Des voix s’élèvent au sein du régime iranien contre la flambée des prix

Depuis le 10 mai, l’augmentation des prix de quatre produits de base provoque des manifestations d’hostilité au régime  à travers tout le pays et provoque une réelle inquiétude au sein des médias officiels.

Une chronique de Hamid Enayat

Ces deux dernières semaines es manifestations se sont propagées en Iran comme un feu de paille dans au moins dix provinces D’où des arrestations massives et la restriction de l’accès à Internet, mais en vain. L’enterrement des victimes est devenu le théâtre d’affrontements entre les manifestants et les forces de l’orde.

Les manifestations, rapidement politisées, ont ciblé l’intégrité du régime et de ses hauts dirigeants. « Khamenei est un meurtrier, son pouvoir est illégitime », « Fusils, chars, feux d’artifice, les mollahs doivent se perdre »; »Mort au Président Ebrahim Raisi », « Mort au dictateur », « Ni reddition ni humiliation, criez fort votre droit », « Menteur Raisi, qu’est-il arrivé à vos promesses vides »,  » Non au régime des gardiens de la révolution », « Ni Gaza ni le Liban, je sacrifie ma vie pour l’Iran ».

La révolte du pain

La nouvelle vague de protestation a été provoquée par une formidables flambée des prix du pain et des pâtes. Ces hausses spectaculaires ont eu lieu en raison de la décision du président Ebrahim Raisi d’abolir le taux de change préférentiel dont bénéficient traditionnellement certains produits de base. C’est que le système ne fonctionnait plus vraiment. En théorie, le taux de change officiel, 42 000 rials pour un dollar contre 300000 « au noir », est destiné à  importer du blé et les médicaments. Hélas, seuls les amis  du régime sont seuls à importer des biens ce tarif privilégié pour les revendre trois fois plus cher..

De nombreux économistes iraniens avaient averti que la suppression du taux préférentiel, boen que détourné de ses objectifs, déclencherait un « choc monétaire ». Ce que le pouvoir avait nié. Résultat, la flambée des prix est considérable. Depuis la suppression du taux préférentiel, le blé est 100% plus élevé qu’il y a trois ans. Le prix de la farine est passé de 25000 rials le kilo à près de 170 000 rials. Le coût des médicaments a décuplé..

Du coup, le gouvernement iranien a promis de fournir quatre millions de rials de subventions aux Iraniens pendant deux mois pour calmer la société. Mais comme les prix des biens à la consommation continuent d’augmenter, ces subventions ne permettront pas aux Iraniens de boucler leurs fins de mis.

De plus, même si le régime accorde aux iraniens une subvention de quatre millions de rials, l’inflation continuera d’augmenter, laissant les Iraniens sans rien pour subvenir à leurs besoins de base.

Des critiques internes au régime

Les réactions à ce plan d’austérité qui ne dit pas son nom ont été si fortes que même les médias d’État étroitement contrôlés ont commencé à avertir le régime des risques d’un possible soulèvement national. Des voix pourtant peu suspectes d’hostilité au régime s’élèvent pour dénoncer les politiques économiques du régime.

Hossain Raghfar, un des économistes du régime, a décrit ce plan comme « un nouvel épisode de pillage de l’économie iranienne que le gouvernement mène pour compenser le déficit budgétaire ».

« Seul le peuple souffrira de cette décision. Il ne peut pas tolérer autant de pression financière et la flambée des prix. Nous devrions également veiller à notre sécurité. La pression économique sur le peuple conduira certainement à une augmentation des protestations sociales [et des soulèvements] », a averti Le quotidien officiel Mustagal en évoquant les récentes manifestations dans le sud-ouest de l’Iran en sont la preuve.

« Le gouvernement ne devrait pas tester la tolérance des gens. La patience des gens a ses limites. Ces mesures pourraient provoquer des incidents [soulèvements] comme ceux de 2018 et 2019, voire pire parce que les gens voient leur vie en danger », a estimé le 12 mai le quotidien public Bahar, citant le député Ghasem Saedi.

Le 15 mai, l’agence de presse semi officielle IMNA a cité Hojjat Abdolmaleki, ministre du Travail du président Raisi, disant qu’il y a eu plus d’un million de manifestants dans les rues « en seulement quatre jours depuis la mise en œuvre du soi-disant « plan de modification des subventions ».

Une résistance organisée

Une résistance organisée existe désormais dans tout le pays qui a mené plus de 2 230 campagnes anti-répression afin d’ouvrir la voie à un soulèvement général. Affiliées au mouvement « Mujahidines e-Khlaq » (MEK), ces cellules ont mené plusieurs grandes campagnes pour perturber les opérations des réseaux nationaux de radio et de télévision gérés par l’État, le ministère de la propagande

Les slogans dans les quartiers les plus fréquentés des grandes villes ont encouragé la révolte populaire et appelé à changer de régime. »