La roue tourne vite en Algérie. L’ancien patron de Khalifa Bank et de Khalifa Airways, Abdelmoumène Khalifa, qui fut lié au clan Bouteflika, est condamné à 18 ans de prison
En Algérie, les procès se suivent et se ressemblent. Le dernier en date est celui de l’ex-golden boy, Abdelmoumène Khalifa. Ce procès attendu n’a pourtant fait l’objet d’aucun déballage ni de révélations. Dix ans après l’éclatement du scandale, le mystère reste intact. A commencer par les accords conclus entre l’Algérie et la Grande-Bretagne concernant l’extradition de Khalifa. Et comme toujours les véritables responsables et complices n’ont pas été inquiétés.
Sur les dix chefs d’accusations (association de malfaiteurs, vol qualifié, faux en écriture, escroquerie, faillite frauduleuse…), un seul a été rejeté, celui de trafic d’influence. Question de ne pas éclaboussé les politiques de l’époque, à savoirle clan de Bouteflika.
Vers une grace présidentielle?
Il n’est pas exclu que les avocats introduisent une demande de grâce présidentielle en demandant de comptabilisé les huit années et demi passées dans les prisons britanniques. A noter que le condamné n’a « balancé » aucun nom de ses nombreuses protections politiques. De là à conclure l’existence d’un deal, il n’y a qu’un pas, franchi par de nombreux observateurs. Partout dans le monde, un détenu déballe tout pour voir sa peine réduite, alors qu’en Algérie, une grâce ou même une réduction de peine se négocie contre un silence. L’oublie fera le reste. Fait-il rappelé que Abdelmoumène Khalifa, alors réfugié à Londres, en 2007 avait publiquement accusé le président Abdelaziz Bouteflika de complicité ? Amnésie contre amnistie ? La stratégie du silence interpelle car l’ex-Golden boy a des choses à dire. D’abord comment avec un diplôme de pharmacien, il a obtenu un agrément bancaire et la plupart des entreprises publiques ont été sommées de déposer une grande partie de leurs liquidités au sein de la plus jeune banque du pays qui n’a produit aucun bilan comptable durant trois années. Même l’UGTA, syndicat officiel, a déposé les fonds de retraite dans ses caisses. En 2003, année de l’Algérie en France Khalifa était le principal sponsor de cet événement hautement politique puisqu’il était au cœur des relations problématiques entre Paris et Alger.
Aussi, le mystère de l’origine de la fortune d’Abdelmoumène Khalifa est resté intact et les avoirs de son feu père, Laroussi, déposés dans des banques suisses, ont fait l’objet de beaucoup de spéculations. Décédé en 1990, Laroussi Khalifa était l’une des grandes figures du MALG (ministère de l’armement et des liaisons générales), ancêtre de la redoutable sécurité militaire. Après s’être vu concier lors de l’indépendance, le portefeuille du ministère de l’industrie et de l’énergie, cet homme de l’ombre quitte la scène politique après l’échec du coup d’Etat contre Boumediène en 1967.
Selon certaines supputations, c’est au moment du long processus du règlement des avoirs juifs en Suisse, que les autorités helvétiques ont liquidé l’ensemble des comptes en déshérence. Parmi ces dépôts bancaires, un montant de 10 millions de dollars était au nom de Laroussi Khalifa, après les recherches d’usage, Abdelmoumène en hérita. Vrai, Faux ? Peu importe attendons les prochaines révélations de Wikileaks pour connaitre le fin mot de l’histoire.