« Le square Port-Saïd » ou le fort Chabrol des anciens du DRS algérien

Le DRS (services algériens) a perdu le pouvoir avec la chute du général Toufik. Mais les généraux gardent la main sur les maffias de la devise qui se retrouvent dans le square Port-Saïd au coeur d'Alger

De nombreux généraux du DRS ont été limogés ou mis à la retraite, mais leurs affaires continuent de prospérer sans connaître le moindre incident. Preuve en est, le square Port-Saïd, le marché parallèle de la devise qui se trouve à deux pas du port d’Alger, n’a guère été bouleversé par le départ du général Toufik, qui fut pendant un quart de siècle le patron du DRS. Les euros, les dollars américains ou canadiens et la Livre Sterling continuent de transiter dans ce square public, au vu et au su de tous, mais sans que personne n’ose s’approcher de ces comptoirs improvisés où valsent les billets de banque.

Au bonheur des généraux

C’est que des quantités considérables de ces devises sont écoulées chaque jour au bonheur des caïds de ce marché et parmi lesquels  le général M’Henna Djebbar, l’ex-patron de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA), l’une des divisions les plus stratégiques du DRS qui a été rattachée à partir de 2013 à l’état-major de l’armée algérienne. Mis à la retraite fin 2011, M’henna Djebbar fut parmi les hommes forts du cercle restreint du général Toufik. Le départ de son mentor ne lui a pas causé beaucoup de tort puisqu’il continue d’employer ces jeunes «cambistes» au square Port-Saïd. Un business florissant qui lui rapporte une centaine de millions d’euros par an. D’autres anciens généraux du DRS comme Abdelkahder Kherfi, alias Ahmed, disposent aussi de leurs équipes de revendeurs de la devise au square Port-Saïd.

Cette bourse parallèle a longtemps été utilisée comme une « caisse noire » où quelques hauts gradés du DRS arrondissaient leurs fin sd emois. Les généraux et hauts gradés des services secrets algériens soutenaient un groupe d’importateurs qui surfacturaient leurs importations. Les montants surfacturés sont réinvestis, par la suite, sur le marché parallèle et proposés à la vente dans une Algérie où les citoyens n’ont le droit qu’à une allocation touristique de l’équivalent de 15000 Da en devises, à savoir 130 euros.  Profitant de ce verrouillage, ces caciques du DRS ont créé cette bourse parallèle depuis les années 90. Et le départ du général Toufik n’a absolument rien changé à ce marché.

La déchéance des caciques du DRS n’est pas aussi cruelle que l’on imagine.