- Mondafrique https://mondafrique.com/economie/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 11 Aug 2025 06:47:15 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/economie/ 32 32 Le triste 65eme anniversaire de l’Indépendance du Tchad https://mondafrique.com/libre-opinion/le-triste-65eme-anniversaire-de-lindependance-du-tchad/ https://mondafrique.com/libre-opinion/le-triste-65eme-anniversaire-de-lindependance-du-tchad/#respond Mon, 11 Aug 2025 06:25:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=137528 Les élections législatives de décembre 2024 au Tchad, assez largement boycottées, ont donné une très large majorité au Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS). Alors que le pays fête le 65eme anniversaire de l’indépendance, les dirigeants du parti au pouvoir, conduit par Idriss Déby Itno qui s’est auto désigné à la tète de l’État après […]

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Les élections législatives de décembre 2024 au Tchad, assez largement boycottées, ont donné une très large majorité au Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS). Alors que le pays fête le 65eme anniversaire de l’indépendance, les dirigeants du parti au pouvoir, conduit par Idriss Déby Itno qui s’est auto désigné à la tète de l’État après le décès de son père dans une forme inédite de putch familial, s’emploient à défendre la gestion exclusive du pays par un clan  recruté sur une base ethnique, tout en mettant en avant le mérite et la compétence comme seuls critères de nomination des élites tchadiennes.

Mohamed Youboue, correspondance

Face aux critiques contre la coloration ethnique de l’appareil d’Etat, le discours diffusé par le parti au pouvoir prétend que désormais les nominations aux postes de responsabilité privilégieront les compétences. Cette position parait conforme au programme du candidat Mahamat Idriss Déby Itno qui, pour améliorer la gestion des ressources humaines dans la fonction publique, avait promis que « le recrutement sur concours anonyme des postes clés devra promouvoir l’adéquation des compétences aux responsabilités exercées »…On en est loin!

Les engagements en faveur de « plus de justice et d’égalité entre les Tchadiens » contenu dans le programme du président proclamé élu le mai 2024, ne se sont pas traduites dans les 100 actions prévues d’ici 2029. Les nominations récentes dans la haute fonction publique et dans les entreprises montrent la main mise des deux régions d’origine du Chef de l’Etat, pas vraiment tes plus peuplées, sur les vint trois que compte le pays. 

Décisions arbitraires 

Les déclarations d’intention en faveur de l’excellence ne sont pas cohérentes avec le pouvoir discrétionnaire  sacro-saint du président de la république. En effet, les choix arbitraires n’ont pas leur place dans un système transparent de gestion des ressources humaines.

Le mode d’attribution des postes de responsabilités est loin d’être méritocratique. Les proclamations du Secrétaire Général du MPS, par ailleurs Ministre d’Etat, qui déclarait le 14 février 2025,  qu’il fallait abandonner le dogme de la répartition régionale des postes au profit du mérite. Les compétences des heureux élus ne sont pas connues, les CV n’étant pas diffusés.

A posteriori, les tchadiens découvrent à leurs dépens l’inadéquation de la plupart de ces parachutés à leur poste respectif, au regard des échecs des structures qu’ils dirigent ainsi que de l’enlisement de l’immense majorité de la population dans la misère. En effet, avec 44,8 % en 2022 le Tchad continue à figurer parmi les pays du monde au taux de pauvreté de leur population le plus élevé. En outre il demeure englué dans une corruption endémique.

Au cours de son entrevue télévisée signalée précédemment, le SG du MPS a reconnu que les nominations aux fonctions supérieures publiques reposent aussi sur l’exercice du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat qui s’avère en réalité prédominant et arbitraire. Les dispositions constitutionnelles et du Statut de la fonction publique ainsi que les règles sur l’impartialité et la non-discrimination dans le recrutement et la promotion dans les entreprises sont de la sorte allègrement piétinées.

L’argent, le nerf de la domination

Dans le domaine bancaire et financier, à l’exception d’une femme, la seule, Directrice générale adjointe d’une banque, tous les responsables tchadiens (directeurs généraux, directeurs généraux adjoints, présidents des conseils d’administration) proviennent uniquement des deux provinces évoquées ci-dessus.

Les critères fixés pour être désigné à ces fonctions, imposés par la Commission bancaire en Afrique centrale (COBAC), ne sont pas véritablement respectés, notamment une expérience minimale de cinq ans dans une fonction d’encadrement de haut niveau. Les agréments nécessaires sont quasiment toujours accordés par la COBAC car l’ensemble des acteurs assurant la supervision de l’activité bancaire (Ministre des finances, membre tchadien du gouvernement de la BEAC et commissaires de la COBAC) ont des liens plus ou moins forts, directs ou indirects (familiaux, ethniques, politiques, religieux, etc.) avec les personnes proposées.  

Cette situation affecte la qualité de la supervision du système bancaire. Elle favorise une distribution biaisée de crédits au profit de personnes apparentées et ne remplissant pas toujours les conditions de prêts exigées, en contournant souvent la règlementationcommunautaire. Ce comportement qui participe à accroitre les inégalités économiques et sociales a entrainé une hausse significative des créances bancaires compromises. Si globalement la part des crédits en souffrance atteint 31,5 % des prêts effectués par le système bancaire tchadien en 2023, contre environ 17 % pour l’ensemble de la CEMAC, ce taux s’élève à 33 % pour les deux banques publiques.

L’inclusion, un vain mot

Cette dérive monarchiste, entamée dans les années 90, amplifiée par l’exploitation pétrolièrelancée fin 2003, s’est accélérée depuis la transition forcée de 2021 à 2024. Alors que la suprématie d’une minorité est au plus haut, il est demandé à l’immense majorité du pays d’entériner ce fait accompli. 

S’il est admis de parler globalement des inégalités socio-économiques, particulièrement de celles liées au genre qui servent à s’attacher le vote féminin, il est difficilement toléré de mentionner celle imputable aux décisions « politiques ». L’invisibilisation des tchadiens n’appartenant pas aux familles au pouvoir, est entretenue. Les références incantatoires au programme du candidat-présiden ne changeront rien à la perception des tchadiens qui ont appris que hors la Bible et le Coran tout n’est que paperasse (« kat kat sakit » en arabe local)!

L’exclusion est fortement ressentie par les jeunes dont l’accès aux emplois est fermé. Jetés dans le chômage et la misère, ils endurent mal les discours fades et nauséeux sur le vivre-ensemble et la cohésion nationale.

Les discriminations ne peuvent plus être acceptées dans un Etat prétendu républicain depuis le 11 août 1960. L’inclusivité intégrale pour tous les citoyens et citoyennes, exigence politique, morale et économique, ne doit pas rester un vœu pieu servi à souhait. Aussi, est-il est impérieux que les laoukouras et choukous (appellations locales des laissés-pour-compte)expriment leur indignation et réclament l’application immédiate de mesures simples et contrôlables d’équité et de justice sociale dans la gestion des ressources publiques nationales, notamment des emplois (procédures ouvertes et transparentes de désignation aux hautes fonctions, publication des CV des personnalités nommées, etc.).

Le Programme national de développement en voie de lancement ne devra pas être un nouveau chapelet de promesses peu ou prou convenablement élaborées. Pour faire autrement, il faut sincèrement mobiliser les tchadiens et les tchadiennes autour d’objectifs collectivement et sur des valeurs réellement partagées et mises en œuvre dont l’égalité et la solidarité.

 

 

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L’ex patron de la Sonatrach Ould Kaddour aurait dérobé 54 millions $ https://mondafrique.com/a-la-une/les-suisses-ne-lachent-pas-le-clan-de-lancien-patron-de-la-sonatrach-ould-kaddour/ https://mondafrique.com/a-la-une/les-suisses-ne-lachent-pas-le-clan-de-lancien-patron-de-la-sonatrach-ould-kaddour/#respond Thu, 31 Jul 2025 16:35:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=137296 Abdelmoumen Ould Kaddour, ancien président-directeur de la société générale algérienne Sonatrach, a-t-il planqué 54,4 millions de dollars via des comptes bancaires et des sociétés en Suisse ? Berne rappelle que la Confédération et l’Algérie ont signé un accord d’entraide judiciaire en matière pénale en juin 1966. Il est donc bien fini le temps où les […]

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Abdelmoumen Ould Kaddour, ancien président-directeur de la société générale algérienne Sonatrach, a-t-il planqué 54,4 millions de dollars via des comptes bancaires et des sociétés en Suisse ? Berne rappelle que la Confédération et l’Algérie ont signé un accord d’entraide judiciaire en matière pénale en juin 1966. Il est donc bien fini le temps où les banques helvétiques ne répondaient pas aux commissions rogatoires.    

Par Ian Hamel, à Genève

Abdelmoumen Ould Kaddour, aujourd’hui âgé de 73 ans, a été le patron de la Sonatrach de mars 2017 à avril 2019, date où il a été démis de ses fonctions. La justice algérienne reproche à ce brillant ingénieur, formé aux États-Unis, quelques broutilles : dilapidation de fonds publics, abus de fonction, conflit d’intérêts, privilège d’un tiers dans un marché public. Pour échapper à la justice, Abdelmoumen Ould Kaddour se réfugie aux Émirats arabes unis. Manque de chance, Abou Dhabi a signé avec Alger une convention d’entraide judiciaire. L’ancien PDG est extradé en août 2021 et condamné à dix ans de prison en appel en décembre 2022.  

Son fils, Nassim Ould Kaddour a, lui, écopé à dix ans de prison par contumace. Résident en France, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Mais comme pour son père avec les Émirats, la Suisse, via le Tribunal pénal fédéral, l’a débouté de tous ses recours le 6 juin 2025.

