Le grand opérateur tunisien « Tunisie télécom » dont les déboires ont été racontés par « Mondafrique » va-t-il connaitre des temps meilleurs? C’est l’espoir que l’on peut nourrir aujourd’hui en apprenant que le groupe est sur le point d’intéresser un nouvel actionnaire décidé à relancer l’entreprise de téléphonie et à redresser les comptes.
Une possible privatisation
D’après nos informations relayées par certains médias à Tunis, le groupe « Emirates International Telecommunications » (EIT) qui avait acquis voici quelques années 35% du capital de Tunisie Télécom devrait céder ses parts à un autre opérateur, également émirati, du nom d’Abraaj.
Dans la foulée de ce rachat, le nouvel actionnaire devrait obtenir de grandes facilités s’il lui venait l’idée plus tard de revendre ses parts. Le pacte d’actionnariat qu’Abraaj est en train de négocier avec l’Etat tunisien (toujours propriétaire des deux tiers de Tunisie Télécom) envisage une possible privatisation. En effet, si les nouveaux acquéreurs se retirent demain de Tunisie Télécom, l’Etat tunisien s’engage à mettre en vente 16% du capital de la société. Autrement dit, la majorité du capital pourrait appartenir un jour à un seul opérateur privé. La possibilité de privatiser un des fleurons de l’économie tunisienne est désormais envisagée.
Certains le regretteront. Mais un groupe comme Abraaj a besoin d’assurance sur la souplesse avec laquelle il pourrait éventuellement se retirer du capital de Tunisie Télécom Le contexte syndical et politique dans lequel il s’engage est pour le moins risqué. La Tunisie de l’après printemps arabe guettée par la crise et l’insécurité, les deux tiers des 14OO entreprises françaises présentent su rle sol tunisien sous Ben Ali ont quitté le pays. . Depuis la fin de la dictature le 14 janvier 2011, les mouvements sociaux n’ont jamais été aussi fréquents.
Reste à savoir si le gouvernement actuel qui peine à trouver un deuxième souffle sera assez fort pour résister aux pressions politiques et syndicales qui immanquablement vont être vent debout contre la moindre perspective de privatisation.
Une dernière chance
L’arrivée d' »Abraaj » est-elle une bonne nouvelle? Le question se pose à peine tant la détérioration de la situation de « Tunisie Télécom » et de ses filiales, notamment en Mauritanie (voir l’article ci dessous), parait avancée. Il fallait agir. Et il est clair que « Tunisie Télécom » a tout à gagner à changer ainsi de partenaires.
Depuis dix ans, EIT cherchait en effet à retirer ses billes de Tunisie télécom. Ces derniers mois, son seul souci fut de revendre la filiale qu’il possédait à Malte, « Go Malta », à Tunisie télecom dans dans une opération frôlant le conflit d’intérêt. Dans cette opération, les Emiratis étaient en effet à la fois vendeurs et acheteurs, propriétaires de Go Malta et actionnaires minoritaires de Tunisie Télécom. « Le groupe EIT, explique un ancien ministre, cherchait plus ces derniers mois à sauver les meubles qu’à investir dans les Télécoms en Tunisie, à Malte ou en Mauritanie ».
Le pédége de Tunisie Télécom, Nizar Bouguila, dont la gestion est de plus en plus critiquée, cherche à sortir par le haut en négociant avec un nouvel actionnaire, les émiratis du holding Abraaj
La mariée est belle
Les nouveaux venus d’Abraaj ont en revanche de nombreux atouts à faire valoir. Leur visibilité est considérable et leurs ambitions aussi. Le holding d’ores et déja est présent sur tous les continents à l’exception de l’Australie. En Tunisie par exemple, Abraaj a pignon sur rue, actionnaire à la fois du groupe Assad (accumulateurs électriques) et d' »Unimed » (laboratoires pharmaceutiques).
Dans les milieux autorisés à Tunis, on n’exclut pas la possiblité pour les dirigeants d’Abraaj de relancer également « Mattel », la filiale mauritanienne de Tunisie Télécom, dont le déclin est très avancé malgré la place historique qui était la sienne. « Si Abraaj récupérait la totalité des actions de Mattel, y compris celles qui appartiennent à des opérateurs mauritaniens, explique un banquier, la voie serait libre pour relancer l’activité de ce fleuron de l’industrie de Nouakchott ».
Toute la question est de savoir s’il existe en Tunisie un pouvoir assez fort pour faire passer l’intérêt national tunisien, qui passe par quelques succès industriels, avant les frilosités idéologiques.
Mondafrique avait déja raconté comment Tunisie Télécom avait tué sa filiale mauritanienne
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