colonel Assimi Goïta, signait un accord stratégique avec la Russie. À Bamako, l’ambassadeur […]

Cet article  Un pur mirage russe vendu à un peuple malien anéanti est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Sous les promesses russes de souveraineté et d’abondance, le Mali s’enfonce dans la peur, la faim et le mensonge d’État.
 
Mohamed AG Ahmedou journaliste et acteur de la société civile malienne
 
 
En 2021, la junte malienne, portée par le colonel Assimi Goïta, signait un accord stratégique avec la Russie. À Bamako, l’ambassadeur russe au Mali promettait un tournant décisif : “la sécurité va revenir,  bientot les maliens sentiront qu’il y aura une accalmie progressive ”.
 
Quatre ans plus tard, les Maliens n’ont vu ni blé, ni carburant, ni électricité.
Les fameuses 200 000 tonnes de produits pétroliers par jour destinées à “soutenir l’agriculture”, les centrales nucléaires clés en main, ou les panneaux solaires au lithium sont restés des slogans creux.
 
 « Le blé promis par Moscou n’est jamais arrivé, témoigne un ancien cadre du ministère de l’Énergie en exil. Ce que nous avons reçu à la place, ce sont des villages brûlés et des civils décapités. »
 
Loin d’avoir restauré la souveraineté, le partenariat avec Moscou a plongé le pays dans une dépendance militaire et un effondrement économique.

Le grand effondrement : Bamako paralysée, le pays asphyxié:

 
Depuis 2024, la capitale vit sous un blocus invisible.
Les stations-service sont à sec, les transports à l’arrêt, et les coupures d’électricité se multiplient.
 
Le litre d’essence, vendu 1 850 francs CFA (moins de 1,40 €) en 2023, dépasse désormais 2 000 francs CFA (plus de 3 €) à Bamako tandis qu’il est un luxe à trouver.
Dans les autres villes du Sud, il atteint 6 500 francs CFA (près de 10 €),  quand on en trouve encore.
 
Conséquence immédiate : les écoles et universités ont été suspendues pour deux semaines. Le gouvernement invoque “une situation exceptionnelle liée à l’approvisionnement en carburant”.
 
La paralysie sociale gagne tous les métiers: Les boucheries ferment, faute de carburant  pour acheter la viande chez les grossistes à l’abattoir.
Les soudeurs et tailleurs ne peuvent plus travailler, privés d’énergie et de clients.
Les marchés populaires se vident lentement, et le désespoir monte.
 
« Même pour un kilo de sucre, il faut se battre », confie Hawa Traoré, vendeuse à Missira.
« On nous disait que la Russie allait nous sauver. Aujourd’hui, on ne survit plus. »
 
Le sac de riz de 50 kg dépasse désormais 50 000 francs CFA (près de 80 €), contre 24 000 à 32 500 avant la crise.
Quant au sucre, il est devenu un produit de luxe depuis l’incendie, en août 2024, des deux principales usines nationales,  Sukala et Dougabougou Seribala,  par les combattants du JNIM.

Les blocus djihadistes : un État sous siège

 
Pendant que la population s’enfonce dans la faim et la peur, les groupes affiliés au JNIM (Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin) gagnent du terrain.
Sous le commandement d’Amadou Koufa, de Bina Diarra et de Mahmoud Barry alias Abou Yehiya, ils contrôlent désormais plusieurs axes reliant Bamako à Ségou, Mopti et Tombouctou.
 
Les routes sont minées, infiltrées ou fermées, les convois attaqués, les villages brûlés.
Les zones rurales sont abandonnées à elles-mêmes.
 
« Bamako est aujourd’hui encerclée, analyse un expert en questions sécuritaires et humanitaires en poste à Dakar. La junte vit dans le déni complet. On redoute un scénario à la Kaboul. »
 
Les services de renseignement américains et suédois ont déjà demandé à leurs ressortissants de quitter immédiatement, le Mali par voie aérienne uniquement. Ce qui est plus que jamais alarmant en ce qui concerne l’installation imminente d’un chaos jihadistes au Mali.
 