La justice algérienne lui reproche d’avoir dissimulé les commissions illégales reçues par son père via des comptes en Suisse, aux Émirats arabes unis, et des sociétés fictives au Liban. L’arrêt du 6 juin évoque « l’origine délictueuse de la somme de 54,390 434 millions de dollars.

Le fiston, débouté sur toute la ligne

Pour faire simple, le 9 août 2022, le juge d’instruction du Pôle pénal économique et financier de la Cour d’Alger a sollicité l’entraide des autorités helvétiques. Le motifs : dilapidation de fonds publics, abus de fonction, conflit d’intérêts dans le but d’obtenir un avantage indu à autrui dans le cadre de la passation d’un marché public et blanchiment de capitaux. Bien évidemment, Nassim Ould Kaddour s’oppose à la transmission des documents bancaires aux autorités algériennes. « Il a notamment invoqué le caractère politique de la procédure, affirmant être poursuivi uniquement en raison des fonctions occupées par son père », précise le site suisse Gotham City, toujours très informé, qui a révélé l’arrêt de la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral (*). 

Nassim Ould Kaddour est débouté par le Ministère public de la Confédération (MPC) en décembre 2024. Un mois plus tard, il interjette recours auprès de la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral. Il se prétend menacé « du fait d’une situation politico-juridique spéciale ». La justice helvétique n’est guère convaincue : le fils de l’ancien PDG de la Sonatrach ne réside-t-il pas actuellement en France ? Il ne peut donc pas prouver qu’il serait exposé « au risque de mauvais traitement ou de violation de ses droits de procédure ». Le Tribunal rappelle que « le recourant a été condamné par défaut, notamment, à une peine privative de liberté de dix ans pour des actes qui, transposés en droit suisse, correspondent à l’infraction de blanchiment d’argent ». Finalement, dans cet arrêt de 16 pages, Nassim Ould Kaddour est débouté sur toute la ligne.

Il faut encore se demander si son avocat, le Genevois Christian Lüscher, peut encore sortir une carte de sa main afin de s’opposer une nouvelle fois à la transmission des documents bancaires à l’Algérie, et gagner encore quelques mois.

(*) « L’Algérie traque les comptes suisses du clan Ould Kaddour », 23 juillet 2025

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Le tourisme en Côte d’Ivoire(4/4): le carnet de route de l’écrivain Venance Konan https://mondafrique.com/economie/le-tourisme-en-cote-divoire4-4/ https://mondafrique.com/economie/le-tourisme-en-cote-divoire4-4/#respond Tue, 29 Jul 2025 05:27:31 +0000 https://mondafrique.com/?p=131808 La Côte d’Ivoire profite du temps de sa renaissance pour séduire plus de monde. Après la belle campagne victorieuse à la Coupe d’Afrique des Nations, Abidjan  a plus que jamais fière allure avec ses ponts à haubans, son architecture recherchée, ses routes neuves, ses lumières qui confirment sa réputation de ville lumière, ses restaurants, petits […]

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La Côte d’Ivoire profite du temps de sa renaissance pour séduire plus de monde. Après la belle campagne victorieuse à la Coupe d’Afrique des Nations, Abidjan  a plus que jamais fière allure avec ses ponts à haubans, son architecture recherchée, ses routes neuves, ses lumières qui confirment sa réputation de ville lumière, ses restaurants, petits ou grands, qui proposent une riche gastronomie, sa musique, ses habitants hospitaliers qui savent offrir un sourire ou un bon mot à l’inconnu de passage…

Un nouvel eldorado

Cette hospitalité traditionnelle, brouillée par les conflits de ces dernières décennies, est ce trésor que le ministère du tourisme ivoirien exploite pour transformer la Côte d’Ivoire en l’une des destinations touristiques les plus prisées d’Afrique grâce aux moyens sur lesquels le gouvernement ivoirien a décidé de mettre à la disposition de ce secteur.

Mondafrique vous propose ici le quatrième article d’une série consacrée au boom touristique ivoirien

Voici donc le carnet de route de notre ami Venance Konan, depuis Grand Bassam, la première capitale de la colonie de Côte d’Ivoire jusqu’à Assinie, autrefois Issiny, où les missionnaires capucins venus de Saint-Malo s’installèrent dès 1637 et jusqu’à Elima qui a vu se créer la première école de la Côte d’Ivoire, en 1887 en passant par l’admirable palais de Monin Bia à Ayamé.

Plusieurs fois primé pour ses enquêtes, reportages et chroniques, Venance Konan, à la suite de son premier roman « Les prisonniers de la haine » paru aux Éditions NEI en 2003, a publié de nombreux essais et romans dont « Edem Kodjo un homme, un destin » pour lequel il a reçu le grand Prix littéraire de l’Afrique noire en 2012.

A la découverte de Grand Bassam

Ce qui reste d’une des premières maisons de style européen construites en Côte d’Ivoire

La région du Sud-Comoé commence dès la sortie de la ville d’Abidjan. Sa première cité en venant d’Abidjan est Grand-Bassam qui se trouve à environ 15 kilomètres de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny. La ville fut la première capitale de la colonie de Côte d’Ivoire, de 1893 à 1900, jusqu’à ce qu’à la suite d’une épidémie de fièvre jaune, la capitale soit transférée à Bingerville où l’air était plus salubre.

Pour se rendre à Grand-Bassam, on a le choix entre l’autoroute rectiligne d’une quinzaine de kilomètres, et l’ancienne route, plus sinueuse, mais plus pittoresque qui longe l’océan Atlantique. Elle est bordée d’ateliers d’artisans qui fabriquent des meubles, souvent en rotin, de quelques hôtels et de restaurants qui servent de succulents poissons et poulets braisés, mais aussi des mets européens.

A l’entrée de la ville, il faut obligatoirement s’arrêter au marché artisanal où des dizaines de vendeurs vous proposeront divers objets de l’art ivoirien, en bois ou en bronze. Il faut ensuite traverser rapidement le quartier Impérial pour se retrouver à la statue de la « marche des femmes ». Ce monument commémore la marche que des femmes ont effectuée du 22 au 24 décembre 1949 pour exiger la libération des militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui luttaient pour l’indépendance de leur pays et qui avaient été emprisonnés par les autorités coloniales. Le pont qui conduit au quartier France a été baptisé « pont de la Victoire » en hommage à cette marche. Le quartier France, cœur historique de la ville, situé entre la lagune et la mer, est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le monument aux morts français

Le quartier France s’apprécie mieux lorsque l’on le visite à pied. A gauche, juste après le pont, se trouve une rangée de vieux manguiers aux tronc noueux qui témoignent de leur grand âge. Ils apparaissent sur les plus vieilles images de la ville qui datent du début du siècle dernier. En face, sur un espace vide se trouve la tombe de Marcel Treich Laplaine, le premier administrateur colonial de la Côte d’Ivoire dont le nom fut donné au quartier de Treichville à Abidjan.

De l’autre côté de la lagune, se trouve la première maison close, pour ne pas dire le premier bordel du pays. L’histoire raconte que ce fut d’abord des hommes qui vinrent d’Europe sur les côtes africaines. Lorsqu’ils formèrent une colonie, le problème de leurs besoins sexuels se posa. On remarqua que quelques-uns allaient avec des femmes africaines. Ce qui heurtait la morale de certains bien-pensants en France. Il fut alors décidé de construire un bordel et d’y faire venir des femmes blanches. C’est plus tard que les épouses des colons les rejoignirent. Cette maison est aujourd’hui un hôtel.

En allant tout droit après le pont, l’on tombe sur le vieux tribunal toujours fonctionnel, et en bifurquant sur la gauche, l’on passe devant l’ancien palais des gouverneurs qui est l’actuelle préfecture de Grand-Bassam, contigüe à l’ancienne résidence des mêmes gouverneurs, aujourd’hui musée du costume, l’ancienne poste qui est en train d’être transformée en « maison des artistes », le petit village des rastas, et la première école de la ville. Au bout de la rue se trouve le monument érigé en hommage aux victimes de la fièvre jaune qui décima la population européenne de la ville. Il y est inscrit : « A ses enfants tombés en Côte d’Ivoire, la France reconnaissante. » Derrière ce monument se trouve la « Commanderie » où résida Treich Laplaine. Tout le long du bord de la mer, jusqu’au village d’Azureti, se succèdent des hôtels et des restaurants de toutes les classes.

Certaines des vieilles maisons de style colonial ont été bien conservées ou rénovés par les nouveaux propriétaires, mais bon nombre d’entre elles sont complètement en ruine. Chacune des maisons raconte une histoire, celle des premiers Européens à avoir mis les pieds sur ce territoire, celle aussi des premiers Libanais, auxiliaires des Européens qui allaient acheter le café et le cacao à l’intérieur du pays et tenaient les commerces. Quelque part, au détour d’une rue, l’on tombe sur le plus vieux cinéma en plein air du pays, aujourd’hui abandonné. Il y a aussi dans les environs, la maison où le savant français Raymond Borremans vécut et rédigea son volumineux dictionnaire encyclopédique sur la Côte d’Ivoire. Elle a été transformée en fondation. Plus loin l’on trouve le palais du roi des Nzima, l’un des deux plus importants groupes ethniques de la ville. Dans le quartier de Moossou se trouve un autre palais, celui du roi des Abouré, l’autre groupe ethnique.

Jouxtant le quartier des Européens, se trouve celui des « indigènes » comme l’on appelait les premiers habitants de la ville au temps des colonies, et au bout se trouve l’embouchure où le fleuve Comoé qui donna son nom à la région se jette dans la mer. On peut y admirer les pirogues colorées des pêcheurs ghanéens. Chaque année, à la fin du mois d’octobre et jusqu’au début de mois de novembre se tient l’Abissa, la fête de réjouissance du peuple Nzima et qui marque le début de la nouvelle année dans leur tradition. C’est une sorte de carnaval qui dure plusieurs jours.

