L’interpellation d’Alexandre Djhouri à Londres le 7 janvier, libéré sous caution le 10 janvier, s’explique notamment par le refus des autorités algériennes de faciliter une possible cavale du flamboyant intermédiaire français
Alexandre Ahmed Djouhri, le flamboyant intermédiaire français aussi proche de Dominique de Villepin que de Nicolas Sarkozy ou de Jacques Chirac, a finalement été interpellé à l’aéroport de Heathrow le 7 janvier et pourrait être extradé en France où la justice l’a convoqué, mais sans succès, dans le dossier d’un possible financement libyen de Nicolas Sarkozy. Comment lui qui n’est pas un perdreau de l’année a-t-il pu être aussi imprudent en se déplaçant ainsi à Londres? « En fait, confie un de ses proches, Alex qui séjournait en Algérie une bonne partie de son temps avait hérité d’un passeport diplomatique. A ce titre, il pensait être intouchable ».
Privation de passeport
Hélas pour lui, les Algériens ont promptement lâché Alex depuis qu’il est apparu à la réception donnée par le président français, Emmanuel Macron, à l’ambassade de France en Algérie, comme l’avait révélé « le Canard Enchainé ». Sitôt la présence de Djouhri connue à Londres, l’Algérie en effet a promptement dépêché un émissaire en Angleterre. L’objectif était de faire savoir aux autorités anglaises que l’intermédiaire, qui résidait souvent en Algérie ces derniers mois et y était fort bien reçu, ne bénéficiait plus de la protection diplomatique algérienne.
Pourquoi un tel lâchage qui ne ressemble pas à l’attitudes traditionnelle de l’Algérie vis à vis de ses hôtes, fussent-ils dans le collimateur d’intérêts étrangers ou accusés des pires turpitudes? La colère du chef de l’Etat français, Emmanuel Macron furieux de se retrouver à Alger en compagnie d’un proche de Sarkozy, qui plus est recherché par la justice française, n’explique qu’en partie la décision d’Alger de lâcher le franco algérien.
Une grossière erreur d’appréciation
La vraie raison est sans doute ailleurs. Peu après le voyage de Macron en Algérie, Alexandre Djouri commit l’impudence de rencontrer publiquement le chef de l’ancien DRS (services algériens), le tout puissant général Toufik, honni désormais autant par l’institution militaire que par la Présidence algérienne qui craignent ses interventions dans le processus de succession du président Bouteflika. Le repas entre les deux hommes eut lieu au restaurant « le Moulin », un restaurant qui se trouve à Cherroghas dans la grande banlieue d’Alger. Djouhri, reçu en haut lieu à Alger et au mieux avec les différents clans au pouvoir, se crut intouchable.
Cette grossière erreur d’appréciation lui vaut aujourd’hui de connaitre un douloureux parcours judiciaire entre Paris et Londres dont il se serait volontiers passé, même si le dossier d’accusation ne semble pas aujourd’hui très nourri. Du moins au vu des informations dont dispose la presse.