De la Syrie à l’Afghanistan : la spirale malienne

 
Le Mali n’est pas la Syrie, mais la comparaison avec Kaboul 2021 s’impose.
Un pouvoir coupé de son peuple, assiégé, protégé par des forces étrangères, et en perte totale de contrôle.
 
 « En Syrie, certains rebelles avaient rompu avec l’islamisme avant leur insurrection.
Au Mali, l’État s’est livré à une puissance étrangère sans stratégie nationale.
Le modèle ici, c’est l’Afghanistan », souligne un chercheur sahélien depuis Dakar.
 
 
 
Pendant que les colonels célèbrent de supposées “victoires” à la télévision, les drones russes et turcs pilonnent indistinctement villages nomades, civils et zones agricoles.
 

Des massacres dissimulés 

 
De Kidal (7 novembre 2023) à Amasrakad (mars 2024), de Zouéra (8 juillet 2025) à Émimalane (24 octobre 2025), les bilans humains sont insoutenables : des femmes, des enfants, des vieillards massacrés.
 
Le régime parle de “neutralisation de terroristes”.
Les témoins, eux, parlent de massacres ethniques ciblés.
 
 « Ces récits fabriquent un ennemi intérieur pour masquer la faillite militaire du régime », explique un ancien diplomate malien qui requiert l’anonymat.
 
Dans les régions du Nord, les mercenaires de Wagner, désormais rebaptisés Africa Corps, agissent sans contrôle. Des villages comme Lougui, Ersane ou les alentours de Diabali ont été effacés de la carte.

Bamako  au bord de l’effondrement:

 
Voici en somme ce que l’on sait des chiffres d’un désastre:
 
1) Carburant introuvable : plus de 80 % des stations-service fermées. Électricité rationnée  jusqu’à 18 heures de coupure par jour.
2) Inflation record : +130 % sur le riz, +200 % sur le sucre. Écoles fermées : deux semaines de suspension nationale pour “crise énergétique”.
3) Fuite des capitaux : le secteur privé en exode vers Dakar et Abidjan.
4) Les ambassades sont réduites où les diplomates sont rappelés ou évacués temporairement.
 
Bamako suffoque. Les Maliens cherchent du carburant, du pain et un peu d’espoir. Les routes sont coupées, les écoles fermées, les voix libres muselées. Mais dans cette obscurité, des consciences s’éveillent.
 
La dissidence, la vérité et la mémoire.
 
 

Cet article  Un pur mirage russe vendu à un peuple malien anéanti est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/a-la-une/un-pur-mirage-russe-vendu-au-peuple-malie/feed/ 0
La déstabilisation du Cameroun menace l’avenir de l’Afrique Centrale https://mondafrique.com/a-la-une/lavenir-du-cameroun-engage-lavenir-de-lafrique-centrale/ https://mondafrique.com/a-la-une/lavenir-du-cameroun-engage-lavenir-de-lafrique-centrale/#respond Thu, 30 Oct 2025 04:23:09 +0000 https://mondafrique.com/?p=141824 Le silence des pays de la CEMAC face à ce qui se joue aujourd’hui au Cameroun est suicidaire. Les incertitudes qui planent sur ce pays menacent la stabilité de la région et son avenir immédiat engage celui de toute l’Afrique centrale.

Cet article La déstabilisation du Cameroun menace l’avenir de l’Afrique Centrale est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le silence des pays de la CEMAC face à ce qui se joue aujourd’hui au Cameroun est suicidaire. Les incertitudes qui planent sur ce pays menacent la stabilité de la région et son avenir immédiat engage celui de toute l’Afrique centrale.

Par Johnny Vianney Bissakonou: https://www.linkedin.com/in/johnny-vianney-bissakonou-82709b28b 

Une déstabilisations du Cameroun aurait des conséquences régionales dramatiques. La Centrafrique et le Tchad, pays enclavés, dépendent du port de Douala pour leurs approvisionnements. Le Gabon importe une partie significative de ses produits agricoles du Cameroun, tandis que des milliers d’étudiants venus de toute la sous-région y poursuivent leurs études faute de moyen pour aller étudier en Europe, en Afrique de l’Ouest ou au Maghreb. Aux frontières, la menace persistante de Boko Haram et des groupes armés dans les zones limitrophes du Tchad, de la RCA et du Soudan rend le contexte encore plus volatile. 