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Assinie, le Saint Tropez ivoirien

 

De Grand-Bassam, pour se rendre à Assinie, l’on a le choix d’emprunter la nouvelle autoroute d’une trentaine de kilomètres qui longe le canal creusé depuis Grand-Bassam qu’empruntent les propriétaires de bateau, ou l’ancienne route qui traverse les villes très encombrées de Yaou, Bonoua et Samo. Mais l’une et l’autre route, ainsi que le canal, débouchent sur Assouindé, gros village situé entre la lagune et la mer, où fut tourné le film français « les Bronzés » en 1978. On y trouve de nombreux hôtels de toutes catégories.

Assouindé est séparé de la petite ville d’Assinie-Mafia par une langue de terre d’une vingtaine de kilomètres située entre la lagune et la mer. Assinie, autrefois appelée Issiny, fut le premier endroit où des Français, précisément des missionnaires capucins venus de Saint-Malo, s’installèrent dès 1637, dans ce qui deviendra la Côte d’Ivoire. Plus tard, le chevalier d’Amon et l’amiral Jean-Baptiste du Casse, directeur de la Compagnie du Sénégal, furent reçus par le roi d’Assinie et ramenèrent en France le prince Aniaba et son cousin Banga qui furent présentés au roi Louis XIV. Ils se convertirent au catholicisme, et Aniaba fut baptisé par Bossuet, l’évêque de Meaux. Ils devinrent des officiers dans le Régiment du roi, avant de retourner à Assinie vers 1700. Aniaba qui ne retrouva pas le trône royal d’Assinie auquel il croyait avoir droit mais qui était occupé par un autre roi en son absence, devint conseiller du roi de Quita dans l’actuel Togo et l’on perdit ses traces.

Assinie est le Saint-Tropez ivoirien, là où les grosses fortunes du pays ont construit de luxueuses villas où ils vont passer leurs week-ends. Le président de la République et de nombreux ministres y ont aussi leurs résidences de week-end. De nombreux hôtels de haut standing ont été construits sur tout le pourtour de la lagune et au bord du canal qui débouche sur la lagune Aby et que sillonnent à longueur de journée des jet-skis pilotés par de jeunes gens. La lagune Aby sert de frontière entre la Côte d’ivoire et le Ghana. Contrairement à Grand-Bassam où la mer est très houleuse, ce qui rend la natation assez risquée, celle d’Assinie est calme et l’on peut y marcher sur de longues distances. La plage de sable blanc est toujours très bien entretenue.

En face d’Assinie, au milieu de la lagune Aby, se trouvent les six îles Ehotilé constituées en parc naturel par l’Etat de Côte d’Ivoire. Elles abritent plusieurs espèces d’oiseaux, mais également des mammifères tels que les chauves-souris, que les riverains considèrent comme le signe de la présence de leurs parents disparus, et les lamantins. L’une de ces îles abrite le cimetière des premiers habitants. Aujourd’hui plus personne ne vit sur ces six îles.

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Elima, la première école ivoirienne

Pour poursuivre vos pérégrinations dans le Sud-Comoé à partir d’Assinie, il faut emprunter l’ancienne route et marquer un arrêt dans la petite et coquette ville d’Adiaké. Elle est située au bord de la lagune Aby et possède un vieux quartier de style colonial ainsi que de bonnes infrastructures hôtelières. En face d’Adiaké se trouvent les villages d’Eboué, Adjouan, Aby et Elima que l’on peut rallier en pinasse. Si l’on trouve à Eboué un hôtel de bon standing, ce n’est pas le cas des autres villages.

Il ne reste plus aujourd’hui que quelques pans du mur de la première école construite en Côte d’Ivoire.

Par contre, Elima a la particularité d’avoir vu se créer la première école de la Côte d’Ivoire, en 1887, par un Français venu d’Algérie du nom de Fritz-Emile Jeand’heur. Elle comptera à ses débuts 33 écoliers africains.

A quelques pas de cette école, sur une colline surplombant la lagune Aby, se dresse ce qui reste de ce que l’on appela la « première ambassade de France en Côte d’Ivoire », mais qui fut en réalité la première maison de style européen dans le pays. Ce fut une grand et belle maison aux murs épais, construite par Arthur Verdier qui introduisit le premier la culture du café en Côte d’ivoire. La maison, en ruine est presqu’entièrement recouverte par la végétation.

Les premiers magasins où André Verdier exposa son café

C’est le 7 avril 1880 qu’Arthur Verdier obtint du roi Amon N’doffou II les droits exclusifs de la culture du café à Elima. Il défricha dans un premier temps 100 hectares de forêt vierge, qu’il porta à plus de 300 hectares six ans plus tard. Les magasins dans lesquels il entreposait son café avant de l’expédier en Europe sont toujours visibles à Elima, au pied de sa résidence et à côté de l’école.

Ayamé, l’incroyable palais Monin Bia

Après avoir rejoint la route d’Assinie en sortant d’Adiaké, prendre sur la droite jusqu’à la petite ville de Samo, puis prendre encore à droite, en direction de la frontière ghanéenne. Aboisso, la plus grande ville et chef-lieu de la région du Sud Comoé, se trouve à une cinquantaine de kilomètres, au bord de la rivière Bia. En dehors de ses richesses touristiques, la région du Sud Comoé est riche en agriculture. C’est là que l’on trouve les plus grandes plantations de cacao, de café, de palmiers à huile et d’hévéa. Aussi trouve-t-on à Aboisso de nombreuses maisons « à étage » comme on dit, signe de richesse en Côte d’Ivoire. Mais à vrai dire, il n’y a rien de spécial à voir à Aboisso. A part peut-être la pierre en forme de phallus de l’hôtel Le Rocher.

Il faut plutôt aller jusqu’à Ayamé, trente kilomètres plus loin, sur une route cahoteuse, pour voir les deux premiers barrages hydro-électriques de la Côte d’Ivoire, que surplombe l’incroyable palais Monin Bia de l’excentrique défunt avocat Dominique Kangah, grand amateur et collectionneur d’art. Le palais, construit sur une colline qui domine la ville d’Ayamé et le lac du premier barrage, est constitué de sept chambres et une suite présidentielle, plusieurs salons, une salle de conférence, tous richement décorés de tableaux de maîtres, de sculptures, et un théâtre, car le maître des lieux était fou de cet art. Il écrivait des pièces de théâtre qu’il jouait pour ses invités ou pour lui seul. Le palais dispose aussi d’une incroyable salle à manger avec une table qui peut recevoir jusqu’à 80 convives. Il est surmonté d’un dôme qui culmine à 21 mètres de hauteur et permet d’admirer les magnifiques jardins à la française du palais. L’on raconte que le jardinier français qui conçut ces jardins fut si bien payé qu’il s’installa à Ayamé au bord du lac où il construisit un hôtel.

De retour à Aboisso, continuer sur la route du Ghana, puis quelques deux ou trois kilomètres après la sortie de la ville, prendre sur la droite la route de Krindjabo qui se trouve à cinq kilomètres. C’est la capitale du royaume Sanwi, un sous-groupe de l’ethnie Agni qui s’installa sur le territoire ivoirien vers la fin du XVIIème siècle.

Le roi du Sanwi, royaume au sud-est de la Côte d’Ivoire, où eu lieu la cérémonie d’intronisation de Michael Jackson en tant que prince, lors de sa visite en 1992. – Amandine Réaux

En 1992, le chanteur américain Michael Jackson visita le village où il avait été persuadé qu’il avait ses origines. Il y fut intronisé prince du Sanwi, sous le nom d’Amalaman Anoh. Le gros arbre appelé Krindja (Krindjabo signifiant « sous le krindja ») planté au beau milieu du village et le palais du roi constituent les principales curiosités de la localité. Le royaume Sanwi, qui englobe les localités d’Assinie, Aboisso et de Maféré réclama, en vain, son indépendance vis-à-vis de la Côte d’Ivoire au début des années soixante, en vertu d’un traité que l’un de ses rois signa avec la France en tant que royaume autonome, avant la colonisation formelle de la Côte d’Ivoire en 1889.

Toujours sur la route du Ghana, quelques vingt kilomètres plus loin, une voie sur la droite conduit au village d’Elima où se trouvent les vestiges de la première école créée en Côte d’Ivoire et de la première maison de style européen. L’on atteint Elima en traversant de grandes plantations de palmiers à huile.

De retour sur la route du Ghana, quelques cinq cent mètre plus loin, prendre sur la gauche pour aller découvrir la grouillante cille de Maféré et son hôtel Fama-bio situé au bord d’un lac artificiel, avec son mini zoo qui fait la joie des enfants et même des parents.

Enfin, pour clore votre promenade, avant d’atteindre la frontière ghanéenne, prendre sur la gauche et traverser les plantations de palmier à huile pour aller découvrir la petite et charmante ville de Tiapoum, elle aussi au bord de la lagune Aby.

Le tourisme en Côte d’Ivoire (3/4), la sauce gouagouassou au menu des restaurants huppés

 

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Dans un Abidjan qui se développe à un rythme effréné, la Côte d’Ivoire implémente sous le fouet de la demande une gastronomie typiquement ivoirienne qui a déjà été adoptée dans les principaux hôtels de luxe.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Côte d’Ivoire : la cheffe Zeinab Bancé bat le record Guinness du plus long marathon de cuisine

Dans les cuisines du restaurant de l’hôtel Palm Beach, le chef Léandre Kouamé, un ivoirien formé en France, expose avec délicatesse des produits locaux qu’il prépare soigneusement avec son savoir-faire français. Comme lui, plusieurs de ses confrères parfois formés par des restaurateurs ayant pignon sur rue de l’Hexagone sont de plus en plus enclins à utiliser les spécialités locales.

