Sans surprise dans la dictature qu’est devenue l’Égypte, Abdel Fattah Al-Sissi, au pouvoir en Egypte depuis qu’il a renversé par un coup d’état l’islamiste Mohamed Morsi en 2013, a été réélu à la tête du pays saigné par une dette de mille milliards de dollars. Le candidat sortant a remporté sa troisième élection présidentielle, avec 89,6 % des voix (!), s’assurant par une fraude massive un nouveau mandat de six ans, a annoncé, lundi 18 décembre, l’autorité électorale égyptienne.
L’Égypte a fait connaître un vaste programme de réductions de dépenses en échange des centaines de millions de dollars que le Fonds monétaire international lui a alloué au titre d’un important programme de sauvetage économique. Ce qui fragilise la position du général Sissi qui est beaucoup moins fringant sur le plan diplomatique avec l’échec de ses visées sur la Libye, le départ de son ami Jean Yves Le Drian du gouvernement français et la recomposition du Moyen Orient qui diminue le poids régional du Caire. Les subventions qui aident des dizaines de millions d’Égyptiens à accéder à une consommation de riz, d’huile et de sucre bon marché seront également réduites- ce qui aggrave le risque politique pour un régime militaire, qui a commis la folie de construite une nouvelle capitale pharaonique dont le devis s’élève à quelque 50 milliards de dollars (voir l’article en PJ).
Endettée de plus de mille milliards de dollars, l’Egypte ne peut plus faire face à ses échéances. Les autorités égyptiennes ont ainsi fait savoir récemment qu’elles retarderaient différents projets qui nécessitait d’importants emprunts en dollars américains et qu’ils réduiraient les voyages, la formation et les conférences des fonctionnaires.
L’annonce est intervenue après que le gouvernement a accepté de privatiser des dizaines d’actifs publics à des investisseurs internationaux. Le FMI a en effet conditionné son aide – 3 milliards de dollars de prêts sur quatre ans – à des mesures de réduction du rôle de l’État et à la privatisation d’entreprises appartenant à l’armée ainsi que l’adoption d’un système de change plus flexible.
L’appel aux Chinois
Même avec 700 millions de dollars de prêts attendus du FMI cette année, l’Égypte va devoir privatiser pour combler un déficit de financement de plus de 5 milliards de dollars. Il devra vendre 2 milliards de dollars d’actifs du secteur public et emprunter plus d’un milliard de dollars chacun à la Banque mondiale et à la Banque de développement de Chine pour aider à combler l’écart, selon le FMI.
Pour le gouvernement égyptien, le désordre économique est la faute de la pandémie de Covid-19 qui a frappé le tourisme et de la guerre en Ukraine qui a fait grimper les prix des matières premières, faisant basculer le pays dans une crise économique. La livre égyptienne a dévissé par rapport au dollar américain, ce qui a rendu les importations de blé, d’électronique et de voitures plus onéreuses. En conséquence, l’inflation annuelle a atteint 21,3 % en décembre, un sommet en cinq ans selon le gouvernement.
Mercredi, la livre égyptienne a chuté de près de 4 % par rapport au dollar américain, portant ses pertes à 44 % l’année dernière. Un dollar valait pour la dernière fois 31 livres égyptiennes. La décision de retarder les projets de l’État risque de pénaliser la construction d’une immense nouvelle capitale à la périphérie du Caire .
Toutes les dépenses impliquant des devises étrangères passeront par un feu vert du ministère des Finances du pays. Certaines agences, dont les ministères égyptiens des affaires étrangères, de l’intérieur et de la défense, sont exclues des réductions de dépenses.
Le centre de recherche Oxford Economics estime que près de 100 milliards de dollars de dettes étrangères et intérieures arriveront à échéance pour l’Égypte au cours des quatre prochaines années. L’Égypte va donc débourser 155,7 milliards de dollars à des créanciers étrangers, selon la banque centrale du pays.
Dans tout le pays, les familles ont réduit leur consommation de viande, de médicaments et de vêtements. Le pain, le riz et l’huile de cuisson font partie des articles manquants dans les rayons des magasins, après la montée en flèche de la demande d’articles bon marché.
https://mondafrique.com/egypte-une-dette-de-cinquante-milliards-de-pour-une-capitale-pharaonique/