Une perquisition a été effectuée par la DCSA (renseignement militaire algérien) au siège de la DCSI, le contre espionnage algérien dont le patron, le général Wassini Bouazza est évincé avec une brutalité inédite
Signe de l’extrème fragilité de l’institution militaire algérienne, une perquisition vient d’être menée dans les bureaux de la DCSI, le service de contre espionnage, par des hommes de la DCSA, le renseignement militaire qui est le bras armée de l’Etat Major. Le choc, le voici: la guerre est publiquement déclarée entre les principaux services algériens, traditionnellement la colonne vertébrale du régime. L’édifice sécuritaire est plus chancelant que jamais au moment où le pays, déja ébranlé par une transition chaotique, doit gérer la double crise du coronavirus en hausse vertigineuse et du baril de pétrole en chute libre.
Le chef de la DCSI, le général Bouazza, qui apparaissait ces derniers mois comme un des hommes clés du système sécuritaire, est visé à travers cette opération. C’est lui qui était à l’origine d’une ligne politique extrêmement répressive notamment à l’encontre des militants du Hirak, contrairement à la volonté de la Présidence de récupérer certaines figures de la contestation populaire dans la droite ligne des pratiques de l’ex DRS, les anciens services algériens du général Toufik.
Une déstabilisation progressive
Le maintien en fonctions du général Bouazza est désormais totalement compromis. Depuis la nomination à ses cotés, ces jours ci, d’un adjoint aux prérogatives très étendues, ce haut gradé faisait l’objet clairement d’une forte déstabilisation.
Mais on savait que Bouazza bénéficiait de nombreux appuis. Il semblait qu’aux yeux de l’Etat Major, qui a réussi, en début de semaine, une belle prise de guerre avec le ralliement du général Kaidi, le supérieur hiérarchique de Bouazza et son allié, la cohésion de l’armée passait avant la tentation d’une purge. Tel n’est plus apparemment le scénario qui se joue.
Des purges à venir
La neutralisation du général Bouazza pourrait être le prélude à d’autres démissions, voire à des arrestations, au sein de l’armée, où les réseaux de la DGSI étaient nombreux. L’opération d’arrestation au siège de la DGSI a touché des officiers de premier plan dont le colonel Yacine, patron de la caserne dite « Antar », chargé par le général Bouazza de mener des campagnes de déstabilisation contre certains caciques du régime. Le puissant patron des transmissions au sein du ministère de la Défense, le général Lachkham, dont on connait le rôle central joué lors de l’élection l’élection de Tebboune à la Présidence de la République, pourrait être une des premières victimes de cette recomposition, pour le meilleur ou pour le pire, de l’institution militaire.
L’Armée algérienne, qui n’en finissait pas de recoudre les fractures nées de la décapitation en 2015 de l’ex DRS (services algériens), ressemble plus que jamais à un bateau ivre