Au nombre de celles-ci, la sauce gouagouassou, emblématique de la cuisine ivoirienne ne manque plus au menu des restaurants huppés. Autour d’une viande de lapin qui mijote dans une marmite, des dizaines de tranches d’aubergines et de tomates africaines cuisent à petit feu avant que le tout ne soit arrosé d’huile rouge, de poudre d’akpi – une amande – et d’un brin de poivre appelé dans le jargon local « fèfè » puis enfin d’un grand bol d’eau.

Hommage à la cuisine de maman

C’était la recette culte de la mère de Léandre décédée depuis 2018. Alors, forcément, elle est devenue la sienne. « Je l’ai tellement appréciée durant mon enfance », admet-il, avant d’ajouter que la revisiter était presque une obligation de rendre hommage à ma mère qui ne m’a pas vu devenir un chef cuisinier.

Amoureux de la cuisine, Léandre, formé en France, espère ouvrir dans quelques années son propre restaurant. En attendant, il a rendez-vous avec Jérôme Grobli qui patiente dans une salle attenante éclairée à la lumière du jour pour goûter le gouagouassou en cassolette qu’il a commandé.

Ce midi, il partage ce repas copieux présenté avec soin avec son amie, Maïmouna Doumbia. Elle ne cache pas sa surprise de voir le gouagouassou, un plat traditionnel typiquement ivoirien dans un restaurant pareil. « Franchement c’est un plaisir », soupire-t-elle d’émerveillement.

Ici, rien à voir avec les maquis, ces restaurants typiques informels et très animés où l’on mange à la main le poulet ou le poisson braisé avec de l’attiéké (semoule de manioc) ou l’alloco (bananes plantain frites).

Des chips de manioc

A plusieurs kilomètres de là à Angré, au nord de la commune de Cocody, Hermiole Kassi expérimente sa nouvelle création d’amuse-bouche inspiré du placali, plat typiquement ivoirien fait de sauce gluante au gombo, de morceaux de viande et de poisson séché qui accompagnent la pâte de manioc fermenté.

Les Abidjanais dégustent également avec gourmandise le manioc soufflé et transformé en chips. Aux Trois Palmiers, le chef cuisinier, le Français Matthieu Pernier, propose des amuse-bouches de ce type chaque semaine, avec l’idée de « réveiller un souvenir chez les personnes qui connaissent parfaitement ces plats ». Car la moitié de sa clientèle est ivoirienne, avoue-t-il.

« Même si notre cuisine se veut être internationale parce que c’est un hôtel cinq étoiles, je pense que c’est un non-sens de ne pas faire un clin d’œil à tous les beaux produits qui nous entourent », affirme-Pernier. D’autant que grâce aux savanes du nord du pays où le climat est chaud et sec, il y a des céréales » à foison ou encore le « fonio » et le « sorgho », détaille Léandre, tandis que dans la zone forestière du sud, les « feuilles d’épinard », de « taro » et « des produits typiquement tropicaux » sont disponibles.

La gastronomie enseignée à l’école

Pour apparaître sur la carte culinaire internationale, la Côte d’Ivoire cherche à normer et à codifier sur des fiches techniques les éléments qui identifient sa gastronomie. Et avec cela parvenir à cette norme et l’enseigner dans toutes les écoles hôtelières, a récemment expliqué le directeur du Festival de la Cuisine ivoirienne (FCI), Dr. Klo Fagama.

Lancé en 2023, ce festival s’est rapidement imposé comme un événement incontournable du calendrier culturel et touristique de la Côte d’Ivoire puisqu’en seulement trois éditions, il est devenu une vitrine des richesses culinaires locales et un levier pour la reconnaissance internationale de la gastronomie ivoirienne.

Car pour le directeur du FCI, « la gastronomie est un véritable marqueur identitaire, un élément de cohésion sociale, un vecteur de développement et d’attractivité touristique. Qui permet non seulement de préserver notre héritage culinaire mais aussi de le moderniser et de l’exporter ».

L’Association des chefs créateurs d’émotions culinaires de Côte d’Ivoire ne dit pas autre chose. Puisqu’elle contribue également à enraciner cette vision qui a commencé au milieu des années 2000. Avant cette date, les chefs de restaurants huppés avaient l’habitude de faire des plats occidentaux avec des produits importés.

Mais le coût de la vie devenant cher, tous se sont tournés vers des produits moins onéreux et disponibles. Outre l’aspect financier, il y a une volonté de donner « l’accès » à la cuisine locale aux « grands restaurants de luxe » qui fleurissent depuis plusieurs années à Abidjan.

2025, année « Côte d’Ivoire, terre de saveurs »

La semoule de manioc très pauvre en gluten, en protéine et en matières grasses, mais extrêmement riche en magnésium, potassium, calcium, vitamine et fer. Ce qui en fait un allié de choix pour les soucis digestifs et les régimes minceur.

Surfant à la fois sur la grande visibilité offerte par l’immense succès de la CAN 2023 organisée par la Côte d’Ivoire, ainsi que l’inscription de l’attiéké (semoule de manioc) au patrimoine de l’Unesco l’année dernière, Abidjan a déjà placé l’année 2025 sous le signe de la « Côte d’Ivoire, Terre de saveurs » afin de positionner la cuisine ivoirienne comme un atout touristique majeur, lors du forum ivoiro-thaïlandais organisé par l’Ambassadrice ivoirienne, Ada-Kouassi, en poste en Thaïlande.

A cette occasion, Mme Ada-Kouassi a mis en parallèle les traditions culinaires de la Thaïlande et de la Côte d’Ivoire. La première renommée pour ses saveurs exotiques et ses marchés de rue, tandis que la seconde se distingue par ses plats emblématiques comme le gouagouassou, l’Attieké, inscrit au patrimoine de l’Unesco, ou encore le Kedjenou, (recette de ragoût très épicée de viande de brousse ou de poulet) et l’alloco, (frite de banane mûre ».

Le tourisme en Côte d’Ivoire (2/4): Abidjan, la magnifique vitrine

Le tourisme en Côte d’Ivoire (1/4), un nouvel eldorado

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Le tourisme en Côte d’Ivoire (2/4): Abidjan, la magnifique vitrine https://mondafrique.com/economie/notre-serie-abidjan-metamorphoses-dune-ville/ Mon, 21 Jul 2025 06:48:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=130145 Sur un ton à la fois provocateur et détaché, Venance Konan, journaliste et écrivain, lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire 2012, revient dans cette nouvelle chronique sur les métamorphose d’Abidjan, cette ville qui est la sienne et qui est en train de devenir une des grandes capitales africaines où affluent chaque années des touristes […]

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Sur un ton à la fois provocateur et détaché, Venance Konan, journaliste et écrivain, lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire 2012, revient dans cette nouvelle chronique sur les métamorphose d’Abidjan, cette ville qui est la sienne et qui est en train de devenir une des grandes capitales africaines où affluent chaque années des touristes de plus en plus nombreux

Nous étions en 1987 et je commençais ma carrière de journaliste dans un journal qui venait de naître et qui s’appelait « Ivoir’soir ». Une année plus tôt Kéké Kassiry avait sorti sa chanson « Abidjan », qui faisait danser tout Abidjan, toute la Côte d’Ivoire, et toute l’Afrique sur les rythmes du « gnama gnama », ou la danse des loubards.

« Abidjan é

Oh oh, Abidjan hé !

Y a des sapés

A Abidjan é

Y a des branchés

A Abidjan é

Y a des griffés

A Abidjan é

Y a la vie à Abidjan

Y a la joie à Abidjan y a la fête à Abidjan é »

Oui, à cette époque c’était tous les soirs la fête à Abidjan, la ville la plus branchée et la plus bouillonnante d’Afrique francophone et même au-delà. Abidjan était en pleine croissance. De nouveaux quartiers sortaient de terre à grande vitesse. Adjin, Angré, Attoban, partout, il y avait des promotions immobilières pour toutes les bourses.

« Le Plateau », le Manhattam africain

Le quartier du Plateau, en plein cœur de la ville, avec ses gratte-ciels, cultivait nonchalamment son côté Manhattan d’Afrique. Au temps colonial c’était le quartier des Européens. Les Africains eux, habitaient Treichville, de l’autre côté de la lagune, et Adjamé, dans le prolongement du Plateau. Plus tard, Cocody, à l’est du Plateau devint le quartier des « en haut d’en haut », c’est-à-dire la nouvelle bourgeoisie ivoirienne. Et puis il y eut les cités dortoirs de Yopougon (qui faisait un peu penser à Soweto en Afrique du sud), d’Abobo, de Port-Bouet, d’Attécoubé…

Côté ambiance, Abidjan s’amusait. Il y avait des maquis, des clubs de jazz, des boîtes de nuit, des dancings partout, des concerts tous les week-ends, et de galeries d’art dans les quartiers chics. Abidjan dansait sur la musique de Kéké Kassiry. Et aussi, sur le Zouk venu des Antilles, sur le Soukouss de ce pays qui s’appelait encore le Zaïre, sur le reggae d’Alpha Blondy. Les clubs de jazz, c’était du côté de Marcory et de Cocody, et les dancings, dans les gros quartiers populaires tels que Yopougon ou Abobo. A Treichville, c’était plutôt les boites de nuit, dont le Griffet, celle du célèbre animateur télé Roger Fulgence Kassy qui décédera en 1989. Abidjan était toujours en fête, Abidjan était une fête. Les artistes peintres avaient inventé le Vohou Vohou, ou l’art de faire de la peinture avec tout et n’importe quoi. Tous les artistes africains qui voulaient se faire un nom passaient nécessairement par Abidjan. Même le grand Kassav ne se fit connaître en Afrique qu’après s’être produit à Abidjan.