Dans un environnement déjà marqué par l’instabilité du Sahel, un effondrement du Cameroun provoquerait une onde de choc dont les répercussions dépasseraient celles observées après la chute du régime libyen.

Entre espoir et désillusions

Le Cameroun, comme nombre de pays africains, voit émerger une jeunesse avide de changement, d’alternance démocratique et de justice sociale. Cette aspiration est légitime. Mais elle se heurte à une réalité politique verrouillée, dominée depuis plus de quatre décennies par un pouvoir vieillissant. Faut-il préserver la stabilité à tout prix, au risque d’étouffer les espoirs ? Ou précipiter le changement, avec les incertitudes qu’il charrie ?

L’histoire du continent invite à la prudence. De nombreux mouvements de « libération » portés par des militaires se sont transformés en régimes autoritaires, souvent plus répressifs encore que ceux qu’ils prétendaient renverser.

Le vent de révolte et de lutte contre le néocolonialisme qui souffle aujourd’hui sur l’Afrique francophone n’a rien de nouveau. Ce nouvel élan patriotique a, hélas, quelque chose de vicié. Et quand on essaie de tirer la sonnette d’alarme, de dire « attention, il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark », on est aussitôt accusé de rouler pour l’ennemi, d’être un suppôt de la France ou de l’Occident. La vindicte populaire n’est jamais loin.

De Tananarive aux capitales de l’AES, en passant par l’Afrique centrale, il est presque impossible d’avoir un débat apaisé avec cette jeunesse qui, animée d’un espoir légitime de jouir enfin des richesses de son pays, veut en découdre, tout renverser et encourage les militaires à prendre les choses en main, souvent avec l’appui d’un nouvel allié présenté comme « partenaire de libération dépourvu de la volonté de s’immiscer dans nos affaires et qui ne nous impose pas ses idéaux pseudo-démocratiques ».

Le mirage des libérateurs

Des générations avant celle-ci ont cru, elles aussi, à la promesse d’un renouveau porté par des militaires. Rien qu’en Centrafrique, Bokassa dès la fin 1966, Kolingba en 1981, Bozizé et ses « libérateurs » en 2003, puis la Séléka… Combien de « comités pour le redressement national », de « gouvernements d’union nationale », de « libérations du peuple » avons-nous connus ? La promesse d’un renouveau militaire a plusieurs fois séduit les peuples africains, mais rares sont les expériences qui ont débouché sur une véritable refondation politique.

Les années ont passé. Nos pays sont restés dépendants de l’aide extérieure, les mêmes noms se succèdent au sommet de l’État depuis les indépendances, et le peuple demeure pauvre et affamé.

Les militaires arrivés au pouvoir par la force se croient souvent investis d’une mission quasi divine. Ils tolèrent mal la contradiction, étouffent les contre-pouvoirs et trouvent toujours, dans leur pays, quelques juristes ou intellectuels prêts à légitimer leur prise de pouvoir. L’opposition et une partie de la société civile les accompagnent, convaincus d’agir pour le bien commun. Puis, très vite, le pouvoir se referme sur lui-même, promeut le culte du Chef visionnaire, les voix discordantes sont réduites au silence, et l’histoire recommence : un autre coup d’État finit par chasser les précédents. Un éternel recommencement.

Un choix décisif pour l’Afrique centrale

À la croisée des chemins.

Doit-il céder à la tentation du chaos, en pensant qu’il ne peut être pire que le statu quo ? Ou saura-t-il inventer une voie propre, pacifique, enracinée dans sa riche diversité et son sens de l’unité nationale ?

Ce choix dépasse le seul Cameroun. C’est celui de toute l’Afrique centrale, encore fragile, encore dépendante, encore marquée par les désillusions successives de ses révolutions et de ses transitions.

Ce choix est historique, non seulement pour le Cameroun, mais pour toute l’Afrique centrale. Les transitions brutales, les ruptures imposées par la force, n’ont jamais apporté la liberté véritable. Celle-ci se construit dans la patience, la lucidité et la capacité à repenser le pouvoir, à rebâtir la confiance entre dirigeants et citoyens.

