Abderrahmane Hadj-Nacer, expert et consultant financier et ancien gouverneur de la Banque d’Algéri était linvité du forum du quotidien El Moudjahed. Le haut fonctionnaire et essayisye est revenu sur ce que représente la crise bancaire aux Etats-Unis dans ce magma d’évènements géopolitiques tendant à redessiner la face du monde.
Des propos recueillis par Nadjia Bouaricha
On ne peut pas, selon l’invité d’El Moudjahed, séparer ce qui est arrivé à certaines banques occidentales avec la guerre sur la monnaie et les tentatives américaines de maintenir le dollar comme la monnaie « brutale » qui domine le commerce mondial. « Il ne faut pas oublier qu’à l’origine de la crise, il y a eu en 1971, et face à la guerre du Vietnam, la décision de séparation du dollar de la valeur de l’or. Lors d’une autre guerre, cette fois-ci en Yougoslavie, on a fait signer à Clinton la décision de réunir les banques de dépôt et les banques d’investissement.
Ces entités étaient séparées pour éviter d’utiliser l’argent des épargnants dans le financement de l’investissement, et la réunion des deux banques a donné plus tard la crise des Subprimes en 2008. On a créé de l’argent virtuelle et l’ultra-financiarisation du marché qui a eu pour résultat l’enrichissement des plus riches et une société très hiérarchisée qui fabrique de la misère » explique Hadj Nacer en notant que durant tout ce temps, le dollar est devenu une monnaie brutale qui fait la loi et donc toute remise en cause de cette condition de ce qui était seulement le billet vert, remettra en cause l’équilibre du monde. « Les américains ont commencé à détruire la base même sur laquelle reposait le système anglo-saxon (City de Londres) » souligne le conférencier en notant que cette arrogance brutale du dollar a engendré une perte de confiance.
« Il faut savoir que la dette américaine s’élève à 31.000 milliards de dollars, un autre chiffre plus secret parle de 200.000 mds de dollars pour un montant du PIB américain de 25000 dollars. Ne pas rembourser une telle dette c’est risquer la faillite, mais l’Amérique ne peut pas tomber dans la faillite, d’où le choix de la guerre en Ukraine » indique l’ancien gouverneur en notant que les USA ont opté pour le choix de la guerre plutôt que la deuxième option possible qui est l’inflation à trois chiffres.
Il s’agit donc d’une guerre pour la survie de la plus grande puissance du monde qui va aller puiser des fonds allemands et japonais et obliger les européens à acheter plus cher le gaz et autres choses.
«Du côté des BRICS,
L’effondrement des Etats Unis n’est pas le bienvenu non plus du coté des BRICS , car un déséquilibre brutale aura des conséquences graves sur l’économie mondiale » soutient l’orateur avant de préciser que ce que l’on a vu avec la faillite de la Silicon Valley Bank, du crédit Suisse et des difficultés au niveau de la Deutsch Bank, c’est une manière d’habituer les gens à l’idée que nous ne sommes plus dans la stabilité. « Il s’agit de l’ajustement structurelle par étape de l’occident » sous la supervision de fonds et instruments en dehors des banques centrales. « Ils ont des intérêts convergents pour le moment.
On essaie d’éviter la méga-crise en sacrifiant des pions comme le crédit Suisse ou autre…On est dans la phase préparatoire du nouveau monde » note l’orateur avant de préciser que l’Europe payera le prix de cette reconfiguration des rôles et un mouvement de délocalisation de certaines industries s’en suivra.
Une chance pour l’Algérie
Si la nature du système financier en Algérie ( en déconnexion avec le système financier international) lui permet de ne pas être affectée par les retombées négatives de la crise financière en présence, ces nouveaux remodelages des puissances économiques, peuvent être une aubaine à saisir. « Il s’agit d’une chance exceptionnelle pour nous afin d’attirer l’investissement de pays comme l’Allemagne ou l’Italie qui pourraient être intéressés par la délocalisation d’industries pétrochimique ou autres… nous devons toutefois leur garantir un environnement juridique stable…
C’est véritablement une opportunité qui ne se renouvellera pas, à nous de la saisir » conseille Hadj Nacer en invitant les dirigeants à ne pas penser en terme de rente à dégager de ces partenariats éventuels mais en terme de partage de valeur. «Nous devons rester dans le non alignement» plaide Hadj Nacer dans nos rapports avec le monde, tout en appelant également à sortir de la pensée de l’autogestion et la logique administrative en interne, pour donner de la valeur au travail et accepter la liberté de faire. «Le pétrole n’est pas l’alternative, ce n’est que du rêve, il faut en sortir pour réaliser la vraie valeur qui est le travail». Tags: #El Watan #Crise financière #États-Unis #Actualité #Crise bancaire #économie mondiale #Abderrahmane Hadj Nacer Voici pourquoi il ne faut pas acheter de pompe à chaleur en 2023
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