Le départ du « Vieux »

Le président Houphouet Boigny, dit le Vieux »

Abidjan ne le savait pas encore, mais elle vivait ses derniers jours de joie et de tranquillité avant très longtemps. En 1990, la crise qui couvait éclata. Les jeunes voulaient tout : le départ du « Vieux », le Président Félix Houphouët-Boigny, au pouvoir depuis trente ans, la démocratie, de bonnes conditions d’études, du travail, tout. Chaque jour c’étaient des manifestations, des grèves, des bus incendiés, des bombes lacrymogènes, des arrestations, parfois des morts. Le cœur n’était plus à la fête. Non, il n’y avait plus de joie à Abidjan. Mais les étudiants trouvèrent l’inspiration pour inventer un nouveau genre musical, le Zouglou, qui chantait leurs misères et celles de leur société.

Le « Vieux » meurt en 1993. Henri Konan Bédié, son dauphin, lui succède. La situation politico-sociale ne s’améliore pas. Le pays se divise de plus en plus. Chacun se replie sur lui, sur sa région, sur son ethnie, et les soirs, l’on sort de moins en moins de son quartier. Les galeries se ferment les unes après les autres. Les clubs de jazz et les dancings aussi. Ça ne sent pas bon.

L’hôtes Ivoire depuis la baie d’Abidjan

En 1999, à la veille de passer au nouveau millénaire, survient l’impensable dans ce pays connu pour sa stabilité dans cette Afrique si instable : un coup d’Etat. Suivi par une transition militaire violente. Et des élections tout aussi violentes dix mois plus tard. Et deux ans plus tard, arrive une rébellion armée qui coupe le pays en deux.

Le pays s’enfonce dans le chaos. Un chaos qui durera huit longues années. Il y a un nord occupé par la rébellion, et un sud dit « loyaliste ». Les populations venues à Abidjan des zones occupées par la rébellion s’installent où elles peuvent, n’importe où, créent des bidonvilles qui poussent comme des champignons. L’hôtel Ivoire, l’hôtel de luxe par excellence où toute personne qui se respecte doit avoir passé au moins une nuit, est occupée par les « jeunes patriotes », soutiens indéfectibles du régime d’Abidjan. Il sera plus tard le théâtre de meurtriers affrontements entre ces « jeunes patriotes » et l’armée française.

Au rythme du « Coupé Décalé »

« Rue Princesse », une histoire de la nuit

Et curieusement, c’est à cette époque que les Ivoiriens inventent une musique qui envahira toute l’Afrique. Le « Coupé Décalé ». On l’écoute et la danse dans les super-maquis et les bars climatisés. Yopougon est le temple du Coupé Décalé. On s’encanaille aussi dans les bars de la Zone 4, un sous-quartier de Marcory. Les filles s’y exhibent complètement nues. Progressivement, c’est toute la ville qui se pervertit.

A Yopougon il y a la fameuse « rue princesse », bordée de dizaines de maquis les uns plus bruyants que les autres. Là-bas aussi la chair de jeune fille se monnaye pour pas grand’chose, une bouteille de bière, ou juste de quoi manger, et se consomme sur un parking, ou parfois dans la rue, sans souci de discrétion. Tout juste à côté, dans une rue adjacente, c’est la chair de très jeunes enfants, parfois de douze ans qui se monnaie. Abidjan devient glauque. Et triste.

En 2011, le pouvoir est renversé après des élections aux résultats très contestés et une guerre éclair. En avril, lorsque les combats cessèrent, il y avait des cadavres et des monceaux d’ordures dans toutes les rues. Il fallut nettoyer, curer, nettoyer, curer. Puis réparer, reconstruire, construire. Et Abidjan se mit à changer. Quelques semaines après la fin des hostilités, personne n’aurait pu dire que la ville fut l’objet de violents et meurtriers combats.

Abidjan renait de ses cendres

Quelque quinze ans après, Abidjan est aujourd’hui méconnaissable. Ont surgi de partout de nouvelles routes, de nouveaux échangeurs, trois nouveaux ponts, là où en 50 ans on ne put en construire que deux, de nouveaux quartiers, de nouveaux gratte-ciels…Abidjan vit à nouveau. Abidjan respire mieux. La forêt du Banco, la plus grande forêt primaire d’Afrique située en pleine ville est clôturée pour la protéger contre les prédateurs. L’ancienne décharge d’Akouédo est transformée en jardin.

Abidjan attire à nouveau. On y organise de grands évènements. Les avions qui y vont sont toujours pleins. Les hôtels aussi. Abidjan fait à nouveau la fête. De nouveaux endroits pour se divertir se sont ouverts partout, les artistes ont retrouvé leur créativité et les galeries se multiplient.  Les jeunes filles qui s’exhibaient toutes nues dans des bars en Zone 4 et ailleurs ont été priées d’aller s’habiller.

Une capitale du football

Le stade Félix Houphouët-Boigny dans le quartier du Plateau, à Abidjan (photo d’illustration). © AFP/Sia Kambou

On a aussi construit de nouveaux stades et en 2024, la Côte d’Ivoire s’est offert le luxe d’organiser une Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football, qualifiée de meilleure jamais organisée dans l’histoire de cette coupe, et elle l’a gagnée. C’est le retour de la Côte d’Ivoire qui gagne. Et ça se fête.

Après la fête, il faut penser au cadre de vie et à la sécurité des Abidjanais. Alors on a cassé les bidonvilles qui avaient poussé un peu partout dans l’anarchie, dans des zones à risque. Des dents ont grincé, mais c’était le prix à payer.

Le pays doit avancer. Et il doit avancer avec Abidjan, sa vitrine.

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Le tourisme en Côte d’Ivoire (1/4), un nouvel eldorado https://mondafrique.com/economie/cote-divoire-nouvel-eldorado-des-touristes-1-4/ Sat, 19 Jul 2025 03:30:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=128301 La Côte d’Ivoire profite du temps de sa renaissance pour séduire plus de monde. Après la belle campagne victorieuse à la Coupe d’Afrique des Nations, Abidjan  a plus que jamais fière allure avec ses ponts à haubans, son architecture recherchée, ses routes neuves, ses lumières qui confirment sa réputation de ville lumière, ses restaurants, petits […]

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La Côte d’Ivoire profite du temps de sa renaissance pour séduire plus de monde. Après la belle campagne victorieuse à la Coupe d’Afrique des Nations, Abidjan  a plus que jamais fière allure avec ses ponts à haubans, son architecture recherchée, ses routes neuves, ses lumières qui confirment sa réputation de ville lumière, ses restaurants, petits ou grands, qui proposent une riche gastronomie, sa musique, ses habitants hospitaliers qui savent offrir un sourire ou un bon mot à l’inconnu de passage…

Cette hospitalité traditionnelle, brouillée par les conflits de ces dernières décennies, est ce trésor que le ministère du tourisme ivoirien exploite pour transformer la Côte d’Ivoire en l’une des destinations touristiques les plus prisées d’Afrique grâce aux moyens sur lesquels le gouvernement ivoirien a décidé de mettre à la disposition de ce secteur.

Misant aussi sur ses sites touristiques fabuleux comme le montre ci dessus l’image des chutes du Man, dans l’Ouest du pays, son art culinaire légendaire ainsi que sa musique au rayonnement mondial, la Côte d’Ivoire se rêve parmi les cinq premières destinations touristiques africaines.

Mondafrique vous propose ici le premier article d’une série de quatre papiers consacrés au boom touristique ivoirien

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

 

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Alors que le secteur touristique avait été dynamité par les crises sociopolitiques successives que le pays trop longtemps a connues, cette industrie réalise désormais des performances spectaculaires avec une croissance annuelle de 6,4% depuis 2019. Selon le rapport 2024 du Forum économique mondial sur le développement du tourisme et des voyages, la Côte d’Ivoire est classée 18è pays africain le plus performant dans le secteur touristique et seconde économie mondiale dans ce domaine. Derrière ce succès, apparaissent des investissements massifs qui ont permis d’augmenter en quantité et en qualité les infrastructures touristiques du pays, des hôtels à la location des véhicules, en passant par la restauration

Depuis plusieurs années, la capitale ivoirienne scintille. Son bitume qui se renouvelle au fur et à mesure qu’il se dégrade ajoute au zéphyr porté par la lagune Ebrié un sentiment de fraîcheur et de propreté. Chaque carrefour est un chantier et les gratte-ciels rivalisent de couleurs et de beauté. Ici, un nouveau pont, là un échangeur en chantier qui provoque des embouteillages interminables, là encore des hôtels cinq étoiles dont la vitrine invite à y séjourner, ou encore des espaces et des plages propres qui vous appellent à prendre le large…

Abidjan, ville phare

Le pays qui a renoué avec la croissance économique grâce à des investissements en nette progression, rêve désormais ouvertement depuis 2012 de devenir l’une des cinq premières destinations touristiques d’Afrique. Il y a en effet de quoi : Abidjan est la ville de la joie. Même les quartiers déshérités ne perdent jamais leur sourire parce que dans ce pays d’un peu plus de 30 millions d’habitants, c’est l’espoir qui fait vivre.

Connu pour son cacao dont elle domine les statistiques sur le marché mondial, la Côte d’Ivoire a terminé l’année 2024 en tête, avec 2,2 millions de tonnes des fameuses fèves. Derrière elle, son concurrent le plus proche, le Ghana, n’a fait mieux que 600 mille tonnes. Mais depuis plusieurs années, les ressources cacaoyères connaissent des fluctuations. À cause de la pluviométrie qui fait des siennes, des chocolatiers fortunés mais qui négocient sec et les multiples réglementations de l’Union européenne. Alors, le gouvernement ivoirien a décidé de diversifier ses ressources en misant également sur le secteur touristique qui était à la peine à cause des crises politiques interminables des années passées.

