Une délégation du Front Patriotique pour la Libération (FPL), le groupe armé toubou à l’origine du sabotage d’un oléoduc en juin, a rencontré à Tinzawaten, près de la frontière du Mali et de l’Algérie, des responsables de la coalition touareg malienne en guerre contre l’armée nationale.
La photographie ci-dessus, diffusée par le FPL, montre la délégation nigérienne en compagnie de Alghabass Ag Intallah, l’un des principaux leaders du Cadre stratégique pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-DPA), à gauche.
Dans son communiqué, le FPL dit avoir ainsi voulu « manifester son soutien moral » et engager la discussion sur « un pacte d’assistance mutuelle en cas d’agression des Etats de l’Alliance des Etats du Sahel ».
Cette alliance réunit un groupe composé d’éleveurs toubou vivant aux frontières orientales du Niger et des groupes touareg agissant à partir du nord du Mali. Toubous et Touaregs vivent à un millier de kilomètres les uns des autres. Mais les éléments de langage copient ceux des gouvernements militaires du Niger et du Mali, eux-mêmes engagés dans une alliance défensive commune contre les groupes djihadistes.
L’ombre de Rhissa Ag Boula
Ce rapprochement répond-il à un objectif de communication? Quel rôle a joué dans cette initiative le Touareg Rhissa Ag Boula, l’ancien ministre chargé de la sécurité du Président renversé Mohamed Bazoum? Rhissa Ag Boula a lui-même déclaré la guerre à la junte de Niamey et il est allié du FPL dirigé par Mahmoud Sallah. En décembre 2023, Rhissa Ag Boula avait envoyé un petit groupe de combattants à Kidal pour appuyer ses frères en butte à une offensive décisive de l’armée malienne. Rhissa Ag Boula croit-il en un front commun touareg et toubou, comme celui qu’il a connu dans les années 1990 lorsqu’il commandait l’un des groupes armés du Niger?
Ou bien, s’agit-il, de la part du FPL, d’une tentative pour tenter de capter une partie des appuis occidentaux du CSP? Il y a un mois, une cinglante défaite a été infligée par les rebelles à une colonne de l’armée malienne et de ses alliés russes à Tinzawaten, lors d’une bataille dans laquelle Kiev dit avoir joué un rôle. Selon plusieurs sources, les autorités ukrainiennes auraient formé le CSP sur l’usage des drones kamikazes, en Ukraine et dans le nord-ouest du Mali. Du matériel aurait également été acheminé sur place.