Le parti islamiste du PJD périra-t-il par les armes qu’il a choisi d’utiliser contre ses adversaires ? La question revient avec insistance dans les salons de Rabat ces derniers jours suite à la succession de révélations sur les scandales impliquant des dirigeants islamistes. Ces derniers ont-ils finalement succombé à la tentation vénale tant redoutée et qui a par le passé décrédibilisé les socialistes de l’USFP ? Seraient-ils autant que les autres solubles dans les travers de la pratique gouvernementale ? Si l’on se fie à l’actualité de ces derniers mois, tout laisse croire que les hauts cadres du PJD n’ont pas suivi à la lettre les mises en garde répétées que leur a adressé depuis cinq ans le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane.
La région, tremplin vers l’argent
Ainsi, Lahbib Choubani, l’ancien ministre des relations avec le Parlement et actuel président de la région Daraâ-Tafilalat, à l’est du pays, multiplie les sorties de route scandaleuses. Après avoir défrayé la chronique en filant le parfait amour avec sa collègue au gouvernement Soumia Benkhaldoun avec qui il a convolé en justes noces, il a fait de la présidence de sa région un bastion dans lequel il cumule les bourdes.
Il y a quelques mois, il a choisi de lancer un appel d’offres afin d’équiper les membres du bureau de la région en 4×4 luxueuses de la marque Touareg. Levée de bouclier sur les réseaux sociaux contre le goût de luxe du président d’une région considérée comme la plus démunie du royaume. A peine le souffle du scandale retombé, voilà que l’incorrigible Lahbib Choubani en remet une couche. Il constitue une société de développement et d’investissement agricole qui demande la location de 200 hectares dans la région qu’il dirige. Dernièrement, c’est une facture d’un hôtel qu’il s’est offert avec sa famille qui fait polémique. Des sites d’information ont révélé qu’il aurait fait financer ses vacances avec sa famille aux frais de la région. Entre abus de pouvoir et concussion, il n’y a qu’un fil ténu que certains islamistes n’hésitent apparemment pas à faire craquer.
Sexe et islamisme font-il bon ménage ?
Mais le coup le plus dur est venu du Mouvement de l’Unicité et de la réforme (MUR), matrice intellectuelle et réservoir en dirigeants du PJD. Deux imminents prêcheurs et vice-président du mouvement ont été pris par la police en plein ébat au bord d’une plage au sud de la capitale du royaume. Si les deux tourtereaux ont pu sauver la mise en concluant hâtivement un mariage pour échapper à d’éventuelles poursuites judicaires, l’islamisme politique a lui par contre pris un sacré coup. Pendant une quinzaine de jours, les réseaux sociaux ont multiplié les récits sarcastiques et les commentaires les plus railleurs, tournant en dérision des prédicateurs qui promettaient « Géhenne » -l’enfer musulman- à tous ceux et celles qui porteraient ne serait-ce qu’un œil intéressé sur le sexe opposé. La presse internationale s’est également emparé de l’affaire. Les grands tirages anglais et américains se sont notamment amusés de la mésaventure du couple islamiste volage.
Ces scandales à répétition ont laissé sans voix un chef du gouvernement qui d’habitude tonnait contre les prévaricateurs. Il y a deux ans, il n’avait hésité à jeter aux orties son ministre de la Fonction publique accusé d’avoir acheté une boîte de chocolat pour sa femme qui venait d’accoucher sur le compte du ministère. Viré comme un malpropre, le ministre en question n’arrête pas de se demander en coulisses ce qui est plus grave : être prix le doigt dan le peau de chocolat ou être prix les deux mains le succulent tagine du pouvoir ?