La presse américaine a été la première à s’inquiéter du sort des armes occidentales fournies à Kiev. Dans la foulée Interpol et Europol ont, eux aussi, exprimer leurs craintes de voir ces équipements tombés dans de mauvaises mains. Le 12 juillet, les Etats-Unis et l’Union européenne ont à leur tour tiré la sonnette d’alarme, tout en continuant leurs livraisons de matériel de plus en plus sophistiqués.
Dès le mois d’avril, CNN, rapportait ces propos d’un membre des services de renseignements : « Nous avons la traçabilité de ces armes pendant une courte période, mais une fois entrées dans le brouillard de la guerre, nous en avons presque zéro, elles tombent dans un grand trou noir ». Entre cette déclaration et la décision de l’UE de l’OTAN de faire pression sur Kiev pour assurer un meilleur suivi, il aura fallu quatre mois. La Commission européenne vient de créer en Moldavie un centre de soutien chargé de veiller et de lutter contre le trafic d’armes. Bien que les moyens de contrôle soient encore très flous, Bruxelles a récemment décidé de fournir 500 millions de dollars d’armement supplémentaire, portant le total à 2 milliards et demi d’euros. De son côté Washington a déjà convoyé plus de 8 milliards de dollars en Ukraine.
En vente sur le darknet
La mise en place du nouveau dispositif européen montre que les craintes sont fondées. L’Ukraine a d’ailleurs toujours été, depuis la fin de l’Union soviétique, une plaque tournante du trafic d’armes. Sur les chaines Telegram dédiées à cette guerre circulent régulièrement des captures d’écran montrant la vente de Javelin. Ces lance-missiles antichar portable d’une valeur de 78 000 dollars sont vendus à prix cassés. Parfois, sur ce marché noir, on trouve des équipements à la pointe de la technologie américaine, tels des Switchblade 300, dont 700 ont été offerts à l’armée de Volodymyr Zelensky par le Pentagone.
Info ou intox ?
Dans ce conflit, comme dans tous les autres la propagande fait rage, il est donc difficile de démêler le vrai du faux. L’affaire des canons Caesar livrés par la France à l’Ukraine a agité les milieux militaires. Selon, l’avocat Régis de Castelneau qui a refusé de citer ses sources, sur ces 14 pièces d’artilleries, à 5 millions d’euros l’unité, déjà sur le terrain, deux seraient tombées dans les mains des Russes. Après que l’affaire ait fait grand bruit, l’état-major des armées a publié un communiqué pour démentir l’information. A peine le soufflé retombé, c’est au tour des lance-roquette américain Himars de subir la même polémique.
Les milliards de dollars en armement déversés sur l’Ukraine n’ont pas fini de susciter des inquiétudes et de faire couler de l’encre. Le 13 juillet, le Financial Times, rapportait les propos d’un responsable occidental qui avouait : « Toutes ces armes atterrissent dans le sud de la Pologne, sont expédiées à la frontière puis sont simplement réparties en véhicules à traverser : des camions, des camionnettes, parfois des voitures privées. A partir de ce moment, nous ne savons pas où ils se trouvent et nous n’avons aucune idée d’où ils vont, où ils sont utilisés ou même s’ils restent dans le pays. »