À Abidjan, il y a les minicars appelés « gbaka » pour permettre aux bourses faibles de relier les différents quartiers.

76,5 milliards d’investissements

rand-Bassam fut la première capitale coloniale, portuaire, économique et juridique de la Côte d’Ivoire ; elle témoigne des relations sociales complexes entre les Européens et les Africains, puis du mouvement populaire en faveur de l’indépendance.

Et depuis, le secteur a été relancé. A partir de 2011 et dans la foulée de la politique économique implémentée par le nouveau pouvoir, de nombreuses réformes ont été initiées, dont la plus récente reste la stratégie « Sublime Côte d’Ivoire » qui vise à hisser la Côte d’Ivoire parmi le top 5 des destinations touristiques d’Afrique à travers l’organisation combinée d’événements sportifs et artistiques majeurs, ainsi que la mise en place d’infrastructures capables d’émerveiller le visiteur.

Pour ce faire, entre 2011 et 2013, le gouvernement ivoirien a supervisé et encouragé la construction de 114 établissements hôteliers de moyen standing et de 3 étoiles pour un total de 1980 chambres représentant des investissements globaux de 76,5 milliards de FCFA. Grâce à cela, depuis 2019, le pays a doublé ses capacités hôtelières, le nombre d’hôtel étant passé à 3 320 contre 1 435 en 2011. Ce qui a permis créer 129 000 emplois selon les statistiques du ministère de l’économie et des finances. La Côte d’Ivoire a aussi organisé la dernière Coupe d’Afrique des nations qui a fait déferler sur la ville d’Abidjan et celles de l’intérieur du pays plus d’un million de visiteurs.

La Côte d’Ivoire veut également rentabiliser cet élan en faisant du pays un hub sportif de la sous-région africaine. Pendant ce temps, la gastronomie ivoirienne a acquis dans la foulée une notoriété inégalée. L’attiéké, l’aliment de base des Ivoiriens est désormais inscrit au patrimoine de l’Unesco et s’est exporté des maquis, ces restaurants ivoiriens nichés en plein air dans les rues d’Abidjan et de l’intérieur du pays aux places parisiennes. Même le foutou, l’Alloco, le poisson braisé et le poisson thon grillé à l’huile bouillante se mangent aussi bien à Bamako, Dakar, Ouaga qu’à Paris.

Le tourisme, 7,3% du PIB

Une partie du grand marché d’Adjamé dans la commune commerciale du même nom.

D’un seul coup, le secteur touristique a renoué avec la croissance qui représente désormais 7,3% du Produit Intérieur Brut (PIB) alors qu’il représentait 1,5% du PIB en 2011. Encouragé par ces chiffres prometteurs, la Côte d’Ivoire a renforcé le cadre institutionnel en adoptant un Code du Tourisme qui permet, grâce à Côte d’Ivoire Tourisme, d’assurer la promotion de la destination Côte d’Ivoire.

Parallèlement, le pays continue de multiplier et de moderniser ses infrastructures. Grâce au programme présidentiel, plusieurs sites hôteliers phares ont en effet été réhabilités. Le Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan, symbole de la modernité ivoirienne avec ses 426 chambres est ouvertement en mode séduction, tout comme l’Hôtel des Parlementaires de Yamoussoukro. Celui-ci surplombe le pays Baoulé avec ses 300 chambres et soutient la concurrence avec l’Hôtel Président qui fut longtemps le porte flambeau de l’hôtellerie grand luxe dans la capitale politique de la Côte d’Ivoire. Il y a aussi le Palm Club avec ses 88 chambres spacieuses et neuves, etc.

De nouvelles constructions hôtelières ont également vu le jour. Parmi elles, l’hôtel Azalaï (190 chambres), le Radisson Blue Airport (252 chambres), Hôtel Onomo (118 chambres), le Noom Hôtel (179 chambres) et bien d’autres qui complètent l’immense palette d’hébergement que la Côte d’Ivoire s’est offerte en l’espace de quelques années seulement.

Le pays a aussi misé sur des infrastructures ultra-modernes, d’abord des infrastructures de transport aérien qui ont débuté par la rénovation de l’aéroport international d’Abidjan, un édifice « en pleine mutation », selon les mots du ministre du Tourisme Fofana Siandou, qui doit permettre l’accueil de cinq millions de passagers en phase 1. Puis en phase 2, doubler sa capacité à 10 millions de voyageurs.

Des infrastructures en plein boom

Ensuite par le biais d’une compagnie aérienne solide. En 2024, Air Côte d’Ivoire a pu étoffer sa flotte en acquérant des avions de génération récente. Enfin, il y a eu « tout un maillage des infrastructures routières modernes ou réhabilitées avec la construction de routes neuves », a rappelé, il y a quelques mois, Siandou Fofana, le ministre du tourisme. Et le même d’ajouter: il n’est pas possible d’«oublier la Côte d’Ivoire, il faut faire avec ».

D’autant que la destination Côte d’Ivoire a de nombreux avantages. D’abord sa géographie, sa stabilité politique, son hospitalité légendaire, ses quartiers toujours aussi animés, ses belles plages, sa musiqué colorée, sa gastronomie et son climat apaisé qui en font une destination à découvrir. A tel point la Côte d’Ivoire ambitionne de devenir rapidement un hub du tourisme régional.

Car en plus des offres touristiques balnéaires classiques, le pays met également en avant de nouveaux circuits culturels qui représentent une part importante du tourisme d’affaires. Le pays dispose au surplus d’un autre atout, celui d’abriter un nombre incalculable de sièges et bureaux régionaux de grandes entités et d’institutions internationales telles que la Banque africaine de développement (BAD), le FMI, la Banque mondiale, le Conseil de l’Entente ou encore la bourse régionale des valeurs.

Le rêve africain de la Côte d’Ivoire vaut son pesant d’or. Alors que le cacao dont le pays est le premier producteur mondial subit les contrecoups de la rareté de la pluviométrie et des multiples réglementations de l’Union européenne, le gouvernement ivoirien diversifie ses ressources en misant sur le secteur touristique

Dans le deuxième volet de notre enquète sur le tourisme ivoirien, une chronique signée par Vanance Konan: « Abidjan, la métamorphose d’une ville » 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’économie tunisienne au bord de la faillite https://mondafrique.com/economie/les-chiffres-cles-dune-economie-tunisienne-sinistree/ Thu, 26 Jun 2025 10:39:52 +0000 https://mondafrique.com/?p=136184 Tous les clignotants sont au rouge lorsqu’on se penche sur la situation économique en Tunisie. L’état de l’économie tunisienne est à l’image du charivari et de la cacophonie, qui caractérisent le paysage politique : des formations sans projet, une économie sans stratégie ! Les données macro économiques * Déficit commercial structurel et grandissant : Le déficit […]

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Tous les clignotants sont au rouge lorsqu’on se penche sur la situation économique en Tunisie. L’état de l’économie tunisienne est à l’image du charivari et de la cacophonie, qui caractérisent le paysage politique : des formations sans projet, une économie sans stratégie !

Les données macro économiques

* Déficit commercial structurel et grandissant : Le déficit s’est établi à -8,4 milliards de dinars (MMDT) à fin mai 2025, s’enfonçant dans une « spirale inquiétante ».

 * Dynamique commerciale insoutenable : Les exportations stagnent (+0,3 %) tandis que les importations continuent de progresser (+6,1 %), tirées notamment par les biens d’équipement (+28,2 %) et de consommation (+11,1 %).

 * Dégradation de la structure des importations : Le pays sacrifie les importations qui alimentent l’appareil de production (intrants industriels et biens d’équipement) au profit des biens de consommation, ce qui freine la croissance future. La part des intrants industriels est passée de 71,5 % des importations totales avant 2011 à 63,7 % ces cinq dernières années.

 * Forte dépendance énergétique : Le déficit de la balance énergétique représente 51,8 % du déficit commercial global, constituant une vulnérabilité majeure.

 * Faiblesse de la base exportatrice : La Tunisie n’a « pratiquement rien à exporter » vers les pays avec lesquels son déficit est le plus important (Chine, Algérie, Turquie), au-delà du triptyque historique phosphate-huile d’olive-dattes.

 * Ralentissement de secteurs porteurs : Le secteur des télécommunications enregistre sa plus faible croissance de revenus depuis sept ans, signalant un essoufflement même dans les secteurs modernes.

Les risques Financiers 

 * Notation de crédit souveraine très risquée : La Tunisie est notée Caa1 (stable) par Moody’s et CCC+ par Fitch, indiquant un risque de défaut élevé et un accès difficile aux marchés financiers internationaux.

 * Détérioration de la structure de la dette extérieure : Bien que le ratio dette/PIB ait légèrement baissé, il masque une aggravation de la composition de la dette. La part de l’endettement extérieur à court terme a explosé, représentant 38,5 % du total, au détriment du financement des investissements à long terme.

 * Endettement comme frein à la croissance : La dette, engendrée par le déficit chronique, risque de se transformer en « boulet qui condamne le pays à la décroissance ».

Risques Structurels, Politiques et Géopolitiques

 * Orientation politique jugée inadaptée : Un discours politique isolationniste (« repli sur soi ») gagne du terrain, ce qui est considéré comme une « chimère » pour une petite économie structurellement ouverte et une « fausse route » stratégique.

 * Perte de souveraineté économique : La dépendance croissante envers un nombre restreint de « puissances étrangères aux visées politiques et hégémoniques affichées » (Chine, Algérie, Russie) pour des importations vitales met en péril l’autonomie du pays.

 * Dépendance commerciale asymétrique : La Chine est devenue le premier fournisseur de la Tunisie (13,6 % des importations) mais n’achète presque rien en retour, étant responsable de 56,7 % du déficit total.

