A Alger, c’est le rendez-vous le plus important que le régime prépare avec impatience et beaucoup de tension. Fin septembre, une réunion informelle regroupera les membres de l’OPEP. Elle sera déterminante pour l’avenir des prix du pétrole puisque l’Algérie tentera coûte que coûte de convaincre les autres pays producteur de baisser leur production pour voir les prix repartir à la hausse et relancer la demande mondiale.
Bras de fer
Mais pour ce faire, dans les coulisses, les lobbyistes d’Alger ont travaillé durant plusieurs semaines pour tenter de trouver un accord intéressant qui pourra réconcilier l’Arabie Saoudite et l’Iran, les deux rivaux du Moyen-Orient qui bouleversent tout le marché mondial en raison de leur guerre froide.
Et Alger se réjouit d’ores et déjà d’une première victoire : l’Iran a donné son accord pour participer officiellement à cette réunion qui se tiendra les 28 et 29 septembre prochain. Le ministre Iranien du pétrole, Bijan Namdar, a confirmé lui-même cette information à l’agence Reuters. Au palais d’El-Mouradia à Alger, on est soulagé car on craignait une absence de l’Iran qui aurait fait tout saboter. Alger a déployé des efforts immenses pour convaincre l’Iran de s’asseoir autour de la même table que l’Arabie Saoudite pour discuter d’une action commune de stabilisation des prix du pétrole. Et pourtant, la position iranienne n’arrange guère les intérêts des autres membres de l’OPEP dont l’Algérie.
Téhéran veut en effet récupérer son quota historique des ventes de son pétrole. Ce qui va susciter une surabondance de l’offre et les prix chuteront encore. Une donnée catastrophique pour l’Algérie et le Venezuela dont les caisses ont vraiment besoin d’une remontée des prix pour sortir de l’ornière.
Lune de miel avec l’Iran
Mais les diplomates algériens ont su tempérer les ardeurs des iraniens. La lune de miel actuelle entre Alger et Téhéran a permis de trouver un accord tacite consistant à temporiser et prendre le temps nécessaire d’aboutir à une remontée de prix pour réintégrer, ensuite, le pétrole iranien au marché mondial. Et si du côté Iranien, Ramtane Lamamra, ministre des affaires étrangères et son équipe, ont réussi leur challenge, c’est Chakib Khelil, l’ancien ministre de l’Energie, un personnage sulfureux et longtemps impliqué dans le scandale Sonatrach, qui a mené les négociations avec les émissaires des autorités saoudiennes.
Chakib Khelil a la manœuvre
Doté d’une grande expérience à l’OPEP et d’un carnet d’adresses très précieux, sans oublier ses relations dans les plus grandes compagnies pétrolières anglo-saxonnes, Chakib Khelil s’est plié en quatre pour convaincre les saoudiens de revoir leur politique de réduction drastique de la production pétrolière. Le lobbyiste algérien a expliqué aux saoudiens que leur politique a fonctionné et qu’elle a obtenu ses résultats en coupant l’herbe sous les pieds de l’industrie du gaz et pétrole de schiste. Chakib Khelil a même tenté d’expliquer aux saoudiens que le « bradage » du pétrole se retournera prochainement contre leurs intérêts puisque la guerre au Yémen épuise leurs finances et personne ne sera à l’abri de la crise financière.
Les saoudiens ont pris acte et tendent l’oreille. Ils sont prêts à faire des concessions si l’Iran en fait aussi. Alger réalise un miracle et réunit les deux puissances ennemies qui détiennent entre leurs mains l’avenir du marché mondial du pétrole. Mais rien n’est encore gagné et il reste à élaborer un accord à signer lors la réunion d’Alger. Rendez-vous en septembre.