Une voie camerounaise du changement

Le Cameroun possède les atouts pour relever ce défi : une population instruite, une économie diversifiée, et une tradition politique plus institutionnalisée que dans bien des pays de la région. L’heure n’est pas à la résignation ni à la violence, mais à l’invention d’une alternance démocratique maîtrisée, portée par la société civile, les intellectuels, les forces politiques et la jeunesse.

Le destin du Cameroun ne concerne pas que les Camerounais. Il engage l’équilibre de toute l’Afrique centrale.

Puissent les acteurs politiques et la jeunesse camerounaise faire le choix de la raison, de la paix et de la construction patiente, et non celui de l’embrasement.

Cet article La déstabilisation du Cameroun menace l’avenir de l’Afrique Centrale est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/a-la-une/lavenir-du-cameroun-engage-lavenir-de-lafrique-centrale/feed/ 0
Guinée, Mamadi Doumbouya prêt à anoncer sa candidature à la Présidentielle https://mondafrique.com/limage-du-jour/guinee-mamadi-doumbouya-pret-a-anoncer-sa-candidature-a-la-presidentielle/ https://mondafrique.com/limage-du-jour/guinee-mamadi-doumbouya-pret-a-anoncer-sa-candidature-a-la-presidentielle/#respond Wed, 29 Oct 2025 18:36:35 +0000 https://mondafrique.com/?p=141815 Après le Cameroun, où la réélection contestée de Paul Biya plonge le pays dans la violence et l’instabilité et que la situation politique en Côte d’Ivoire demeure incertaine, la Guinée s’engage dans une farce électorale aussi risquée que prévisible. De la Guinée au Mali, en passant par le Burkina Faso, les jeunes générations de putschistes […]

Cet article Guinée, Mamadi Doumbouya prêt à anoncer sa candidature à la Présidentielle est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Après le Cameroun, où la réélection contestée de Paul Biya plonge le pays dans la violence et l’instabilité et que la situation politique en Côte d’Ivoire demeure incertaine, la Guinée s’engage dans une farce électorale aussi risquée que prévisible. De la Guinée au Mali, en passant par le Burkina Faso, les jeunes générations de putschistes prouvent qu’elles ont retenu la leçon de leurs aînés : savoir promettre la rupture tout en reproduisant les mêmes dérives autoritaires.

Après avoir solennellement promis de ne pas briguer de mandat, le président de la transition guinéenne, Mamadi Doumbouya, s’apprête désormais à annoncer sa candidature à l’élection présidentielle du 28 décembre 2025. Pour tenter de sauver les apparences et ne pas donner l’impression de renier trop ouvertement les engagements pris au lendemain du coup d’État du 5 septembre 2021, il multiplie les mises en scène aussi théâtrales que maladroites.

Une scénographie bien huilée

Première étape du parcours du combattant qui conduit à se présenter à une Présidentielle, une caution de 900 millions de francs guinéens (environ 100 000 euros) est exigée tout candidat à la magistrature suprême. Cette somme exorbitante limite de facto le nombre de prétendants sérieux.

Ensuite, le pouvoir a orchestré une campagne prétendant que la caution de Doumbouya serait offerte par des femmes guinéennes, émues par son « sens du devoir » et désireuses de le « voir continuer son œuvre ».

Enfin, le 30 octobre, de grands rassemblements populaires sont programmés à travers le pays pour le supplier officiellement de se présenter.

Mais derrière cette scénographie, la réalité est bien moins spontanée : selon plusieurs sources, les forces de sécurité, les élèves, les enseignants et les fonctionnaires ont été priés — voire sommés — de descendre dans la rue en civil pour donner l’illusion d’un engouement populaire.

Un modèle qui s’enlise

Cette nouvelle farce démocratique en Guinée vient s’ajouter à celles qui se jouent déjà au Cameroun et en Côte d’Ivoire, révélant la persistance d’un modèle politique où la démocratie reste un simulacre. On ironise souvent sur l’âge avancé des dirigeants de Yaoundé ou d’Abidjan, mais l’exemple guinéen démontre que la confiscation du pouvoir n’est pas l’apanage des anciens.

