Des vidéos et des photos de vacances de Karim Keita, le fils du Président malien, en joyeuse compagnie aux Baléares, qui ont suscité une déferlante de commentaires indignés sur les réseaux sociaux ont contribué certainement à provoquer le coup d’Etat auquel on vient d’assister.
On voit sur ces images, un yacht de rêve blanc sur une mer de rêve bleue, de pulpeuses créatures de rêve habillées de pas grand chose, qui dansent, sirotent du Champagne Moët et Chandon et mangent de la viande, autour du fils du Président en grande forme, accompagné de son frère Boubacar et de quelques amis bien en chair et tout aussi détendus.
Ces images auraient été filmées à l’occasion de l’anniversaire du président de la Commission Défense de l’Assemblée, venu à titre privé en Espagne pour un séjour tout aussi privé. Pendant ce temps-là, commentent les Maliens, « nos soldats manquent d’armes et de munitions et se font tuer par centaines. » « Le peuple doit chasser Karim et sa mafia », conclut l’un des internautes, manifestement favorable au Mouvement du 5 juin mené par l’Imam Dicko qui réclame le départ d’Ibrahim Boubacar Keita.
La vidéo scandaleuse des vacances de Karim tombe très mal, alors que le rejeton présidentiel fait déjà l’objet de nombreuses critiques pour son emprise sur son père et son implication dans plusieurs dossiers, dont la disparition très inquiétante du journaliste Birama Touré, en janvier 2016, à l’origine d’un mouvement de boycott de sa candidature aux législatives de mars dans la commune 2 de Bamako.
Karim Keita, de son côté, a protesté vigoureusement contre « des esprits malintentionnés qui veulent (le) mêler à une cérémonie privée organisée à l’étranger par des amis où (il) n’a fait qu’une très brève apparition. » Il a affirmé sur son compte Twitter que « ce déplacement à titre privé n’a évidemment pas coûté le moindre centime au contribuable. » Inquiet, probablement, de l’impact négatif que pourrait avoir sur son image l’ambiance passablement grivoise et arrosée des vidéos, il a précisé qu’il n’était « chargé ni du menu, ni de la liste des invités. » Enfin, il a annoncé son intention de porter plainte contre X.