L’affaire des 46 militaires ivoiriens incarcérés à Bamako qui a tenu en haleine diplomates et journalistes pendant tout le deuxième semestre 2022 devrait être soldée par une prochaine libération négociée aux forceps. Sans qu’on ait pu vraiment comprendre les tenants et aboutissants d’une extravagante expédition de militaires ivoiriens au Mali sous couvert d’une hypothétique opérationde l’ONU.
La semaine dernière, les 46 militaires ivoiriens sont passés devant une Cour d’assise spéciale qui les a condamnés à vingt ans de prison pour « attentat et complot contre le gouvernement ; atteinte à la sûreté extérieure de l’État ; détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ». Les trois femmes, qui avaient été libérées en septembre dernier, ont été, elles, condamnées à mort par contumace.
Un verdict très lourd.
Ce procès est intervenu après de multiples négociations diplomatiques par l’entremise du représentant du Togo, le ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, et des tractations directes entre les autorités maliennes et ivoiriennes. Tout a été réglé au millimètre entre les deux parties qui ont même signé un mémorandum. Ce qui signifie qu’Abidjan a accepté les termes lourds de l’ordonnance de renvoi qui stipulent que la Côte d’Ivoire a : « tenté d’attenter à la sûreté intérieure de l’Etat du Mali notamment en ayant de tenté de commettre un attentat ou un complot dans le but de renverser par tous les moyens le gouvernement légal ou de changer la forme républicaine de l’Etat, soit d’inciter les citoyens à s’armer contre l’autorité. »
Cela signifie également que le président ivoirien, Alassane Ouattara, a accepté que les 46 militaires soient reconnus coupables. Il est clair dans ces conditions que sa responsabilité soit aussi engagée.
Un aveu de culpabilité
En contrepartie de cet reconnaissance de culpabilité des responsables ivoiriens, Assimi Goïta, le chef de la junte ivoirienne au pouvoir, se serait engagé à gracier les militaires ivoiriens. Ce 31 décembre, tous les regards étaient tournés vers son discours au palais de Koulouba en attendant les mots du chef de la junte qui sonneraient la dernière phase de cette histoire rocambolesque, dont on ne saura probablement jamais le fin mot. Mais le Président est resté muet au grand dam des Ivoiriens qui attendaient l’épilogue.
Est-ce partie remise? L’annonce devrait être faite dans les jours à venir. La justice malienne doit prendre en compte la décision des autorités ivoiriennes ne pas faire appel de ces condamnations.
Lors de ses vœux, le président Alassane Ouattara s’est d’ailleurs montré confiant en déclarant que les 46 militaires ivoiriens « regagneront bientôt le sol ivoirien.» On le souhaite pour eux et pour l’apaisement que leur retour à Abidjan provoquera dans toute la région, mais le mystère de leur échappée vers Bamako restera entier!