Selon le magazine britannique « The Economist » entre 2022 et 2023, la compagnie Sonatrach a été classée parmi les quinze plus grandes compagnies pétrolières au monde et en douzième position en termes de production de pétrole et de gaz. Le groupe domine le classement des entreprises africaines, contribuant à plus de 10 % du chiffre d’affaires total des 500 entreprises répertoriées.
Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des universités, expert international, directeur d’études ministère à la Sonatrach durant quarante ans.
Dans le domaine énergétique, l’Algérie est un acteur central de l’approvisionnement de l’Europe. Selon le rapport du forum de janvier 2024 en 2023, l’Algérie a fourni 19% du gaz naturel exporté par gazoduc vers l’UE, se classant ainsi juste derrière la Norvège, qui occupe la première place avec une part de marché de 54%, alors que la Russie s’est classée à la troisième place, avec une part encore de 17%.
Les réserves en Algérie sont estimées pour le pétrole à environ entre 10/12 milliards de barils et pour le gaz naturel, 2400/2500 milliards de mètres cubes gazeux (1). Encore que ces niveaux se calculent en référence au prix international qui évolue à la hausse. Le dernier rapport de Gaz Exporting Countries Forum évalue le coût par baril à 5,30 dollars pour le gaz naturel et 8,80 dollars pour le pétrole, contre respectivement 2,60 dollars et 3,50 dollars en 2022. Les vieux gisements amortis sont moins couteux que les nouveaux Cette augmentation des coûts peut en partie s’expliquer par la localisation des nouvelles découvertes, principalement dans les blocs offshore en eaux profondes (2).
Des importations européennes à la hausse
La Sonatrach en 2023 a exporté 34,9 milliards de mètres cubes (m3) de gaz naturel vers le marché européen. La structure globale des exportations donne 33% de GNL et 67% de GN (gaz naturel). L’Europe a consolidé la part de la Sonatrach dans les importations européennes qui atteint 10% en 2023 contre 8% enregistré en 2022.
Rappelons que l’Algérie a deux importants pipe lines vers l’Europe: le Medgaz, via l’Espagne, pour une exportation de 10 milliards de mètres cubes gazeux; le Transmet, via l’Italie, d‘une capacité de 32 milliards de mètres cubes gazeux. Tous deux fonctionnent en sous capacité. Les hydrocarbures représentent environ 92/93% des entrées en devises (3). Les exportations hors hydrocarbures sont passées de 7 milliards de dollars en 2022 et à environ 5 en 2023. Sur ces 5 milliards de dollars, 67% sont des dérivés d’hydrocarbures.
Des recettes en baisse en 2023
Les recettes des exportations algériennes d’hydrocarbures ont atteint 50 milliards de dollars en 2023, enregistrant ainsi une baisse de 16% par rapport à 2022, ce recul s’expliquant par la baisse des prix du pétrole, à 84 dollars le baril fin 2023 contre 104 dollars fin 2022. Pour autant, la production d’hydrocarbures en Algérie a atteint près de 170 millions de tonnes équivalent pétrole soit une hausse de plus de 3% par rapport à 2022.
Les principaux destinataires au premier trimestre de 2024 sont la France avec une moyenne de 68,8 mille barils par jour, contre 61,4 mille barils par jour; l’Italie 55,9 mille barils par jour contre 48,8 mille barils par jour pendant la même période en 2023 et l’Espagne, pour le pétrole, ses importations en provenance d’Algérie ayant diminué (45,6 mille barils par jour au cours du premier trimestre de 2024, contre 64,6 mille barils par jour au cours du même trimestre de l’année 2023).
Viennent ensuite des pays avec des quantités relativement faibles: les Pays-Bas (44,5 mille barils par jour, contre 20,3 mille barils par jour pendant la même période de l’année 2023), le Royaume-Uni (6,5 mille barils par jour au cours du premier trimestre de 2024, comparativement à 44,5 mille barils par jour au cours du même trimestre en 2023).
Les autres pays clients de Sonatrach ont importé 233,7 mille barils par jour au cours des trois mois se terminant en mars 2024 dont l’Inde, avec une moyenne de 68 mille barils par jour, la Corée du Sud et le Portugal, avec environ 41 mille barils par jour.
O,4% d’énergies renouvelables
Pour accroître ses exportations, la Sonatrach prévoit d’investir 50 milliards de dollars durant la période 2024-2028, tout en précisant que 71 % de ce montant sera investi dans l’augmentation de la production primaire des hydrocarbures pour la porter à 207 millions de tonnes équivalent pétrole en 2028 contre 190 millions de tonnes en 2023. La consommation intérieure d’énergie primaire se répartit entre 99,6% de combustibles fossiles (pétrole 35%, gaz naturel, 64%, charbon 0,4%) et 0,4% seulement d’énergies renouvelables.
En cas d’absence de découvertes substantielles, un nouveau modèle de consommation énergétique est envisagé, liant l’efficacité énergétique et la production d’Energie renouvelables.
Si une nouvelle politique énergétique n’était pas mise en œuvre concrètement, la consommation intérieure représenterait 80% du total de la production horizon 2030. Ce qui menacerait les capacités d’exportation. La forte consommation intérieure est liée à la politique des subventions des produits énergétiques, non ciblées, et sans véritable remise en cause du gaspillage des ménages. Selon le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE), la consommation des ménages, des administrations, des hôtels et du secteur agricole a représenté 66% de la consommation nationale de gaz naturel, le secteur de l’industrie représentant 33%.
(1) Ces données proviennent d’un conseil des ministres de janvier 2022 d’après l’agence officielle algérienne (APS)
(2)41 % des nouvelles découvertes en 2023 ayant été réalisées dans des eaux très profondes et 30 % dans des zones en eaux profondes.
(3) Ces chiffres sont donnés par le Ministre de l’énergie algérienne tel qu’il a été cité par l’APS en mars 2024