 * Sous-utilisation du capital humain : Le pays est très mal classé en matière d’égalité femmes-hommes (123ème sur 148), notamment pour la « participation et les opportunités économiques » (135ème), ce qui représente un frein structurel au développement.

 * Faible attractivité de la capitale : La ville de Tunis est classée parmi les villes les moins sûres du monde (228ème sur 385), ce qui peut constituer un frein aux investissements et au tourisme.

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Madagascar refuse une économie basée sur la rente https://mondafrique.com/economie/madagascar-refuse-une-economie-basee-sur-la-rente/ Wed, 18 Jun 2025 09:06:32 +0000 https://mondafrique.com/?p=135798 A l’heure où l’aide publique au développement (APD) continue de jouer un rôle central dans les politiques de coopération internationale et où l’apport financier des bailleurs demeure indispensable l’enjeu est de repenser les modalités d’intervention pour sortir du piège de la dépendance. Un texte de deux « agitateurs » de ll’Observatoire de la Vie Publique de Madagascar […]

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A l’heure où l’aide publique au développement (APD) continue de jouer un rôle central dans les politiques de coopération internationale et où l’apport financier des bailleurs demeure indispensable l’enjeu est de repenser les modalités d’intervention pour sortir du piège de la dépendance.

Un texte de deux « agitateurs » de ll’Observatoire de la Vie Publique de Madagascar (AOVPM), aovpm31@gmail.com (RNA W811010730)

Mosesy Herininahary

Nivoary Ranarisoa

« C’est le propre de l’homme de se tromper ; seul l’insensé persiste dans son erreur« . Cicéron.

Cette petite île du Pacifique, qui a connu une ruée vers son phosphate à la fin du siècle dernier, illustre les conséquences tragiques de l’exploitation irresponsable des ressources naturelles.
Cette petite île du Pacifique, qui a connu une ruée vers son phosphate à la fin du siècle dernier, illustre les conséquences tragiques de l’exploitation irresponsable des ressources naturelles.

Loin de tout rejet dogmatique, nous plaidons pour une révision concertée de la gouvernance de l’aide, afin qu’elle devienne un véritable levier de souveraineté et non un substitut aux responsabilités nationales. Car l’histoire récente regorge d’exemples qui alertent sur les risques d’un développement sans ancrage local.

Le cas de Nauru, archipel du Pacifique autrefois prospère grâce à ses mines de phosphate, illustre de manière tragique les conséquences d’une économie fondée sur la rente, sans stratégie de transformation. En quelques décennies, cette richesse s’est évaporée, laissant derrière elle un territoire appauvri et dépendant de l’aide internationale. Une trajectoire que Madagascar, riche en ressources minières stratégiques, ne peut se permettre de reproduire.

Des projets visibles, un impact limité

Depuis 2011, plus de 500 millions d’euros ont été injectés à Antananarivo par des institutions comme l’AFD, la Banque mondiale ou la BEI, notamment pour améliorer l’assainissement, l’accès à l’eau potable et la gestion des inondations. Pourtant, les résultats sur le terrain restent contrastés. Les infrastructures peinent à répondre à la croissance urbaine, et la population peine à percevoir les bénéfices concrets de ces investissements.

Le téléphérique d’Antananarivo, financé en partie sur fonds étrangers, cristallise ces tensions : un projet à 152 millions d’euros, contesté pour son coût, son accessibilité limitée, et l’absence de concertation avec les habitants. Ces critiques ne visent pas les bailleurs eux-mêmes, mais un système où la chaîne de décision reste trop souvent verticale, technocratique et éloignée des réalités locales.

Un partenariat à réinventer

Nous ne remettons pas en cause la nécessité de l’aide, ni la bonne foi des partenaires au développement. Mais les modalités d’action doivent évoluer. Trop souvent, les marchés générés par l’APD bénéficient à des entreprises étrangères : une étude récente montre que plus de 65 % des contrats de l’AFD entre 2015 et 2019 ont été attribués à des firmes françaises. Ce constat pose la question de l’appropriation locale, de la transparence des marchés publics et du développement d’un tissu économique national capable de répondre à ces appels d’offres.

En parallèle, la gouvernance de l’aide reste marquée par une faible implication des communautés. Les projets sont conçus loin du terrain, dans un cadre institutionnel verrouillé, où les élites locales jouent parfois un rôle ambigu, entre complicité et évitement des réformes.

Construire une souveraineté coopérative

Ce que nous appelons de nos vœux, c’est un tournant stratégique. Pour cela, plusieurs pistes concrètes doivent être envisagées :
– Mieux associer les populations concernées à la définition et à l’évaluation des projets ;
– Encourager la transformation locale des ressources, plutôt que leur simple extraction ;
– Créer un fonds souverain national, transparent, au service d’une vision de long terme ;
– Renforcer les capacités des entreprises et collectivités locales à capter les retombées de l’APD.

Ce n’est pas d’une rupture avec les bailleurs dont il est question, mais d’un rééquilibrage. Un passage d’une logique de transfert à une logique de partenariat véritable. Le succès de l’aide au XXIe siècle dépendra de sa capacité à renforcer la résilience des sociétés, plutôt qu’à perpétuer leur dépendance.

Un avenir pour notre jeunesse

A l’heure où Madagascar attire à nouveau les convoitises grâce à ses minerais stratégiques, il est vital que ces richesses ne deviennent pas, demain, le miroir brisé d’un développement manqué. La comparaison avec l’archipel de Nauru n’est pas une exagération : c’est une alerte.

Il est encore temps de faire les bons choix. Madagascar n’a pas besoin de sauveurs. Elle a besoin d’alliés lucides, capables d’accompagner une ambition de souveraineté, d’inclusion et de durabilité. La coopération internationale a un rôle à jouer. A condition qu’elle se réinvente avec les pays qu’elle soutient.

Notre organisation peut jouer un rôle-clé de relais stratégique entre vision citoyenne, gouvernance locale, et bailleurs internationaux en recherche de nouveau modèle. Preuve s’il en est à notre échelle, le projet que nous portons, A/rivo 2050, qui comprend :

Une proposition de valeur, une promotion argumentaire de notre projet A/rivo 2050

Un Schéma Directeur d’Aménagement et de Développement de la Commune Urbaine d’Antananarivo (SDADCUA), une démarche de planification urbaine intégrée et participative, fruit d’un travail collaboratif et rigoureux, qui identifie les blocages structurels (fragmentation, opacité, centralisation) entravant l’efficacité des projets financés par les bailleurs

Sources : https://mondafrique.com/libre-opinion/limpasse-de-laide-au-developpement-des-pays-riches/

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La folie de l’or passe par Chami, capitale mauritanienne du métal https://mondafrique.com/economie/la-folie-de-lor-passe-par-chami-capitale-mauritanienne-du-metal/ Sun, 18 May 2025 17:37:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=133907 Imaginez un désert, troué comme un gruyère. Avec au fond des puits, parfois profond de dizaines de mètres, des hommes grattant la roche à l’aide d’outils rudimentaires. Chami, capitale mauritanienne du métal précieux,  mais aussi des émanations de mercure, des dépôts d’ordures, des prostituées, et des maladies sexuellement transmissibles.       Ian Hamel, envoyé spécial en […]

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Imaginez un désert, troué comme un gruyère. Avec au fond des puits, parfois profond de dizaines de mètres, des hommes grattant la roche à l’aide d’outils rudimentaires. Chami, capitale mauritanienne du métal précieux,  mais aussi des émanations de mercure, des dépôts d’ordures, des prostituées, et des maladies sexuellement transmissibles.      

Ian Hamel, envoyé spécial en Mauritanie.

Chami, la mystérieuse cité de l'or
Chami, la mystérieuse cité de l’or

 Il y a d’abord la mine à ciel ouvert de Tasiast, à 70 kilomètres de Chami, exploitée depuis 2007 par le groupe canadien Kinross Gold Corporation. On n’y entre pas, et la production se chiffre en centaines de milliers d’onces (1). Et puis, pas très loin dans le désert, des milliers de petites mains s’épuisent sous un soleil de plomb. Au tout début, Mauritaniens, Maliens, Sénégalais, Tchadiens, et même Soudanais, se sont parfois mis à plusieurs pour acquérir un détecteur de métaux, tant l’or affleurait à la surface.

En 2016, Mohammed était commerçant quand il a été pris par la fièvre des pépites. Il n’y connaissait rien. Il a eu beaucoup de chance. A présent, ils sont quelques dizaines d’orpailleurs à travailler pour lui. Les uns creusent le sable du désert, de plus en plus profondément, les suivants transportent les sacs de terre d’une cinquantaine de kilos, les autres concassent des tonnes de roches, jusqu’à ce qu’elle devienne une pâte grisâtre. Puis c’est la batée. Une opération délicate : le métal précieux va s’agglomérer au mercure pour former une “bille“. Celle-ci est brûlée pour récupérer l’or. Quant aux émanations de mercure à l’air libre, elles peuvent provoquer des nausées et des maux de tête. Quant à la contamination de la nappe phréatique, elle est passée sous silence.

35 tonnes annuelles d’or

A Chami, située à égale distance de Nouakchott, la capitale, et Nouadhibou, la deuxième ville du pays, au bord du “goudron“ (qui désigne les rares routes revêtues d’enrobé, à la différence des pistes), le bureau d’achat de la Banque centrale de Mauritanie tourne au ralenti. La plupart des orpailleurs préfèrent vendre leur or au marché noir. Malgré tout, Maaden Mauritanie, établissement public à caractère industriel et commercial, créé en 2020 pour encadrer les mines traditionnelles et semi-industrielles, tente de proposer des estimations crédibles.