 

 

Cet article Guinée, Mamadi Doumbouya prêt à anoncer sa candidature à la Présidentielle est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/limage-du-jour/guinee-mamadi-doumbouya-pret-a-anoncer-sa-candidature-a-la-presidentielle/feed/ 0
Le Mystère Cléopâtre à l’IMA : images d’une légende https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-mystere-cleopatre-a-lima-images-dune-legende/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-mystere-cleopatre-a-lima-images-dune-legende/#respond Wed, 29 Oct 2025 17:43:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141437  À l’Institut du monde arabe jusqu'à janvier 2026, l’exposition « Le Mystère Cléopâtre » éclaire la fabrique d’une légende et l’histoire réelle de la dernière reine d’Égypte, entre politique, propagande et mythe, à travers œuvres d’art, objets archéologiques et culture populaire.

Cet article Le Mystère Cléopâtre à l’IMA : images d’une légende est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
 À l’Institut du monde arabe jusqu’à janvier 2026, l’exposition « Le Mystère Cléopâtre » éclaire la fabrique d’une légende et l’histoire réelle de la dernière reine d’Égypte, entre politique, propagande et mythe, à travers œuvres d’art, objets archéologiques et culture populaire.

À Paris, l’Institut du monde arabe consacre jusqu’au 11 janvier 2026 une grande exposition à Cléopâtre, souveraine fascinante, dont la figure n’a cessé de traverser les siècles et d’alimenter les imaginaires. « Le Mystère Cléopâtre » propose un parcours exigeant et accessible, invitant à distinguer l’histoire de la légende, et à interroger les multiples visages d’une reine devenue mythe.

Cléopâtre VII Philopator, née en 69 avant notre ère, incarne la dernière héritière des Ptolémées, dynastie d’origine grecque installée à la tête de l’Égypte depuis la conquête d’Alexandre le Grand. Polyglotte, stratège, réformatrice, elle affronte un monde en crise : tensions internes, pression de Rome, nécessité de préserver un royaume menacé. À rebours des clichés occidentaux, l’exposition rappelle la dimension politique de son règne : Cléopâtre fut avant tout une femme d’État, soucieuse de l’indépendance de l’Égypte et de son rayonnement.

Mais les traces directes de sa vie restent ténues : quelques monnaies à son effigie, de rares papyrus, et les récits souvent partiels ou orientés d’auteurs antiques. Le visiteur est d’emblée confronté à cette fragmentation : ce que l’on sait de Cléopâtre tient autant à la réalité qu’à l’épaisseur des récits qui se sont accumulés sur son nom.

Entre faits et fictions

Screenshot

L’exposition déroule ce fil ténu : elle ouvre sur une sélection d’objets archéologiques venus d’Égypte, de France, d’Italie, de Suisse et d’ailleurs. Monnaies, bustes, stèles et papyrus replacent Cléopâtre dans son époque : Alexandrie, alors phare du monde hellénistique, brille comme centre d’échanges, de savoir et de commerce. Les premières salles restituent la modernité de la reine : son rapport aux arts, son intelligence politique, son rôle de réformatrice, son implication dans la paix intérieure et la négociation diplomatique.

Mais très vite, l’exposition fait sentir le basculement : la guerre contre Rome, l’alliance avec César, puis Marc Antoine, l’échec d’Actium en 31 avant J.-C., et le suicide tragique de la reine. À travers ces épisodes, c’est l’histoire de la fin de l’Égypte indépendante qui se joue, et la naissance d’un récit qui va bientôt échapper à la réalité pour s’enraciner dans la propagande.

Les salles suivantes explorent la fabrication de la légende noire de Cléopâtre. Les documents et œuvres exposés montrent comment Auguste, premier empereur romain, s’est attaché à diaboliser la souveraine. Les textes latins la présentent comme une étrangère menaçante, séductrice et manipulatrice, mettant en danger la morale et la virilité de Rome. Cette construction s’impose durablement dans la mémoire occidentale : dès l’Antiquité tardive, au Moyen Âge, puis à la Renaissance, Cléopâtre devient à la fois femme fatale et souveraine perverse, « monstre moral » selon ses détracteurs. Mais l’exposition n’en reste pas là : elle rappelle que d’autres traditions, notamment arabes, saluent la reine comme intellectuelle, scientifique, stratège. L’image de Cléopâtre, même déformée, ne cesse de circuler, de se réinventer, d’échapper à toute lecture univoque.

