Le numéro deux de la Mosquée et exécutant de l’ancien DRS (services algériens), Mohamed Lawanoughi recourt à tous les moyens, même brutaux, pour imposer sa marque à l’islam en France.
Aussi invraisemblable que cela apparaisse et au moment même où le président français Emmanuel Macron a est decidé à réformer l’organisation de l’islam en France, la Mosquée de Paris, vitrine du culte musulman, fonctionne toujours sous la férule d’un ancien sergent de l’armée algérienne reconverti dans les services algériens de l’ex DRS, Mohamed Lawanoughi.
Sa silhouette discrète apparaît derrière celle du recteur de la mosquée, Dallil Boubakeur, lors du moindre de ses déplacements. La semaine dernière encore, on l’a surpris à Alger dans l’ombre de Boubakeur venu à la demande du ministre des affaires religieuses, Mohamed Aissa, et en présence de l’ambassadeur de Paris à Alger, réfléchir sur l’avenir de l’islam en France à l’heure des réformes annoncées par l’Elysée.
Certes cet homme de l’ombre qui porte le titre ronflant de directeur de l’Administration générale de la Mosquée n’assistait pas à ces entretiens au sommet, mais on l’entendait sur quelques médias algériens pérorer sur l’avenir des musulmans en France et dénoncer, forcement, les arrières pensés des interlocuteurs français; une réthorique qui fonctionne toujours en Algérie.
Sauf qu’au moment où le pouvoir français souhaite offrir une place de choix à la Mosquée de Paris dans la formation des futurs imams, une telle posture est contre productive pour tout le monde.
Une brillante carrière
Démobilisé de l’armée algérienne voici vingt ans , « le sergent », comme on le surnomma, fut placé auprès du Recteur de la Mosquée comme garde du corps par le colonel Ali Benguedda, surnommé « le petit Smain », un des hommes clés de l’ancien DRS à Paris.
Au mieux avec le bureau des cultes qui gère l’Islam français au ministère de l’Interieur, Mohamed Lawanoughi fut rapidement promu « inspecteur des imams » en charge des quelques 140 responsables du culte qui sont nommés par les Algériens sur tout le territoire français.
Plus tard, il devint le véritable numéro deux de la Mosquée. Dans ces fonctions il s’intéressa de près au marché de la viande halal en compagnie d’une inspectrice des RG de la Préfecture de police d’origine marocaine, qui dut démissionner brutalement de la police compte tenu de ces activités peu transparentes.
Souvent en vacances à Benidorme, une jolie villégiature du sud de l’Espagne où un certain nombre de gradés de l’ex DRS ont des villas, l’habile Lawanoughi s’est toujours senti soutenu à Alger en haut lieu. La raison sans doute qui explique qu’a Paris, personne n’aie remis en cause le rôle extravagant qu’il joue dans l’organisation de l’Islam.
Ces dernières semaines et alors que l’avenir de son patron, le recteur Dalil Boubakeur
semble bien incertain, Mohamed Lawanoughi perd un peu patience et se livre à des menaces et violences peu recommandables. Au point que des médias algériens comme Algerie Scoop s’interrogent sur « l’étrange bande qui se trouve à la tête de la Mosquée ».
Dernier dérapage, ce gros bras s’en est pris physiquement à son remplaçant comme Inspecteur des Imams, Abdelmalek Djebbar, au point de l’envoyer pour quelques jours dans un hôpital parisien. La plus récente des plaintes judiciaires déposés contre le numéro deux de la Mosquée l’a été par l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée et inspecteur général de l’Éducation nationale, Abderrahmane Dahmane, qui affirme avoir été menacé de mort. Sans parler d’une autre procédure engagée par une franco-marocaine de Troyes qu’il aurait giflé.
Clairement toute réforme de l’Islam en France suppose la mise à l’écart de tels intermédiaires trop longtemps tolérés par Paris et par Alger.