Il aura fallu trois mois pour que Washington décide de trancher l’épineuse question et qualifier de « coup d’Etat » les événements du 26 juillet dernier. Pourquoi tant d’hésitations et quelles seront les implications ? Mondafrique fait le point.
Jusqu’à présent les Américains s’étaient bien gardés de nommer les choses par leur nom. Or selon des responsables du Département d’Etat cités par CNN, l’administration Biden s’apprête à qualifier officiellement le putsch de « coup d’Etat ».
Légalement cette décision les obligerait à cesser toute coopération, y compris militaire, avec le Niger. En réalité, cela est moins automatique qu’il n’y paraît. En 2022, le Congrès a intégré, dans son projet de loi de finances 2023, une dérogation qui permet à l’administration US de poursuivre son aide militaire lorsqu’elle coopère avec des autorités issues d’une prise de pouvoir par la force.
Mais pour obtenir l’aval du Congrès, il faut que cela soit dans l’intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis. Or depuis le début de la crise, les responsables américains n’ont cessé de répéter que leur présence était « essentielle » puisque le Niger était une tête de pont dans la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest. Il ne sera donc pas difficile de faire valider cette dérogation.
Par conséquent, hormis quelques problèmes administratifs, quelques lenteurs, la qualification de « Coup d’Etat » ne devrait pas avoir d’impact sur leur coopération militaire avec le Niger.
Pourquoi maintenant ?
Si la parade existait, pourquoi tant d’hésitations pendant autant de temps ? Les responsables du Département d’Etat comme du Pentagone ayant toujours botté en touche sur cette question, il n’est possible que d’émettre des hypothèses.
La première nous est donnée par le timing. Les Américains se décident après que l’intervention militaire de la CEDEAO soit définitivement enterrée et que la France, soutien inconditionnel de cette opération militaire, ait commencé à retirer ses troupes. Opposés à la méthode forte, ils ont sagement attendu que tout se calme pour ne pas jeter de l’huile sur le feu aux plus forts moments de la crise.
La deuxième réside dans le grand cafouillage et les désaccords internes qui règnent au sein de l’administration Biden.
La vérité se trouve sans doute entre les deux options.
La revue de presse de Navarro (07/10) : le départ contraint des Français du Niger
RépondreTransférer |