Les mercenaires russes de la compagnie privée Wagner qui soutiennent les troupes de l’ANL donnent un sérieux coup de main à l’offensive lancée le 4 avril par le maréchal Haftar pour mettre la main sur la Libye
Combien sont-ils? Les estimations sur le nombre de mercenaires russes envoyés en Libye aux cotés de l’ANL d’Haftar varient considérablement. Les « privés » appartenant à la compagnie russe Wagner, qui est intervenue notamment en Centrafrique, au Soudan et en Syrie avec une extrême brutalité, seraient près de 150 d’après des sources basées à Moscou, 500 pour des ONG libyennes et jusqu’à 2000 pour le département d Etat américain.
Lors de la rencontre entre le maréchal Haftar et le ministre russe de la Défense, Segueï Choïgou, le 7 novembre 2018 à Moscou, le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, était présent sur la photo.
Un scénario syrien
Un diplomate occidental basé à Tripoli, cité par le Monde (23/11), estime lui que près d’un millier de mercenaires russes combattrait aux cotés d’Haftar. « Tout cela est très préoccupant, note ce dernier, on risque un scénario de type syrien ».
Les forces loyales du gouvernement d’union nationale de Faiez Sarraj basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale sont désormais sur la défensive. L’intervention au sol des militaires russes et la livraison de drones performants venus des Emirats Arabes Unis, ont permis à l’ANL d’Haftar de marquer « des avantages modestes mais systématiques », note un chercheur allemand, Wolfran Lacher, cité lui aussi par « le Monde ».
Et la France dans tout cela?
Moscou n’a jamais digéré l’intervention occidentale en Libye en 2011, un bouleversement géo politique dont ils avaient été tenus à l’écart alors que Dmitri Medvedev présidait la Russie. Vladimir Poutine qui a le vent en poupe en Syrie et en Afrique est bien décidé à placer ses pions en Libye.
Les Américains s’alarment naturellement de la présence croissante des Russes. Les Français nettement moins; le silence de la diplomatie française est même étourdissant. Et pour cause, la politique française en Libye, menée notamment par Jean Yves Le Drian, chef de la diplomatie, est marquée depuis des mois par une totale duplicité; Paris soutient du bout des lèvres le gouvernement de Faïez Sarraj, mais soutient dans les coulisses du conflit libyen les forces d’Haftar.
Au nom d’une lutte contre le terrorisme qui a bon dos pour couvrir des arrangements moins glorieux du ministre français.