Après avoir refusé le déploiement d’une force de maintien de la paix au Burundi, l’Union africaine cède désormais aux pressions du président congolais Denis Sassou Nguesso engagé dans une lutte à couteaux tirés avec son principal rival pour les présidentielles, le général Jean-Marie Michel Mokoko.
Habitué de l’Union africaine (UA) pour laquelle il a notamment officié en Côte d’Ivoire et en Centrafrique, Jean-Marie Michel Mokoko, candidat à la présidentielle du 20 mars au Congo ne pourra pas compter sur le soutien de cette institution dans le bras de fer qui l’oppose au président sortant Denis Sassou Nguesso.
Nommé représentant spécial de l’UA pour le conflit en Centrafrique avant de se porter candidat au scrutin présidentiel à venir dans son pays, le général Mokoko n’a officiellement toujours pas démissionné de son poste. Le 20 février, il a été interpelé par ordre du procureur général de la République alors qu’il devait officiellement rendre son rapport de fin de mission. Sous la pression du président Sassou, l’UA qui n’a pas défendu son représentant, a préféré mettre un terme à ses fonctions.
Régulièrement taxée de « syndicat de présidents », l’UA a ouvert une brèche pour les partisans de Denis Sassou Nguesso en s’opposant, début février, à l’intervention de la force africaine de prévention et de protection au Burundi en proie aujourd’hui à un conflit ethnique meurtrier. Un refus motivé par la crainte des présidents égyptien, gambien et équato-guinéen que l’ouverture d’un précédent dans ce pays ne mette en péril leur propre souveraineté nationale à l’avenir.
Affaiblie par cet épisode, l’UA se plie désormais aux volontés du président congolais qui brigue un troisième mandat après 32 ans au pouvoir. En octobre dernier, il avait convoqué un référendum constitutionnel très contesté lui permettant de faire sauter les deux verrous qui l’empêchaient de se représenter : la limite d’âge (70 ans) et le nombre des mandats présidentiels (2).