Les dirigeants de la Ligue Islamique mondiale, basée à La Mecque en Arabie Saoudite, ont été reçus cette semaine à Paris, aussi bien par Jean Pierre Chevènement que par Gérard Collomb.
La Ligue Islamique mondiale vient d’être chargée par les autorités séoudiennes d’expliquer aux organisations musulmanes d’Europe la rupture avec le wahabisme et de promouvoir la defense d’un « islam median ». Ce sont là les éléments de langage concoctés à Ryad par les amis du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, pour séduire ses alliés occidentaux. Du coup et bien que de nature religieuse, la Ligue se trouve mêlée a une intense activité politique et diplomatique dont le premier but est l’isolement des organisations proches des Frères musulmans.
Un agenda chargé
Cette semaine, le secrétaire général de la Ligue, Mohammed al-Issa, nommé il y a un an environ à la tête de cette importante institution basée à La Mecque et destinée à la promotion de l’islam dans le monde, a débuté sa tournée en Europe par par un séjour à Paris. Après une visite de courtoisie à Notre Dame de Paris, ce dignitaire sunnite s’est rendu à la Mosquée de Paris pour recadrer le recteur Dalil Boubakeur. Or les Séoudiens ont le sentiment que le chef de l’Islam de France s’est dangereusement rapproché de l’UOIF, le plus puissant mouvement représentatif de l’Islam de France et qui est traditionnellement lié à la confrérie des frères musulmans et donc au Qatar.
Plus surprenante est la visite du secrétaire général de la ligue islamique mondiale chez l’ancien ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin, Jean Pierre Chevènement, devenu sous le rêgne de François Hollande, le President de la « fondation de l’islam de France ». Laquelle pourtant affiche des objectifs « profanes » et s’interdit toute intrusion dans le domaine religieux.
Est-ce enfin le résultat de la forte relation qui semble d’être nouée entre le Président français, Emmanuel Macron et le prince héritier séoudien? En tout cas, Paris ferme les yeux sur cette agitation séoudienne en France. Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale a assisté, ce mardi, en compagnie de Kamel Kabtane, recteur de la mosquée de Lyon au diner offert par le ministre de l’Intérieur, Gerard Collomb aux élus locaux du Rhône.
L’opposition qatarie à la manoeuvre
L’opposition qatarie à la manoeuvre
Historiquement proche des Séoudiens qui ont cherché, avec l’aide des Egyptiens, de chasser le précédent Emir du Qatar, l’opposition qatarie a été associée à l’offensive actuelle. Elle prépare la célébration ostensible du 1er anniversaire de l’attentat terroriste de Berlin, attribué par certains à l’influence de Doha. Une association de lutte contre le terrorisme et de prévention des radicalismes a été créée en Allemagne par le chef de file de cette opposition, Khaled Lihli, aidé notamment par des partisans du maréchal égyptien Sissi et par des partis tunisiens anti islamistes.
Ce compagnonnage se traduit aussi par l’organisation de réunions dans des capitales européennes comme Berlin, Bruxelles et Paris pour dénoncer le soutien que le Qatar est supposé apporter aux organisations islamistes proches du terrorisme.
Fidèles alliés des Séoudiens dans cette guerre contre les Frères Musulmans, les Emiratis ne restent pas inactifs qui cherchent à créer une brigade internationale en Europe. Les sergents recruteurs émiratis font appel notamment à des anciens légionnaires français d’origine maghrébine. Le Maroc aurait protesté contre de telles pratiques.