Mythes, arts et héritages

L’un des points forts de « Le Mystère Cléopâtre » réside dans sa capacité à montrer la prolifération de la figure de Cléopâtre dans les arts. Le visiteur croise manuscrits enluminés, peintures, sculptures, opéras et pièces de théâtre, de Shakespeare à Victorien Sardou. À partir du XIXe siècle, Cléopâtre devient une héroïne moderne : Sarah Bernhardt l’incarne sur scène ; au cinéma, Theda Bara, Vivien Leigh, Sophia Loren et surtout Elizabeth Taylor (sous la direction de Joseph L. Mankiewicz en 1963) lui prêtent leurs traits, leurs costumes, leur aura.

L’exposition présente affiches, costumes, objets de tournage : on mesure alors comment la reine antique devient star de la publicité, icône de mode, inspiration pour la bande dessinée ou la culture manga. À chaque époque, Cléopâtre fait peau neuve : héroïne tragique ou séductrice, muse de l’Orientalisme, ou archétype de la femme puissante. La réalité historique recule, mais le pouvoir d’évocation demeure.

 

La dernière section aborde la portée politique et symbolique de la figure. Dès le XXe siècle, Cléopâtre est récupérée par divers mouvements : en Égypte, elle devient emblème du nationalisme et de la résistance au colonialisme ; aux États-Unis, elle est revendiquée par les mouvements afro-américains comme cheffe d’État africaine ; les courants féministes soulignent la capacité de la souveraine à imposer sa voix et son destin dans un monde dominé par les hommes. Cléopâtre incarne alors les rêves, les tensions, les luttes de toutes les générations : miroir de nos aspirations, mais aussi de nos fantasmes.

L’exposition ne se contente pas de juxtaposer œuvres et documents. Elle propose une réflexion sur la fabrication des légendes : comment naît un mythe ? Comment se transmet-il, se transforme-t-il, se récupère-t-il ? « Le Mystère Cléopâtre » fait dialoguer sources occidentales et arabes, lectures académiques et culture populaire, objets archéologiques et images de la pop culture.

Le parcours, richement documenté, offre une expérience visuelle et intellectuelle dense, ponctuée de points d’écoute, de projections, et d’espaces de médiation.

C’est aussi une invitation à regarder au-delà du cliché, à questionner nos représentations : Cléopâtre, tour à tour héroïne tragique, séductrice, victime ou icône, demeure une énigme dont la fascination n’a rien perdu de sa force.

 

Informations pratiques

Exposition « Le Mystère Cléopâtre »
Lieu : Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris 5ème.
Dates : jusqu’au 11 janvier 2026
Horaires : tous les jours sauf le lundi ; nocturne le mercredi jusqu’à 21h30
Billetterie et réservations : site imarabe.org, sur place ou en ligne
Programme et médiation : visites guidées, ateliers, catalogue disponible.
Accès : métro Jussieu ou Cardinal Lemoine, bus 67, 89, 86

 

Cet article Le Mystère Cléopâtre à l’IMA : images d’une légende est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-mystere-cleopatre-a-lima-images-dune-legende/feed/ 0
Entre le Coran et TikTok, la musique arabe doit choisir! https://mondafrique.com/loisirs-culture/lislam-et-la-musique-font-bon-menage/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/lislam-et-la-musique-font-bon-menage/#respond Wed, 29 Oct 2025 17:28:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=141722 On ne compte plus, aujourd’hui, les musiciens célèbres du monde musulman, du Maroc à l’Indonésie, et du Khazakhstan au Nigéria. Nusrat Fateh Ali Khan au Pakistan, Oum Kalthoum en Egypte, Tarkan en Turquie, Cheb Hasni en Algérie, Fairuz au Liban… Les légendes viennent de partout et ont conquis le globe. Alors pourquoi cette question, toujours […]

Cet article Entre le Coran et TikTok, la musique arabe doit choisir! est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
On ne compte plus, aujourd’hui, les musiciens célèbres du monde musulman, du Maroc à l’Indonésie, et du Khazakhstan au Nigéria. Nusrat Fateh Ali Khan au Pakistan, Oum Kalthoum en Egypte, Tarkan en Turquie, Cheb Hasni en Algérie, Fairuz au Liban… Les légendes viennent de partout et ont conquis le globe. Alors pourquoi cette question, toujours persistante, de la relation des fois compliquée entre l’Islam et la musique?

