A en croire le dossier de presse distribué par l’Elysée lors du voyage de François Hollande à Alger, l’économie algérienne serait un eldorado pour les entreprises françaises. Vraiment ?
Entre les pertes de recettes de neuf milliards de dollars au cours des quatre derniers mois, la baisse des cours du pétrole, un président impotent et un pouvoir vacillant, il est difficile de croire que tout va bien dans le meilleur des mondes en Algérie. Pourtant à l’occasion de sa visite le président français, tout à son obsession de réduire le chômage et de récolter une avalanche de contrats de la part de ses amis algériens, se veut résolument optimiste. Du côté élyséen, tout est fait pour mettre en avant « l’amitié profonde qui lie l’Algérie et la France » et témoigner « des grands progrès de coopération entre les deux pays ». Le tout lors d’un déplacement d’une demie journée, qui s’achève par un diner officiel d’une heure chrono, et sans même la présence du président Bouteflika surement trop diminué pour participer à ces agapes.
L’Algérie sur tous les fronts
Les journalistes qui accompagnent François Hollande à Alger, ce lundi 15 juin, ont eu de quoi s’occuper pendant la durée du vol puisqu’ils ont eu la chance de recevoir un épais dossier de presse de vingt pages tout dédié à vanter l’activisme tant politique qu’économique de l’allié algérien. Comme il est écrit noir sur blanc, « le moment est maintenant venu de donner aux liens qui unissent les deux pays une impulsion puissante » !
Toujours selon ce communiqué de presse, l’Algérie est un acteur indispensable de la politique régionale, véritable « garant de stabilité au Maghreb et au Sahel ». Entre la « médiation internationale » conduite au Mail pour tenter de trouver un compromis entre les autorités officielles et les rebelles du nord du pays, son implication en Libye et ses envies de jouer les intermédiaires entre les acteurs politiques tunisiens, l’Algérie aurait un rôle « de premier plan » sur le continent africain…
L’eldorado algérien
D’après l’Elysée, le partenariat productif franco-algérien se porte à merveille. En 2014 la France reste le 2ème fournisseur de l’Algérie derrière la Chine, et enregistre une hausse de 4,2% de ses exportations à destination du pays. Pour l’exemple, entre l’implantation de l’Usine Alstom – tout juste inaugurée par Monsieur Fabius en mai 2015-, le possible partenariat entre la SNCF et la SNTF, et la récente ouverture de l’usine Renault à Oran, on peut dire que tout roule du côté des transports ferroviaires. Et c’est sans parler des projets d’extension de Sanofi, de Danone et ses lignes de production qui s’agrandissent ou encore du domaine de l’énergie avec Engie et son projet de « Tight gas » dans le grand sud…
Peau de chagrin
Pourtant, si sur le papier le programme économique semble mirobolant, ce formidable partenariat franco algérien n’a pour l’instant pas vraiment attiré les foules puisque d’après les services consulaires, non actualisés depuis 1994, on compterait seulement environ 34 000 expatriés français installés dans le pays. Un nombre dérisoire, et dont on peut douter qu’il progresse, malgré toutes les bonnes intentions du président français pour « donner un nouvel élan » aux relations franco-algérienne.