L’ancien président français François Hollande a accordé une interview au média libanais Ici Beyrouth dimanche 19 décembre 2021. Il est notamment revenu sur les discussions de Vienne, pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien (aussi appelé JCPOA) et des risques si la République islamique ne respecte pas ses engagements.
Le 14 juillet 2015, l’accord sur le nucléaire iranien était signé à Vienne entre les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne), l’Allemagne et Iran. Six ans après, il est en lambeaux. L’ancien président américain Donald Trump, en a retiré son pays et rétabli les sanctions américaines à l’égard de Téhéran. Depuis, Européens et Iraniens se livrent à un bras de fer diplomatique. Les Européens veulent maintenir à tout prix Téhéran dans l’accord, considérant qu’il s’agit de la meilleure garantie de ne pas voir la république islamique obtenir une bombe atomique. Cette dernière mène de son côté une politique de pression vis-à-vis des Européens en renonçant petit à petit à ses engagements. Et ce, jusqu’à ce que les sanctions soient levées.
Un énième round de négociations a ainsi eu lieu en fin de semaine dernière à Vienne entre des représentants iraniens et européens dans le but de sauver l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA). Elles n’ont (pour l’instant) pas abouti. Un sauvetage rendu encore plus incertain depuis l’arrivée d’Ebrahim Raïssi comme président iranien. Les représentants de la République islamique ont demandé une pause « de quelques jours » dans ces négociations. C’est la seconde pause en trois semaines. Elle illustre l’enlisement des discussions et la peur de les voir aboutir à rien, ou pas grand-chose.
« Le temps est compté »
L’ancien président français François Hollande, interviewé par le média libanais Ici Beyrouth, ne cache pas son appréhension devant la situation et la crainte d’une guerre régionale si les négociations de Vienne n’aboutissent pas. « L’hypothèse de la guerre est là, déclare-t-il. Pas seulement là dans cette région du Moyen-Orient, mais elle est là en Ukraine, là en mer de Chine. Donc l’idée de la guerre que l’on avait pendant longtemps repoussée, l’idée de guerre générale, elle est là. Donc, oui, il est possible que si les discussions n’aboutissent pas avec l’Iran, qu’Israël prenne des initiatives. »
« Quand, avec Laurent Fabius [alors ministre des Affaires étrangères], j’ai fait participer la France à l’accord sur le nucléaire, c’est parce qu’on savait qu’il y avait une menace très directe et que si l’Iran accédait à l’arme nucléaire, Israël ne resterait pas sans réponse (…) et que les États-Unis de Barack Obama auraient peut-être appuyé la réaction d’Israël », confie-t-il, ajoutant qu’« à partir de là, nous avons tout fait pour qu’il y ait cet accord sur le nucléaire. Donald Trump a commis une grave faute en l’abandonnant. Maintenant il faut le reprendre et il faut que les Iraniens sachent bien que le temps est compté ».
Et le Liban dans tout ça?
Dans ce contexte, l’ancien président tente également de rassurer les Libanais qui s’inquiètent des éventuelles répercussions des discussions sur le nucléaire qui se tiennent actuellement à Vienne, notamment à travers la présence du Hezbollah à la solde des Iraniens : « Il faut que le Liban cesse de penser qu’il va perdre dans tous les cas de figure et qu’il est l’objet de tractations sombres. Non, le Liban existe, continuera de vivre, et le Liban n’est pas au cœur des négociations. Je n’ai pas d’informations particulières, mais ce n’est pas le Liban qui est en cause. Pardon pour le Liban, mais c’est encore plus grave que ça. »
La crainte d’une guerre
Ici Beyrouth rappelle qu’à la suite du refus du président américain Joe Biden de toute opération militaire dans la région pour éviter une guerre, des observateurs rapportent que des responsables américains craignent de voir Israël mener des opérations sécuritaires, telles que des attentats, des assassinats et des éliminations physiques.
Ces responsables appréhendent que ces opérations conduisent au déclenchement d’une guerre dans la région. Ils précisent que les acteurs régionaux et internationaux, notamment les États-Unis, ne veulent pas une confrontation et excluent la guerre dans la région qui se dirige plutôt vers le dialogue et les négociations pour mettre un terme aux différentes crises. Ici Beyrouth précise enfin que le Hezbollah craint une opération militaire surprise sur des sites stratégiques en concomitance avec les réunions de Vienne.
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