Mateo Gomez

Oum Kalthoum en Egypte

Cette histoire d’interdiction de la musique dans les pays musulmans serait-elle une pure invention? Pas totalement. Le monde musulman a historiquement exprimé un rejet massif de la culture musicale sauf dans au Liban, au Maroc ou en Égypte. Ainsi avant l’arrivée aux responsabilités du prince ben Salman qui a voulu moderniser l’Arabie Saoudite, son pays, la musique y était formellement interdite.

La Révolution Tik Tok 

CULVER CITY, CA – OCTOBER 13: General view of the TikTok headquarters on October 13, 2020 in Culver City, California. (Photo by AaronP/Bauer-Griffin/GC Images)

La Turquie, l’Arabie saoudite, L’Égypte et l’Irak fournissent les plus grosses audiences musicales de TikTok, avec les États-Unis et l’Indonésie. Rien qu’en Arabie saoudite, l’application compte 26,39 millions d’utilisateurs, soit le plus grand nombre de la région. L’Irak et l’Égypte comptent tous deux plus de 23 millions d’utilisateurs, tandis que les Émirats arabes unis en comptent près de 6 millions.

Des artistes pop et de mahraganat (musique électro égyptienne très écoutée) comme Mohamed Ramadan ou Omar Kamal, des étoiles montantes comme Yassmin Ibrahim et les musiciens de Bsmalla Alaa… tous se tournent vers TikTok qui leur assure des audiences surmultipliées. Comment lutter contre un tel tsunami? 

La mondialisation positive

Elyanna, une chanteuse palestino-chilienne, qui a commencé sur TikTok, se produira aux Etats Unis, au festival de Coachella.  Elle sera la première interprète orientale à interpréter ses chansons entièrement en arabe sur la scène principale du festival. 

L’industrie mondiale de la musique provoque un brutal changement de perspective qui  voit la musique arabe la plus récente franchir les frontières, y compris celles d’israêl, du moins avant le massacre du 7 octobre. 

Le journal israélien Haaretz note une percée de la musique arabe en Israël grâce à TikTok. « Les chansons « Wesh Jabak », du chanteur libyen Joudy Alhouti, et « Bum Bum », de Mohamed Ramadan , ont lancé la tendance l’été dernier. Et le dernier exemple en date est « Baby » avec la chanteuse libanaise Sara Al Zakaria, qui a conquis le TikTok local ces derniers mois. De jeunes hommes et femmes israéliens, y compris des femmes soldats, peuvent être vus en train de réciter la chanson sans réfléchir sur le site. Ils sourient à la caméra, dansent avec leurs amis – parfois en uniforme et portant leurs armes ; d’autres fois à la maison ou lors de fêtes. Même des femmes juives visiblement religieuses, les cheveux couverts, se joignent à la fête.

Brèches théologiques

Malgré la forte présence de la musique dans de nombreux pays musulmans, les textes de l’Islam n’ont pas changé pour autent et n’ont jamais prôné une acceptation totale des arts musicaux. La Musique est même proscrite en Afghanistan, sous le régime Taliban, et partout ailleurs où des franges les plus radicales de la religion prennent le contrôle, comme dans de grandes parties du Mali. 

Seule l’interprétation extrêmement rigoriste des textes permet d’interdire formellement la musique. En effet, le coran ne mentionne jamais directement la musique. ”Il est [quelqu’un] qui, dénué de science, lit-on, achète de plaisants discours pour égarer hors du chemin d’Allah […].” (6:31) Ces “plaisants discours”, une référence à la musique, evraient donc être formellement proscrit. Il reste qu’il ne s’agit pas une condamnation très directe. L’interdiction de manger du porc, par exemple, est bien plus explicite.

