Le Conseil de la Résistance pour la République (CRR), un groupe créé par l’ancien ministre et chef rebelle nigérien Rhissa Ag Boula pour faire libérer le Président Mohamed Bazoum au lendemain du coup d’Etat de juillet 2023, vient d’éclater suite à des dissensions en son sein.
Un communiqué du Conseil, signé le 24 septembre par son président par intérim Ousmane Abdoul Moumouni, a annoncé l’exclusion définitive de Rhissa Ag Boula en raison de son « entêtement belliciste ». « Les postures guerrières que prône l’ancien camarade sont en dehors de l’intérêt national, de la préservation de la paix et n’engagent, à cet effet, que sa seule personne. Le CRR a été mis en place pour participer à la restauration de la démocratie par des moyens démocratiques et pacifiques », poursuit le communiqué.
Le CRR « entend ainsi continuer la lutte pacifique pour la définition d’une transition courte et le retour rapide à l’ordre démocratique au Niger », conclut le signataire, un ancien activiste étudiant rallié au régime socialiste au pouvoir dans les années 2010.
Le lendemain, Rhissa Ag Boula a annoncé la dissolution du CRR et la création d’un nouveau mouvement armé, les Forces armées libres (FAL), qui entend renverser la junte au pouvoir par la force.
« Après une analyse approfondie du contexte actuel, il est clair que la posture belliqueuse et répressive de la junte de Tiani ne laisse aucune place à une solution pacifique. Face à cette situation, un rapport de force s’impose comme seul moyen de contraindre ce régime illégitime à restaurer un ordre constitutionnel démocratique », écrit Rhissa Ag Boula. Les Forces armées libres se veulent « à la fois militaires et politiques » et se consacreront à « la restauration de l’ordre république et démocratique. »
Boussada Ben Ali, neveu et partisan de Mohamed Bazoum, a vu dans cette querelle l’expression du clivage entre partisans de Mahamadou Issoufou et ceux du Président renversé. « La raison principale de la création des Forces armées libres par Rhissa Ag Boula est à chercher dans sa volonté de se démarquer du clan de Issoufou Mahamadou. Pour ceux qui sont proches de ce dernier, la lutte doit être pacifique pour négocier le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) en vue d’une période de transition. Pour Rhissa Ag Boula (…), c’est l’option de la lutte armée qui a été retenue pour dégager carrément le CNSP du pouvoir. On notera désormais que leurs options de lutte sont contradictoires », écrit Boussada sur sa page Facebook.
Les tensions à l’intérieur du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) ne cessent d’enfler depuis un an. En effet, Issoufou Mahamadou, qui a fait la carrière du général Tiani au pouvoir, est soupçonné d’avoir joué un rôle dans le coup d’Etat contre son dauphin et certains le soupçonnent de manoeuvrer avec le Président de la junte pour organiser son retour aux affaires. Rhissa Ag Boula, qui a servi Issoufou, a toutefois vu son influence grandir considérablement lors du régime de Bazoum. Ce dernier lui a permis de s’immiscer dans l’organisation de la Garde présidentielle, ce qui lui a valu la rancune tenace du général Tiani.