Côte d’Ivoire : Ouattara veut faire d’Abidjan le hub d’Afrique de l’Ouest

De nombreux secteurs de l’économie ivoirienne amorcent une certaine embellie, après dix années d’une crise socio- politique qui a atteint son point culminant avec les violences post-électorales de 2011. Parmi eux, le transport aérien marqué par la renaissance de la compagnie aérienne Air Côte d’Ivoire. Les autorités ivoiriennes ambitionnent désormais de faire d'Abidjan, la capitale économique, la plate-forme du transport aérien en Afrique de l'Ouest

A la fin de la crise post-électorale qui s’est soldée officiellement par plus de 3000 morts, les nouvelles autorités ivoiriennes ont décidé de donner un coup d’accélérateur au développement du transport aérien dans le pays. La Société de gestion et d’exploitation de l’Aéroport international d’Abidjan (AERIA) a ainsi engagé des travaux de modernisation et de rénovation de l’aérogare internationale en zone départs, la rénovation de la zone de tri des bagages, les parkings-avions, etc.

Le gouvernement a créé en mai 2012 la nouvelle compagnie Air Côte d’Ivoire avec Air France comme actionnaire à 20%. La compagnie ivoirienne compte 6 avions à ce jour et un plan de développement devrait porter progressivement sa flotte à 9 avions d’ici 2016. Air Côte d’Ivoire a une rotation actuelle de plus de 200 vols hebdomadaire avec de nombreuses dessertes en Afrique de l’Ouest.

Un programme de formation de jeunes pilotes ivoiriens a été élaboré en 2014 en collaboration avec le centre de formation français ‘’Airways’’ basé à Agen en France. 17 jeunes pilotes dont une femme ont été  sélectionnés à l’issue d’un concours national.

Selon le ministre ivoirien des Transports, M. Gaoussou Touré l’objectif est « de pallier le déficit de pilotes ivoiriens. Mais surtout de permettre à la compagnie aérienne nationale d’avoir un effectif stable. Depuis plus de 15 ans, il n’y a pas, a-t-il ajouté,  de formation en pilotage d’avion dans le pays. A cela s’ajoute la moyenne d’âge avancée des commandants de bord ivoiriens, qui se situe au-delà de 50 ans».

Le projet de formation des jeunes pilotes ivoiriens est préfinancé par Air Côte d’Ivoire à hauteur de 790 millions F cfa soit plus de 1,2 million d’euros (sans les frais de vie).

Au niveau des vols domestiques, le gouvernement ivoirien a lancé les travaux de réhabilitation des aérodromes des principales villes du pays profond à hauteur de 14  milliards de Fcfa (environ 21 millions d’euros). Il s’agit des aéroports de Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, d’Odienné,  de Man et  San Pedro.

Retour massif des compagnies aériennes internationales

Avec le piètre état des routes et l’insécurité, rallier les villes du Nord ou de l’Ouest représente un voyage long et périlleux.  Même si les tarifs ne permettent  pas à tous les Ivoiriens d’emprunter ces lignes, leur existence constitue une avancée notable pour le désenclavement des villes en mal de développement.

Plusieurs compagnies aériennes internationales qui ont quitté le pays pendant la période de crise ont signé leur retour dans la capitale économique ivoirienne. Il s’agit de la South African Airways et Egypt Air. Les compagnies Turkish Airlines, Corsair, Eagle Atlantic Airlines, Camair-Co font partie des nouveaux arrivants. Rwandair et le nigérian Arik frappent à la porte.  Emirates, Air France, Bruxelles Airlines qui n’ont jamais quitté le pays ont accru leur rotation. Désormais, Air France propose une dizaine de  vols hebdomadaires entre Abidjan et Paris, la plupart assurés par un Airbus A 380.

Selon le directeur général de l’Autorité nationale de l’aviation civile (Anac), Silué Sinaly, l’aéroport international Felix Houphouët Boigny est desservi aujourd’hui par plus de 24 compagnies aériennes, couvrant plus de 35 destinations. Alors qu’en 2011, elles étaient 17 compagnies aériennes étrangères à desservir la Côte d’Ivoire.

Depuis le 10 avril 2015, l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan a acquis la certification américaine TSA (Transportation Security Administration), une qualification qui permet désormais les vols directs entre cet aéroport et les  Etats-Unis d’Amérique.

Cette certification marque l’aboutissement d’un processus qui a duré une quinzaine d’années, depuis 1999.  » Avec la certification, les compagnies aériennes desservant l’aéroport d’Abidjan peuvent désormais effectuer des vols directs en provenance ou en partance pour les États-Unis « , explique le ministre ivoirien du transport.

Pour  le directeur général adjoint d’AERIA Koffi Néba la conjugaison de la stabilité politique retrouvée, de l’embellie de l’économie et des importantes réformes réalisées par l’AERIA a permis à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan d’accueillir 1,3 million de voyageurs en 2014 contre 640. 000 passagers en 2011. Battant ainsi son record de 1999 qui était de 1,253 million de passagers.

Les obstacles au développement

Dans le cadre de la modernisation de l’Aéroport international d’Abidjan, la gestion des services d’assistance en escale a été concédée à la société koweïtienne, National Aviation Services (NAS).  Mais, nombre d’usagers de cette plateforme accuse la NAS de pratiquer des tarifs exorbitants. En effet, les usagers estiment qu’il y a  eu une augmentation de  36 % sur les tarifs de Handling jusque-là pratiqués.

Une mesure qui intervient à un moment où des passagers de l’aéroport d’Abidjan grognent  face au dédouanement des objets payés dans les free shop dans certains pays étrangers.

Certaines sources évoquent même un différend entre la tutelle, le ministère des Transports, et le nouvel acquéreur. L’opérateur koweïtien a été sélectionné par appel d’offre international et a pris l’engagement de reprendre tout le personnel de la régie existante avec les droits acquis ; le paiement à l’État ivoirien de 8 milliards de francs  Cfa (environ 12 millions d’euros) de droit d’entrée ; le versement  de 13 % du chiffre d’affaires annuel à l’autorité concédante, c’est-à-dire AERIA, l’acquisition de matériels pour l’exploitation (environ 12 milliards de francs Cfa d’investissements) qui sont déjà disponibles avec toutes les voiturettes, le matériel électronique, les véhicules multifonction, etc. Au total, un investissement global de 20 milliards de francs Cfa (soit 30 millions d’euros), sur 10 ans.