La question est  d’autant moins résolue que le Coran n’est pas le seul texte religieux de l’Islam. Il existe aussi les hadiths, qui interprètent la parole du prophète Mahomet et de ses proches compagnons. Et ce corpus de texte est beaucoup plus clair, et beaucoup plus ferme sur la question musicale 

“Le chant fait pousser l’hypocrisie dans le cœur, tout comme l’eau fait pousser les plantes”. Un hadith musulman

Hadith et hadith

           L’Opéra d’Alger

Ainsi selon le Prophète, la musique serait proscrite, même si la jurisprudeence islamique est tout sauf simple. Les hadiths ne sont pas le Coran, ils émanent du Prophète, certes l’intermédiaire d’Allah sur terre mais son éxécutant. Seul le Coran est considéré comme la parole divine. Comme l’a dit le célèbre ouléma canadien Shabir Ally en 2017 lors d’une interview, “Les hadiths […] devraient être vus comme probablement vrais, plutôt que absolument vrais”. Et pour ajouter encore une dose de complexité, c’est un corpus commença à être écrit après la mort du prophète, en se basant sur une tradition orale… 

Des hadiths peuvent donc être plus ou moins légitimes ou contestés selon l’interprétation. Le verset sur les instruments de musique, par exemple, est tiré d’un hadith reconnu par les ouléma comme légitime, dit hadith fort, alors que celui sur le chant provient d’un hadith contesté, dit faible. C’est souvent par cette brèche théologique que s’engouffre la musique.

La musique, un « petit » péché 

Sii certains oulémas se conforment aux hadiths qui interdisent la musique, cette dernière survit et prospère. Car dans la jurisprudence islamique, il existe plusieurs niveaux de péché. Toutes les actions, parmi lesquelles naturellement la musique, sont classifiées dans cinq statuts juridiques : wajib (obligatoire), mustahab (recommandé), mubah (neutre), makrouh (déconseillé), et haram (interdit).

Généralement la musique tombe dans une de ces trois dernières catégories, c’est-à-dire qu’elle va de neutre à interdit. Ainsi selon les diverses interprétations de la foi, on peut être un rigoureux fidèle… et écouter de la musique !

Dans de nombreux cas, des musulmans écouteront des musiciens s’ils ne parlent pas d’alcool et d’homosexualité. Même haram, la musique peut exister. Après tout, tous les péchés n’ont pas la même gravité. Le vol, par exemple, est moins grave que l’idolâtrie. Laquelle est jugée par les docteurs de la loi moins dévastatrice que l’athéisme. 

Les musulmans jouent et écoutent souvent de la musique, car ils ne sont pas tous des fervents croyants ! Le rythme, la mélodie et l’harmonie en valent la chandelle. Car en Islam comme dans toutes les religions, l’interprétation de la foi et des textes sacrés est bien souvent personnelle. 

Une tradition musicale unique

Ahmed Bukhatir – Taweel Al Shawq: la musique religieuse a capela

Ces débats théologiques ont d’ailleurs eu une influence non-négligeable sur la musique du monde musulman. En effet, les diverses interprétations ont souvent mené à des styles et pratiques uniques au monde. Par exemple, si l’on reprend le verset qui condamne les “plaisants discours”, on découvre que cette approche a mené à une riche tradition de musique religieuse dont les paroles sont tout sauf un égarement loin d’Allah. 

Le « Oud », très populaire dans le monde arabe, a été conçu à l’origine dans la capitale syrienne par un certain Abdoh George Nahhât
Le « Oud », très populaire dans le monde arabe, a été conçu à l’origine dans la capitale syrienne par un certain Abdoh George Nahhât

La condamnation des instruments dans le hadith a mené au fil des siècles à une riche tradition de superbe musique a capela, un chant à une ou plusieurs voix exécuté sans accompagnement instrumental. Des heureux hasards entre l’histoire de la musique et les tradisions religieuses nous permettent à tous, aujourd’hui, de profiter des œuvres de musiciens exceptionnels qui se déclarent musulmans. 

 

Cet article Entre le Coran et TikTok, la musique arabe doit choisir! est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/loisirs-culture/lislam-et-la-musique-font-bon-menage/feed/ 0