« Réalisme » économique oblige, notre confrère « Jeune Afrique » a financé l’essentiel de ce supplément de douze pages, « la Mauritanie, l’avenir en pointillés », par de la publicité négociée en Mauritanie. Parmi les annonceurs se trouvent les sociétés Kinross et Maurilog, toutes deux citées dans une enquête de la SEC américaine. C’est dire que l’ambition de journal de faire un papier sur le secteur minier mauritanien sera passablement plombée par de tels financements. Voici les dix erreurs de ce dossier de promotion publicitaire recensées par un groupe de journalistes mauritaniens, directeurs de publications francophones et soutiens depuis toujours de Jeune Afrique. Ces professionnels qui considèrent malgré tout cette publication comme « le plus prestigieux et le plus ancien des journaux francophones d’Afrique », regrettent ces approximations.
1- « Jeune Afrique » désigne le 12 mai 2017, date de l’accident de la circulation du sénateur Mohamed Ould Ghadda, chef de l’opposition au projet constitutionnel du président Aziz, le moment où le pouvoir découvre l’existence d’une conspiration contre lui. Seulement le vote par le Sénat mauritanien contre les amendements constitutionnels présentés par les autorités mauritaniennes a eu lieu deux mois avant, le 17 Mars. Personne alors n’a « conspiré » contre le pouvoir mauritanien, ni tenté de prendre le pouvoir par la force. En clair, le pouvoir mauritanien, selon JA, découvre une conspiration …qui n’a pas eu lieu.
2. « Jeune Afrique » semble trouver normal que dans un « Etat de Droit », les téléphones d’un citoyen, en l’espèce le sénateur Ould Ghadda, mis en cause dans un simple accident de la route; soient saisies et leurs correspondances épluchées puis divulgués par les services sécuritaires.
3- « Jeune Afrique » a omis de dire que Ould Ghadda a été arrêté cinq fois, molesté deux fois et a été kidnappé un soir à minuit avant de rester au secret six jours en dépit de son immunité parlementaire. Humiliation supplémentaire, il fut conduit menotté chez le juge. Ses problèmes ont commencé quand il a commencé à s’intéresser aux marchés de gré à gré passés par le régime.
4. « Jeune Afrique » aurait besoin d’une calculette pour crédibiliser ses enquêtes. L’endettement extérieur actuel du pays représente 100% du PIB ( 5 milliards de US dollar) et non les 72% annoncés qui ne prennent pas en compte la dette du Koweit.
Par ailleurs, « Jeune Afrique » n’a pas fait état du glissement de l’ouguiya, la monnaie nationale. Un simple consultation du site Mauriweb lui aurait permis de voir que le 6 Aout 2016, 1 euro équivalait à 330 ouguiya et 1 dollar à 226 ouguiya. Aujourd’hui il faut 426 ouguiya pour un euro et 359 ouguiya pour un dollar. Sit un glissement en quinze mois de 29 % par rapport à l’euro et 58,5 % par rapport au dollar.
5- « Jeune Afrique » a oublié d’évoquer les atteintes aux droits de l’homme et à la liberté d’expression et de manifestation. Ainsi que les dysfonctionnements de la Justice qui condamne à trois de réclusion l’auteur d’un simple jet de chaussure en direction d’un ministre jusau au bannissement dans le « Guantanamo » mauritanien de Bir Moghrein, de militants d’IRA, le mouvement anti esclavagiste. Sans même évoquer le placement sous contrôle judiciaire de journalistes, de syndicalistes sous de fallacieux prétextes. Et pour finir avec l’organisation d’un référendum anti constitutionnel en vue de supprimer le Sénat.
6- « Jeune Afrique » a oublié de mentionner que lorsque l’Homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, l »ancien patron des patrons aujourd’hui réfugié à l’étranger, finance à hauteur de plusieurs milliards, la campagne du président Mohamed Ould Abdel Aziz en 1990 ou qu’il subit le racket incontournable de L’UPR, le parti au pouvoir, il s’agit pour le pouvoir de mécénat. Lorsque le même participe financièrement aux activités de l’opposition, il s’agit de Corruption.
7- « Jeune Afrique » n’a pas relevé qu’à la veille de la soumission du projet de loi portant amendements constitutionnels, le président Aziz a reçu des parlementaires et leur a distribué des terrains, des quotas de poulpe et même du cash en leur demandant de leur demandant de voter Oui. Sans doute était ce une démarche humanitaire
8- « jeune Afrique » a entendu le Général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Ould Ghazouani, le chef d’Etat Major mauritanien, affirmer qu’il ne peut y avoir « d’armée riche et une population pauvre » mais le magazine a omis de lui demander pourquoi aujourd’hui il y a un président riche et des populations pauvres. Dommage!
9-« Jeune Afrique » a oublié de souligner que la grande Diva et sénatrice Malouma Mint Meydah, la fille du Mozart de la musique mauritanienne allait être jetée en prison pour avoir reçu moins de 5000 euros comme participation à une soirée culturelle pour fêter le rejet des amendements constitutionnels.
10- « Jeune Afrique » a oublié de mentionner la mort suspecte à plus d’un titre de Feu Ely Ould Mohamed Vall, père de la réforme constitutionnelle limitant le nombre de mandats présidentiels et organisateur des premières élections transparentes en Mauritanie. Décédé vers 14 heures en plein désert à plus de 1000 km, son corps fut rapatrié le même jour et inhumé à 22 heures sans autopsie, sous la supervision directe et en présence de Ould Abdel Aziz, son ennemi politique juré.