Au moment où Renault signe, le vendredi 8 avril, un accord historique au Maroc, Peugeot est freiné en Algérie, malgré le voyage de Manuel Valls.
« Les discussions ont été rudes », révèle le ministre marocain de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy, en évoquant les négociations entre Rabat et le constructeur automobile français Renault. Depuis l’arrivée au Maroc de Peugeot-Citroën en juin 2015, les autorités marocaines ont mis les bouchées doubles afin de pousser Renault à monter en gamme au royaume chérifien. L’accord fut enfin signé, le vendredi 8 avril. « Je voudrais saluer le soutien constant que nous a apporté le roi Mohammed VI. Sous son impulsion, le gouvernement a toujours été aux côtés de notre Groupe et de ses partenaires afin de faciliter leur implantation et d’encourager leur développement », a déclaré le pédégé de Renault Carlos Ghosn.
Disposant d’une usine au nord du Maroc, dans la région de Tanger, la marque au Losange, arrivait à peine à 35 % de taux d’intégration qui mesure la capacité du partenaire local à participer au processus industriel. Ce qui était notoirement insuffisant pour le ministre de l’Industrie marocaine qui veut créer une filière d’excellence disposant d’une taille critique. En effet, l’objectif des Marocains qui peuvent faire valoir un effort décisif en matière de formation est d’attirer demain une troisième, voire un quatrième constructeur automobile.
Ford et Volkswagen en embuscade
L’engagement pris cet été par Peugeot-Citroën d’arriver à terme à un taux d’intégration de 80 % au Maroc a contribué également à l’accord signé à Rabat la semaine dernière, en présence de Mohamed VI. « Carlos Ghosn sait que et que le ticket d’entrée au Maroc risque de devenir très cher », affirme le patron d’un équipementier automobile installé depuis deux ans près de la capitale chérifienne. Ford et Volkswagen sont également en embuscade
Rabat arrache donc un accord avantageux par lequel la firme de Boulogne-Billancourt s’engage à investir, en compagnie de ses fournisseurs, plus de 900 millions d’euros par an. En outre, Renault va s’approvisionner pour toutes ses usines à hauteur de 2 milliards d’euros chez les équipementiers marocains. Une aubaine pour Rabat.
Dommage collatéral
Mais l’annonce de ce nouvel investissement n’a pas fait que des heureux. A Alger, l’économiste Faris Masdour s’est fait le porte-parole de la colère de la Présidence algérienne en vilipendant la France avec un sarcastique : « la mayonnaise et le Yoghourt pour l’Algérie et Peugeot pour le Maroc ». Cette déclaration a accompagné le report voire l’annulation de l’installation d’une usine de Peugeot-Citroën en Algérie, qui devait être annoncée en marge de la visite, ce week end, de Manuel Valls à Alger.
D’après des sources bien informées à Paris, les Algériens sont mécontents des taux d’intégration proposés par les constructeurs français. Sur l’usine de Renault à Oran, ce taux avoisine à peine les 10%, loin des 25 % annoncés officiellement.
Face donc à la déferlante des équipementiers automobile vers le Maroc, encouragés par les constructeurs, les autorités algériennes ont voulu taper sur la table, en ralentissant notamment les importations de voitures depuis l’hexagone.