Le procureur militaire libyen, Mohamed Ghadoura, a exigé, jeudi, l’exécution de sanctions disciplinaires contre le général de division à la retraite Khalifa Haftar, sur fond de cinq affaires, dont la violation de la loi militaire.
La candidature à la prochaine élection présidentielle du maréchal Haftar, l’homme dort de l’est de la Libye, provoque de fortes oppositions du coté des autorités de Tripoli reconnues internationalement; C’est ce qui ressort d’une correspondance adressée par le procureur général près le parquet militaire, Mohamed Gharouda, à l’Agence des enquêtes criminelles. Ces informations ont été relayées par la chaîne « Libya Al-Ahrar ». Le parquet militaire a également appelé à « appliquer les ordres de saisie émis par le ministère public à travers l’huissier de justice compétent, sur fond de cinq affaires en date de 2019 et 2020 ».
Plus grave, la candidature du maréchal Haftar serait une violation de la loi militaire. Le ministère public libyen a déclaré en effet que « Haftar est un officier de l’armée libyenne et est passé par la Haute Commission électorale nationale pour entamer les procédures ».« Quiconque organise ou participe à des réunions politiques, appartient à un corps politique, participe à des manifestations, des troubles ou des campagnes électorales, ou écrit des articles politisés sous couvert d’anonymat, ou prononce des discours politiques ou incite, sera puni de cinq ans d’emprisonnement », a-t-il ajouté.
Cette mobilisation des autorités légitimes libyennes contre la perspective de voir Haftar candidat pourrait bien remettre en cause le principe de l’élection présidentielle prévue à la fin du mois de décembre. D’autant plus que le même Haftar tente de bloquer toute tentative de Saif al-Islam Khadafi, le fils de l’ancien dictateur, d’imposer sa candidature devant la justice
Coup de force
Une brigade affiliée à l’armée nationale arabe libyenne de Khalifa Haftar a évacué jeudi après-midi le tribunal de Sebha. Les juges de la capitale du Sud libyen devaient statuer sur le recours en appel lancé par Saïf al-Islam Kadhafi.
Le fils de l’ancien dictateur conteste le rejet de sa candidature à l’élection présidentielle après sa condamnation à mort par un tribunal de Tripoli à l’été 2015. La Chambre des représentants de Tobrouk avait depuis amnistié les inculpés, plaide ses avocats. L’Assemblée n’était pas reconnue par les autorités de Tripoli, mais était et demeure reconnue par les Nations unies.
Pour la radio RFI, « Khalifa Haftar lance un double message politique et sécuritaire. L’ancien maréchal, qui veut capter les voix des déçus de la révolution, refuse d’un candidat positionné sur le même électorat ». En envoyant des troupes dans Sebha, le vieux maréchal montre qu’il est prêt à l’escalade de la violence. La tribu Gaddadfa, dont est originaire Saïf al-Islam, est très présente dans la ville. Elle pourrait tenter de déloger les forces de Haftar hors du périmètre du tribunal