RD Congo, une situation humanitaire catastrophique dans le Nord-Kivu

Hundreds of volunteers take part in a session to enlist new recruits into the Congolese army to go to the front against the M23 (March 23 Movement) rebellion, in Goma, on November 7, 2022. - Since October 20, fighting has resumed between the Congolese army and the M23, allegedly backed by the Rwandan army. In the past two weeks, the M23 has doubled the size of the territory under its control, approaching 30 kilometers from Goma, the provincial capital of more than one million people that sits on the border with Rwanda. (Photo by ALEXIS HUGUET / AFP)

 

 

 

Suite à l’intensification du conflit opposant le groupe armé M23/AFC à l’armée congolaise au Nord-Kivu ces dernières semaines, et son extension dans la province du Sud-Kivu où on observe une menace imminente de l’arrivée du M23 sur la ville de Bukavu, Médecins du Monde alerte sur les besoins immenses des populations affectées. Elle s’alarme aussi sur les difficultés d’acheminement de l’aide humanitaire. 

Face aux nouvelles offensives du groupe armé M23/AFC dans les villes de Minova et de Goma depuis le 19 janvier 2025, des centaines de milliers de personnes ont à nouveau dû fuir leurs foyers, alors que les capacités d’accueil et d’assistance aux personnes déplacées sont déjà saturées.  
 
Une situation catastrophique 

Selon les Nations unies, l’escalade de la violence a déjà provoqué le déplacement de plus de 500 000  personnes depuis le début de l’année au Nord et au Sud-Kivu, qui abritent déjà 4.6 millions de déplacés.  

« Dans le Nord et le Sud-Kivu, la situation humanitaire est des plus alarmantes. Au Nord, les 500 000 personnes déplacées qui vivaient dans des camps autour de Goma ont été contraintes une nouvelle fois de fuir dans d’autres camps lors de la prise de la ville par le M23, soit vers le centre-ville ou par la frontière avec le Rwanda. Le dernier bilan fait état de plus de 700 morts et de 1000 blessés à Goma. Au Sud, des milliers de personnes qui vivaient dans des sites de déplacés et dans des familles d’accueil se sont déplacées vers l’intérieur du Sud-Kivu. Dans les aires de santé de Mianda, Kusisa, Matitura et Tushunguti, nos équipes ont enregistré 14 538 personnes entre le 4 et le 15 janvier. Ce chiffre n’a cessé d’augmenter depuis », s’alarme Helena Ranchal, Directrice des opérations internationales de Médecins du Monde.

Un manque d’accès pour les organisations humanitaires

Elle ajoute : « Les populations sont privées d’accès à la nourriture, à l’eau, à l’électricité (Goma) et aux soins de santé. Et suite à l’insécurité le long des routes et aux risques d’attaques, les organisations humanitaires, dont Médecins du Monde, n’ont pas accès à toutes les zones. Nous sommes donc pour le moment dans l’incapacité d’acheminer des intrants médicaux (équipements hospitaliers, dispositifs médicaux, etc.) et des médicaments essentiels dans les centres de santé et les hôpitaux. La situation est terriblement alarmante : par exemple, la prise en charge des accouchements ne peut se faire de manière optimale, ni l’accompagnement des cas de malnutrition aigüe. Et une fois de plus, ce sont les civils qui en paient le prix».   

Pour faire face à cette situation Médecins du Monde lance une réponse d’urgence à travers :

  • La mise en place de cliniques mobiles à Goma et dans les environs pour fournir notamment des soins de santé primaire, en santé sexuelle et des 1ers soins psychologiques.
  • Dans un second temps, le renforcement des structures sanitaires existantes pour assurer une continuité et une pérennité dans la prise en charge des soins pour l’ensemble de la population.

Nous demandons aux parties au conflit de garantir un accès humanitaire sans entrave afin de permettre aux organisations humanitaires comme Médecins du Monde d’assurer l’accès aux soins de santé et à la protection pour les populations affectées. Les personnels et infrastructures humanitaires et de santé doivent être protégés par le droit international humanitaire, en aucun cas les parties au conflit ne peuvent les attaquer. La sécurité de nos équipes et des populations est cruciale pour répondre aux besoins actuels des communautés.

Pour y arriver, un engagement fort de la communauté internationale en faveur des organisations humanitaires est fondamental afin d’acheminer l’aide vitale auprès des personnes qui en ont besoin. »