L’armée américaine se tourne vers l’Afrique côtière « démocratique »

Le général Langley salué par la Garde Royale du Maroc, le 29 mai 2024

Le général Michael Langley, patron du commandement américain pour l’Afrique (Africom), a déclaré jeudi que la coopération militaire de son pays allait désormais s’orienter en Afrique de l’Ouest vers les pays côtiers qui partagent avec les Etats-Unis « nos valeurs démocratiques et nos objectifs. »

« Nous sommes en discussion avec la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Bénin », a précisé le général en visite au Kenya, lors d’une visio- conférence de presse consacrée à ses déplacements au Sahel et, plus généralement, à ses récentes rencontres avec les dirigeants africains, de la Somalie à l’Afrique de l’Ouest. « Nous commençons à repenser et à recalibrer notre action. »  

Le général a déclaré que le retrait des forces américaines du Niger s’était déroulé sans incident. Les planificateurs militaires américains réfléchissent avec les responsables du Département d’Etat sur la politique à mener dans la région. La coopération dans le domaine de la sécurité au Sahel est nécessaire, a dit le général. La menace terroriste dans la région persiste et les pays ont besoin d’assistance pour assurer la sécurité et la stabilité pour leurs populations. « Nous allons continuer à échanger avec eux », a indiqué le commandant d’Africom. Ces derniers mois, les Etats-Unis ont dû abandonner leurs deux bases du Niger, y compris l’importante base de drones d’Agadez, et réduire leur présence au Tchad. 

« Toutes nos activités et nos approches centrées sur les partenaires doivent être conduites par les Africains et mises en oeuvre avec l’appui américain », a-t-il insisté, apparemment soucieux de ménager la susceptibilité des armées du continent. « Ces principes guident tous nos engagements de coopération militaire avec l’Afrique sur tout le continent. »

Au-delà du terrorisme et du crime organisé, le changement climatique

Le commandement continuera d’échanger sur les questions de sécurité avec les pays partenaires, y compris dans la lutte contre les organisations extrémistes violentes et le crime transnational. En surplomb de tout cela, a-t-il dit, il y a l’inquiétude du continent sur les effets du changement climatique. Le changement climatique pourrait aggraver les migrations de masse et les tensions ethniques et engendrer des conflits pour l’accès aux ressources. « Nous abordons d’abord toutes ces questions avec nos partenaires africains, et puis j’écoute, j’apprends et nous proposons ensuite un ensemble de solutions concertées », a dit Langley. 

Ces derniers mois, le commandant d’Africom a observé l’exercice African Lion, au Maroc. Il s’est rendu en Algérie, en Tunisie et en Libye. « L’objectif est d’unir les efforts, parce que nous savons que sur la scène globale, il y a d’autres pressions qui s’exercent au Maghreb et la possibilité du réveil d’organisations extrémistes violentes », a-t-il dit. « Chacun de ces pays fait face à des défis de nature différente. J’étais là-bas pour apprendre et pour comprendre leur approche de l’antiterrorisme. »  

En ce qui concerne la Somalie, Langley a rapporté s’être entretenu avec le Président Hassan Sheikh Mohamoud au sujet de sa guerre contre les Shebab. Il a dit sa disponibilité à travailler à l’installation de la coalition parrainée par l’Union africaine pour venir en aide à la Somalie, la nouvelle Mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine (AUSSOM). Il s’est déclaré optimiste sur les capacités de l’armée somalienne à libérer les zones tenues par les Shebab. 

Il a relevé l’influence de la Russie et de la Chine sur le continent, accusant la Russie d’avoir déstabilisé « du Sahel à la République centrafricaine ». Il a affirmé que les efforts des Etats-Unis pour harmoniser leur approche avec certains de ces pays avaient été « déformés à travers de la désinformation sur ce qu’Africom essayait de faire ». La désinformation a attisé l’instabilité dans la société civile et dans certains milieux militaires », a-t-il estimé.