L’Egypte s’adonne à un jeu dangereux en Tunisie où les services égyptiens ont multiplié, ces derniers mois, les contacts avec les officiers militaires et les membres de l’État-Major tunisien. Sans parler de l’aide apportée par le Caire au coup de force du président Kaïs Saied en juillet 2021
Les contacts entre le maréchal Sissi et le président Kais Saied ont abouti à plusieurs projets de coopération qui renforcent de jour en jour l’influence égyptienne sur les décideurs militaires et politiques tunisiens. Cette influence égyptienne en Tunisie alimente fortement les craintes du pouvoir algérien qui voit d’un très mauvais œil le rapprochement incessant entre le Caire et les officiers les plus influents de l’armée tunisienne. Le général Habib Dhif, qui vient d’être promu général de corps d’armée et qui pourrait être nommé chef d’état major, est un de ces hauts gradés qui cultivent de bonnes relations avec les égyptiens et avec leurs alliés émiratis.
Un rapport approfondi, révèlent nos confrères du site marocain « Maghreb Intelligence », a été établi par les services secrets algériens concernant les nouveaux enjeux des relations tuniso-égyptiennes. Dans ce document remis récemment au cabinet du président algérien Abdelmadjid Tebboune, les services algériens tirent la sonnette d’alarme et mettent en garde contre les conséquences des actions du lobby égyptien au sein des institutions de la Tunisie voisine. La menace directe qui effraie l’Algérie serait un Coup d’Etat qui pourrait être orchestré par des militaires tunisiens parrainés par le Caire pour s’emparer du pouvoir et mettre fin à l’anarchie dans laquelle se trouve actuellement le pays.
Les inquiétudes d’Alger
L’Algérie qui a toujours considéré la Tunisie comme une quasi « wilaya » appartenant à son pré carré craint l’avènement d’un pouvoir militaire tunisien s’inspirant du modèle du maréchal Sissi. Le pouvoir algérien soupçonne fortement le Caire d’œuvrer activement pour un tel scénario afin d’instaurer un nouveau pouvoir qui serait inféodé ensuite aux intérêts égyptiens dans la région.D’autant plus que le Caire avec l’appui d’Abu Dhabi et de Riyad s’activent depuis des années pour imposer la mainmise du maréchal Haftar en Libye, alors que l’Algérie penche d’avantage du coté des forces politiques et des milices de la région de Tripoli.
Depuis mai 2021, la Tunisie et l’Egypte ont signé pas moins de di-ouze accords et mémorandums d’entente permettant aux égyptiens de renforcer leur présence en Tunisie. A Alger, Abdelmadjid Tebboune et ses principaux collaborateurs travaillent sur un nouveau plan d’action pour riposter à l’avancée égyptienne.Alger ne manque pas d’atouts, premier fournisseur de gaz à la Tunisie, signataire d’un accord de Défense et dépositaire auprès de la Banque centrale de Tunisie de deux milliards de dollars de liquidités;
Tunisie, des interrogations inquiètes sur le rôle à venir de l’armée