En 2018, si tout se passe bien d’ici là, un nouveau Président de la République doit être élu. Avant de prendre une décision dans le secret des urnes, moyennant sachets de thé ou places promises, assurez-vous que vous ne serez pas de nouveau les victimes de votre choix.
A tous ceux qui pensent que celui qu’ils ont triomphalement élu en 2013, Ibrahim Boubacar Keita, a tenu ses promesses et qui ont été illusionnés par des slogans creux et l’envie folle d’être sauvés malgré eux et sans eux.
A tous ceux qui se languissent de bientôt festoyer autour de la gamelle familiale, confortablement installés sur le dos brisé des Maliens.
A tous ceux qui souhaitent faire leur choix de façon éclairée, loin de la famille, du clan, de l’appartenance ethnique ou de la religion.
A tous ceux là, je conseille la lecture du Cadre stratégique pour la Relance Economique et le Développement Durable du Mali (CREDD) 2016 – 2018. Ce document, présenté comme le cadre de référence du développement du Mali, répertorie toutes les actions que ce gouvernement s’est engagé à mettre en place entre 2016 et 2018. Soyons beaux joueurs, il lui reste encore un an pour tenir ses engagements. Soyons honnêtes et vigilants, cochons les cases à chaque réalisation constatée et en 2018, soldons les comptes en connaissance de cause.
Dessous la table
Il n’y a pas que la rédaction de la Constitution qui ait été confiée à prix d’or à des étrangers, sous réserve, bien sûr (à l’attention de ceux qui pensent que les salauds sont du seul côté sombre de la Méditerranée), de ristournes à quelques suceurs de sang bien de chez nous. Dans la préface du document qu’il a écrite, le Ministre de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé, remercie spécifiquement « Le PNUD, [qui] a su apporter à l’exercice la caution internationale et la crédibilité nécessaires, par la qualité de son conseil stratégique et la flexibilité de son appui technique et financier à travers la mise à disposition de consultants expérimentés de niveau international. La France [qui] a apporté une assistance technique de qualité qui [a été] d’un apport déterminant dans le processus d’élaboration et de validation de ce nouveau cadre de référence. ». Chacun défendant ses intérêts et ceux qui paient étant les commanditaires, il y a des chances que ce document nous en dise long sur les motivations de nos très chers bailleurs venus faire la guerre et soi-disant la paix à notre place.
Un changement nécessaire
Souhaiter que la politique du Mali soit définie par les Maliens pour les Maliens est déjà un programme en soi. Comment et avec qui l’appliquer ? En voilà un vrai projet !
Sans surprise, le domaine prioritaire concerne la « Paix, Réconciliation Nationale et Reconstruction du Nord ». Dans le mandat de la MINUSMA renouvelé en juin dernier, il est spécifié qu’elle doit apporter son concours « dans les limites de ses moyens et dans ses zones de déploiement, à l’organisation d’élections transparentes, régulières, libres et ouvertes à tous, ainsi qu’à la tenue d’un référendum constitutionnel.». La tenue du référendum constitutionnel était donc acquise par l’ONU, quelles que soient la situation sécuritaire du pays et la conformité du projet de révision constitutionnelle à la Constitution du pays. Son refus par la population malienne ne semble pas avoir été une option envisagée. De quoi se mêle le peuple, ont sans doute pensé les tireurs de ficelles. On leur avait pourtant promis juré qu’avec Beau papa de fiston à la tête de députés à peine alphabétisés pour la plupart, les petits arrangements entre amis passeraient comme une lettre à la poste… si on y mettait le prix, bien sûr. C’est dire la confiance que l’on peut placer dans nos institutions !
Et dire qu’ils veulent en rajouter une couche avec un Sénat budgétivore quand, ailleurs, on pense à le supprimer. Il arrivera bien un moment où le système sera tellement pourri de l’intérieur qu’il tombera de lui-même, comme en 2012 : peu importe le scénario de la chute, seule nous importe la relève. Inutile de vous dire qu’il n’est pas envisagé de faire du neuf avec du vieux… Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, vieux briscards de la politique, on en a marre de la soupe que vous nous servez depuis des années. Nous voulons changer de régime : abandonner l’anorexie pour une alimentation normale, sans passer par la case boulimie.
Le référendum constitutionnel n’a réussi jusqu’à présent qu’à rapprocher des populations corruption et mauvaise gouvernance. Au nom de la démocratie, on nous parle de nommer, et non d’élire, des chefs traditionnels et des religieux. Qu’ont ces personnes de plus que le commun des Maliens pour échapper au suffrage populaire ? Sans doute sont-ils fils de… Un peu léger pour les temps modernes. Et puisqu’on nous dit que tout va bien question sécurité, qu’à cela ne tienne, commençons par organiser un référendum dans le nord du pays pour savoir si les populations locales souhaitent l’indépendance de leur région sous la houlette de la CMA. La MINUSMA y assurera « dans les limites de ses moyens et dans ses zones de déploiement, […] l’organisation d’élections transparentes, régulières, libres et ouvertes à tous ». Malheureusement, quand on voit tous les cadavres qui jonchent le sable dans ses zones de déploiement, il nous faut bien admettre que ses moyens sont très très limités.