La production totale d’or dépasserait les 35 tonnes annuelles, dont 5 à 6 tonnes extraites presque à mains nues, du moins à coups de pelles et de pioches. De quoi faire vivre plus de 50 000 orpailleurs dans tout le pays. Sans compter les restaurateurs, les électriciens, les plombiers, les magasins de réparation de voitures et de pneumatiques. L’administration mauritanienne a suivi le développement de cette ville-champignon en créant un site d’artillerie de la gendarmerie et une unité de confection de tenues militaires. Sortie du désert en quelques années, Chami compte aujourd’hui plus de 15 000 habitants.  

« Il y a toujours des bagarres »

Les pierres sont concassées jusqu’à devenir un pâte grisâtre.

« Le gros problème de l’exploitation aurifère, c’est la pollution par le mercure. C’est d’autant plus dangereux que Chami est située à proximité du Parc national du Banc d’Arguin, une réserve naturelle classée au patrimoine mondial de l’humanité. Sans oublier une gestion désastreuse des déchets.

Des milliers de tonnes de plastique jonchent le désert », déplore  Moussa Ould Hamed, ancien directeur de publication du journal francophone Le Calame. « Cette ruée vers le métal précieux a provoqué une explosion de la prostitution et du sida », ajoute-t-il. Dans le désert, les passes se négocieraient autour de 500 ouguiyas, soit à peine plus de dix euros… Le Malien Amadou, qui partage un bout de tente avec trois autres compatriotes, est content de sa journée. « Aujourd’hui on a trouvé, et on oublie la fatigue. Si je ne trouve rien, comment ma famille va manger ? », interroge-t-il. Toutefois, il renonce à nous amener jusqu’à son puits. « Si j’y vais avec vous, les autres sauront que j’ai trouvé, et ce n’est pas bon. A Chami, tu ne peux faire confiance à personne. Il y a toujours des problèmes, des bagarres », ajoute l’orpailleur, débarqué à Chami en 2023.

De l’or aux groupes armés

En 2021, Le Monde écrivait que l’or, vendu dans des circuits parallèles, pouvait alimenter « divers trafics d’armes, de drogue, pour finir à Dakar, Bamako ou Dubaï » (2). L’ouvrage « Victoire dans les dunes », écrit par un colonel français et un colonel mauritanien, paru en 2024, rappelle que les pays du G5 Sahel ont laissé des zones d’orpaillage se constituer de manière anarchique « ont pu rapidement en mesurer les dégâts en termes de délinquance puis de trafics et enfin de refuge ou de soutien au profit de groupes armés ». La Mauritanie a pris des précautions en installant à Chami des forces de sécurité ce qui lui permet de garder le contrôle de cette région, « malgré la fièvre de l’or et l’orpaillage illégal » (3).Thiam Tidjani, ministre des Mines et de l’Industrie, reconnaît que lorsque l’orpaillage artisanal est apparu en 2016 de façon anarchique, « sans que les autorités aient une expérience préalable dans la gestion de ce type d’activités ».

Mais depuis l’État a réfléchi à la création d’un cadre institutionnel et juridique, notamment avec la création de la société Maaden en 2020. Celle-ci attribue des “corridors“, certains destinés à l’orpaillage artisanale, d’autres à l’exploitation semi-industrielle, couvrant une superficie de 36 388 km2, soit presque la superficie de la Suisse (4). Pour Amadou, les autorités mauritaniennes tentent effectivement de limiter la pagaille : « Avant, quelqu’un, qui avait des relations, pouvait venir et te dire que le terrain lui appartenait et qu’il prenait ton puits. A présent, c’est mieux organisé », reconnaît-il, ajoutant que de tout façon, « Tout dépend de Dieu. C’est Dieu qui connaît ».  

  • le poids d’une once d’or équivaut à 31,104 grammes.
  • Pierre Lepidi, « En Mauritanie, Chami saisie par la fièvre de l’or », 12 février 2021.
  • Colonel Mokhtar Ould Boye, colonel Charles Michel, L’Harmattan, 204 pages.
  • « Ministre des Mines : la pratique “orpaillage artisanal“ en Mauritanie a connu des mutations et le secteur doit s’adapter en conséquence », Agence Mauritanienne d’Information, 9 avril 2025.

 

 

  

 

 

  

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Sénégal, le cout record du carburant https://mondafrique.com/economie/senegal-le-cout-record-du-carburant/ Thu, 08 May 2025 21:27:52 +0000 https://mondafrique.com/?p=133014 Au Sénégal, la cherté du carburant choque. C’est d’ailleurs un record dans l’espace Uemoa malgré les 16 millions de barils de pétrole produits en 2024. Devant cette situation, les acteurs économiques commencent à perdre patience, le Gouvernement tempère. Les effets de l’exploitation du pétrole et du gaz tardent à se faire sentir.  Comme chaque matinée […]

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Au Sénégal, la cherté du carburant choque. C’est d’ailleurs un record dans l’espace Uemoa malgré les 16 millions de barils de pétrole produits en 2024. Devant cette situation, les acteurs économiques commencent à perdre patience, le Gouvernement tempère. Les effets de l’exploitation du pétrole et du gaz tardent à se faire sentir. 

Comme chaque matinée du lundi à Dakar, le trafic est sérieusement ralenti sur l’autoroute menant vers le Centre-ville. Les chauffeurs sont obligés de marquer le pas. À la sortie d’une bretelle, l’ambiance est à son paroxysme. Le pouls du transport en commun bat très fort. Les rabatteurs et chauffeurs s’égosillent, appelant vers diverses destinations. Concentrés certes mais ils sont très intéressés par le prix actuel du carburant. 

Tee-shirt bleu, noirci par l’huile de moteur, Ismaila Sall, le visage fermé, exprime toute sa désolation. À ses yeux, le carburant est anormalement cher. « Depuis l’arrivée du nouveau régime de Bassirou Diomaye Faye, nous attendons la baisse du prix du carburant. Mais il n’en est rien depuis un an. Nous déplorons cette cherté. Payer 1,52 euro (1000 Fcfa), c’est encore cher payer. Le coût de la vie est élevé. Les ménages sont fatigués. Nous souffrons », se désole l’acteur du secteur des transports. 

À quelques mètres de lui, un groupe d’hommes est en pleine discussion. Les échanges portent sur la politique notamment sur la situation tendue entre le pouvoir et l’opposition. Le chef de garage, Abdou Fall même s’il est militant du parti au pouvoir affirme sa déception. « Il est inconcevable d’avoir le litre d’essence à 1,52 euro. Au Mali ça coûte moins cher. Il faut que l’État règle ce problème. Une grève n’est pas à écarter s’il n’y a pas de baisse dans les mois à venir », prévoit Abdou Fall. 

Pas encore d’effet de l’exploitation des hydrocarbures 

Le carburant coûte cher au Sénégal. D’ailleurs, le pays présente le prix du litre d’essence le plus élevé de la zone Uemoa. Il est vendu à 1,52 euros au moment où le litre coûte 1,30 euro en Côte, 0,75 euro au Niger, 1,06 euro au Bénin, 1,18 euro au Mali, 1,30 euro au Burkina Faso et 1,04 euro au Togo. 

Pour l’expert en Énergie et hydrocarbures, Mbaye Hadj, l’ajustement du prix carburant obéit a plusieurs logiques. « Il existe un dénominateur commun aux pays de l’UEMOA : le prix de revient des produits dérivés du pétrole à leur arrivée aux ports. Ce coût inclut trois composantes principales : le prix du pétrole brut, le coût du raffinage et les taxes portuaires, qui peuvent varier d’un pays à l’autre », souligne le spécialiste. 

À l’en croire, les prix à la pompe, même dans un espace régional homogène comme l’UEMOA, dépendent de plusieurs facteurs supplémentaires, tels que les coûts de transport et de logistique, les taxes spécifiques sur les produits pétroliers propres à chaque pays, et la marge des distributeurs.

Ainsi, il en déduit que le prix élevé du carburant au Sénégal par rapport à la sous région s’explique principalement par le niveau de ces taxes.  « Prenons l’exemple du Mali, où le carburant transite par le Sénégal. Les coûts de transport et de logistique y sont naturellement plus élevés qu’au Sénégal. Pourtant, les prix à la pompe y sont souvent plus bas. Cela s’explique probablement par une fiscalité moins lourde : le Mali applique sans doute moins de taxes sur le carburant que le Sénégal », souligne Mbaye Hadj. 

Au Sénégal, les taxes sur le supercarburant représentent 48,5 %, au moment où le Mali est à 27,82 %  et 34,9 % en Côte d’Ivoire. 

Le Gouvernement tempère 

Poursuivant son analyse, l’expert Mbaye Hadj considère que l’exploitation et la raffinerie du pétrole sénégalais par le Sénégal lui-même peuvent certainement contribuer à une baisse significative des prix des produits dérivés tels que le diesel, l’essence, le kérosène ou encore l’essence pirogue. Cette réduction, à ses yeux, aurait un effet domino positif sur l’ensemble de l’économie nationale.

Cependant, il note qu’une une telle dynamique nécessite une stratégie globale allant de la formation de compétences locales à la mise à niveau ou la construction d’infrastructures adaptées au traitement des hydrocarbures. « Concernant le gaz et la baisse de l’électricité : Le gaz naturel représente une opportunité majeure pour faire baisser le coût de l’électricité dans le pays, qui dépend encore à près de 70 % d’importations de fuel », dit Mbaye Hadj. 

Du côté du Gouvernement aucune date ou périodicité exacte n’est donnée pour satisfaire la demande concernant la baisse du prix du carburant. Pour le ministre du Pétrole et des Énergies, Birame Soulèye Diop, leGouvernement travaille avec l’ensemble des services concernés, sous la tutelle du Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines, pour une baisse des prix des produits pétroliers et de l’électricité, ainsi qu’un meilleur ciblage de la subvention. 

 

 

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